Dans le Hollywood des années 30 et 40, les stars ne naissaient pas: elles étaient fabriquées en grande série. Cette gigantesque machine qui ingurgitait des légions de braves paysannes pour les transformer en vamps au sang chaud et en filles bourrées de sex-appeal, donnait à chacune une formation qu'on ne peut qu'appeler implacable.
Toutes n'y survécurent pas. Elles devaient avoir suffisamment de résistance vitale pour atteindre le pinacle et y rester, ou du moins, pour supporter l'initiation. Certes, il y a une différence entre la fraîche effervescence de Debbie Reynolds et le sex-appeal vaporeux de Rita Hayworth, entre la grâce un peu lourde de Lana Turner et l'ingénuité de Jeanne Crain, mais ce qu'elles avaient en commun, c'était une forte détermination qui leur donnait un avantage énorme sur des centaines de jolies gamines tout aussi bien "lancées", quoique souvent un peu moins douées.
La fréquentation des écoles de Hollywood se traduisait souvent par une complète métamorphose: la néophyte passait par des écoles de maquillage, elle apprenait à s'exprimer, à s'habiller, et prenait des leçons de maintien. Mais le plus important, c'était sa publicité. Les agents de presse des studios se devaient de l'envoyer au bon moment dans la bonne boîte de nuit et essayaient qu'on parle d'elle dans les articles d'Hedda Hooper, Louella Parsons et Sydney Skolsky. Elle était photographiée dans le poses les plus inimaginables, et les photos étaient envoyées à toutes les publications tant soit peu importantes.
Les studios - et les éditeurs - avaient des sujets en béton et une clientèle assurée, chaque fois qu'Hollywood choisissait comme intrigue un texte déjà très popularisé : il pouvait s'agir aussi bien des grands classiques de la littérature, que de livres qui venaient à peine de faire des records de vente.
Assurés d'un grand succès, les producteurs augmentèrent encore leurs chances avec des productions somptueuses et une interprétation confiée à des vedettes de premier ordre. Ces ingrédients visuels rendaient ces films beaucoup plus intéressants que le tout-venant pour les pages de LIFE, ce qui n'a pas empêché ce dernier de dire d'un navet qui avait coûté des millions de dollars, exactement ce qu'il était.