Marc Wiltz présente Il pleut des mains sur le Congo
Ami, vous souvient-il ? Quand nous quittions Avranches,
Un beau soleil couchant rayonnait dans les branches.
Notre roue en passant froissait les buissons verts.
Nous regardions tous trois les cieux, les champs, les mers,
Et l'extase un moment fit nos bouches muettes,
Car elle, vous et moi, nous étions trois poètes...
Et sur la mer qui reflète
L'aube au sourire d'émail
La bruyère violette
Met au vieux mont un camail,
Afin qu'il puisse, à l'abîme,
Qu'il contient et qu'il bénit,
Dire sa messe sublime
Sous sa mitre de granit.
Amis, c'est donc Rouen, la ville aux vieilles rues,
Aux vieilles tours, débris des races disparues,
La ville aux cent clochers carillonnant dans l'air,
Le Rouen des châteaux, des hôtels, des bastilles,
Dont le front hérissé de flèches et d'aiguilles
Déchire incessamment les brumes de la mer ;
C'est Rouen qui vous a ! Rouen qui vous enlève !
Je ne m'en plaindrai pas. J'ai souvent fait ce rêve
D'aller voir Saint-Ouen à moitié démoli,
Et tout m'a retenu, la famille, l'étude,
Mille soins, et surtout la vague inquiétude
Qui fait que l'homme craint son désir accompli.
Seul et triste au milieu des chants des matelots,
Le soir, sous la falaise, à cette heure où les flots,
S'ouvrant et fermant comme autant de narines,
Mêlent au vent des cieux mille haleines marines,
Où l'on entend dans l'air d'ineffables échos
Qui viennent de la terre ou qui viennent des eaux,
Ainsi, je songe à vous, enfants, maison, famille,
À la table qui rit, au foyer qui pétille,
À tous les soins pieux que répandent sur vous
Votre mère si tendre et votre aïeul si doux...
"Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai! Il faut dire ouvertement qu'en effet les races supérieures ont un droit vis à vis des races inférieures.[...] il y a pour les races supérieures un droit, parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont un devoir de civiliser les races inférieures.[...] Je soutiens que les nations européennes s'acquittent avec largeur, grandeur et honnêteté de ce devoir supérieur de la civilisation." Jules Ferry à la chambre des députés le 28 juillet 1885.
NB: dépité, je suis
Certains verront peut-être ici une collection effrénée de "références" ou une tendance affreuse au name-dropping. Peut-être, et au fond tant mieux. Mais il ne s'agit pas de cela. Ce livre est un simple exercice d'admiration, et un coup de chapeau à quelques-unes des figures qui m'ont donné le goût du voyage, le goût de la curiosité et du respect pour ceux qui me sont différents et qu'il convient de considérer pour eux-mêmes, avec leurs convictions, car même si parfois elles sont divergentes de celles auxquelles je suis sensible, la compréhension de leur réalité m'enrichit.
Lire pour découvrir les mondes passés ou pour imaginer les perspectives de demain. Lire pour être en phase avec son époque. Lire pour aimer la vie avec intensité, un engagement exactement contraire aux propos des grincheux qui parlent sans savoir de "perte de temps".
Au moment de mourir à son tour, au début de cette année 2016, Virginie ne pouvait plus garder pour elle seule ce secret de famille si lourd pour ses frêles épaules. L'histoire devait passer à d'autres. À lui d'abord, mais elle n'en avait jamais eu le courage.