Laurence Devillairs vous présente son ouvrage "
La splendeur du monde : aller à la rencontre de la beauté" aux éditions Stock.
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La mer n'est pas un paysage. C'est une apparition.
Il faudrait ainsi qu'on ait la force de convertir nos regrets en actes, nos remords en affirmations : ce que j'ai fait, je l'ai fait. Même si j'y ai laissé des plumes et des illusions, c'est le chemin que j'ai pris. Je fais de ce moment de ma vie, de ce virage et de mes erreurs, mon parcours.
C'est une page de ma vie, pas un raté ; c'est une étape que j'ai vécue, pas une absurdité. Il ne s'agit pas de s'aveugler ou de se chercher de fausses excuses, mais d'inclure les manqués dans le scénario, de les intégrer au récit : oui, cela aussi, je l'ai fait. Je n'aurais peut-être pas dû, mais ce fut quand même mon voyage. Non pas la somme de mes remords, un poids mort de regrets, mais un cap que j'ai bel et bien pris. Aller aux vents mais confiants.
p. 19
La belle vie n'est pas le divertissement, qui consiste le plus souvent à tromper une angoisse, celle de ne pas réussir à faire quelque chose de sa vie et de se retrouver sans ordre du jour ni agenda. Mais quel risque encourt-on à ne rien faire? Le pire de tous: se retrouver face à soi. De quoi fait-on alors l'expérience? Non pas de ce doux sentiment d'exister dont parle Rousseau, mais du vide, qui est le fond de toute existence, et que l'on passe son temps à combler au moyen de toutes sortes d'occupations.
"Au bonheur des philosophes", Magazine Sciences Humaines n°302, 04/2018
On veut détruire ce qui nous détruit, rendre le mal pour le mal, mais l'offense est faite, rien ne l'effacera. Qu'elle soit froide où brûlante, la vengeance ne peut que laisser sur sa faim.
En un mot, la mer, c'est la vie. Et plus encore : le sens de la vie.
On mène trop souvent une vie casanière, où l'on s'interdit plus qu'on espère. On ne voit jamais assez grand pour soi, jamais assez large. On manque d'audace. C'est ce que nous souffle la trépidante vie maritime, celle des matelots, des navigateurs, des moussaillons, des fiancées de l'Atlantique, des marins. S'ils ont parcouru les mers, c'est sans fanfaronner ni se vanter, simplement parce que pour eux, la vraie vie était là, loin des côtes. Une vie à la proue, sans adresse ni attache.
Le temps de la mer, quand on prends le pouls de ses mouvements depuis le rivage, c'est celui de l'infini recommencement.
Continuer sur sa lancée n'est pas la panacée. C'est, en réalité, le meilleur moyen... de ne plus avancer du tout.
Qu'elle soit froide ou brûlante, la vengeance ne peut que laisser sur sa faim.
La plupart du temps nous ne pensons pas par nous-même mais par les autres (...) impacter, solutionner, prioriser, débriefer, ressenti, vécu. Pour lutter contre cette nourriture industrielle, il faut cultiver la curiosité qui consiste à refuser les automatismes de pensée et à privilégier ce qui déconcerte.