Tout ne doit pas toujours être un combat.
L'herbe est douce, le vent souffle sur la plage. Des oiseaux à longues pattes marchent dans l'eau. Un peu plus loin, un gros rocher en calcaire évoque la forme d'un visage, érodé par les vagues.
Tout peut changer en un instant dans la vie.
- C’est un vrai cauchemar, marmonne-t-elle, sous le regard perçant de Fabian.
- Comme dans la plupart des cauchemars, il y a sûrement un monstre, lui dit-il d’une voix douce. Et il fera son apparition, tôt ou tard, tu verras.
Je pense que le diable se cache dans les détails.
Eir se retourne pour contempler à nouveau le tableau. les faunes ont des jmabes de chèvre. Elles sont poilues et musclées. L'horizon derrière eux semble briller d'une lumière jaune, métallique et sulfureuse. C'est la même lumière que celle du tableau avec les enfants masqués : elle est brûlante, énivrante et pénétrante.
Eir essaie de comprendre ce qu'on a vraiment voulu figurer. Ce n'est pas comme si les personnages étaient éclairés par cette lumière jaune, ça donne plutôt l'impression qu'ils se dissolvent dedans. Les oeuvres d'Ava Dorn ne représentent pas vraiment les enfants sous les personnages à moitié humains qu'elles mettent en scène, mais plutôt cette lumière menaçante en arrière-plan.
- Qu'est-ce qui se passe ? demande Bernard. On dirait que tu as vu le diable.
L'endroit a quelque chose de sauvage et de désolé; il est d'une beauté presque douloureuse.
Arrivée devant la porte de la salle d’interrogatoire, Sanna envoie un SMS à Eir pour lui demander où elle est. Elle ajoute qu’elle va commencer sans elle.
Elle ouvre ensuite la porte. Il y a quelque chose chez Ava Dorn qui lui fait peur. Et la théorie du Chêne n’aide pas. Elle a l’impression que ses pensées sont devenues chaotiques et qu’elle ne peut même plus se fier à son intuition. Elle pense à Mia.
En traversant le couloir, Eir appelle Jon, pour lui demander s'il a contacté le club de chasse. Ça n'a rien donné.
Lorsqu'elle entre dans la salle d'enquête, elle y trouve une femme penchée sur la grande table. Elle est en train de classer les notes, les listes d'appels, les photos des scènes de crime et des autopsies en piles parfaitement organisées.
- Toi et moi, on sait très bien que la violence est monnaie courante sur cette île, répond Sanna sans lâcher le regard du Chêne [son supérieur]. On fait face aux conséquences du déchirement du tissu social de notre île tous les jours. On accueille les exclus les bras ouverts. On patauge dans la boue depuis que des hommes politiques incompétents ont fait leurs petites expériences chez nous. On rattrape ceux qui dégringolent à droite et ceux qui perdent pied à gauche. Mais cette fois-ci, c'est différent. On a affaire à quelqu'un qui ne voit pas le monde à travers le même prisme déformé que nous…