Le mot de l'éditeur
Louise a existé. Sous un autre prénom, dans une autre ville.
Peut-être l'avez-vous croisée un jour lors de vos courses, peut-être était-elle en train d'attendre derrière vous chez le boulanger ou s'était-elle assise discrètement à vos côtés lors d'un trajet en train que vous avez passé à dormir. Peut-être était-ce votre voisine ou la petite brune frêle et discrète d'un peu plus loin, dans la rue d'à côté. Louise existe toujours. C'est cette femme qui sourit au monde alors que le sien est détruit. C'est celle qui a peur, c'est aussi celle qui espère. Ce livre est fait de chapitres courts, comme une urgence de vivre. Ils respectent la chronologie de la vie de Louise. Dans ce récit, vous trouverez tout ce qu'on peut faire par amour... ou par désamour. Comme tout ce qu'on peut ne pas faire pour absolument les mêmes raisons.
Ce livre n'a pas de fin, parce que Louise est éternelle et intemporelle. Elle est partout et nulle part à la fois. Chacun reste libre d'interpréter les dernières lignes comme il l'entend : car la liberté est un cadeau que tous n'ont pas reçu.
Le véritable bonheur grandit dans le silence d'un regard. Le malheur aussi.
On n'échappe jamais à soi-même.
Dans ces soubresauts incontrôlés et les larmes qui lui montent aux yeux se trouve la question que Louise n'osera pas lui poser. Alors René répond à cette interrogation muette en dénonçant un fils à l'image de sa mère, bien trop discrète et craintive. Louise lui a légué pour héritage un caractère lâche te peureux. Elle s'effondre en larmes.
« Tu as raison, mon fils chéri. Fais ce qui te rend heureux, si tu le peux » Ce à quoi Michel avait répondu qu’il le pouvait uniquement parce qu’il le voulait. »
Aimer a été son crime. Un crime dont on n'est jamais coupable mais seulement complice. Peut-être même un crime dont on n'est que victime.
"𝘼𝙞𝙢𝙚𝙧 𝙖 é𝙩é 𝙨𝙤𝙣 𝙘𝙧𝙞𝙢𝙚. 𝙐𝙣 𝙘𝙧𝙞𝙢𝙚 𝙙𝙤𝙣𝙩 𝙤𝙣 𝙣'𝙚𝙨𝙩 𝙟𝙖𝙢𝙖𝙞𝙨 𝙘𝙤𝙪𝙥𝙖𝙗𝙡𝙚 𝙢𝙖𝙞𝙨 𝙨𝙚𝙪𝙡𝙚𝙢𝙚𝙣𝙩 𝙘𝙤𝙢𝙥𝙡𝙞𝙘𝙚. 𝙋𝙚𝙪𝙩-ê𝙩𝙧𝙚 𝙢ê𝙢𝙚 𝙪𝙣 𝙘𝙧𝙞𝙢𝙚 𝙙𝙤𝙣𝙩 𝙤𝙣 𝙣'𝙚𝙨𝙩 𝙦𝙪𝙚 𝙫𝙞𝙘𝙩𝙞𝙢𝙚."
Dans sa maison, ses sourires francs, il ne les offre plus qu'à ses enfants. Les baisers langoureux des débuts - qu'ils lui paraissent si lointains ! - sont devenus bisous discrets, sans caractère ni conviction, déposés furtivement sur sa joue. Ils laissent sur le visage de Louise une empreinte désagréable, emplie de courtoisie conjugale.
Epicure avait tout compris, lui qui définissait le plaisir comme une absence de douleur. Si je partage sa définition, il reste que la perversion des humains a fait que parfois le plaisir, pour certains, n'est atteint qu'avec la douleur.
Avant de vous quitter, je vous livre le secret qui m'a tant pesé : Le véritable bonheur grandit dans le silence d'un regard. Le malheur aussi. Et il finit par nous enterrer, sans bruit. Je vous l'écris parce que je n'ai pas su le crier.