— Florien, je sais apaiser mes colères d’un battement d’ailes, je peux prendre la forme que je veux, me grandir tel un titan ou me rétrécir à l’état de flocon, je peux braver les forces de la Nature et refroidir mon corps pour pénétrer le centre de la Terre, j’ai un métabolisme imperméable au temps et à l’éther… et tu me dis que je ne peux pas refouler un simple sentiment ?
— Mais l’Amour n’est pas qu’un simple sentiment. Et tu le sais, Carmin.
— Bon, alors, je fais quoi, moi ? Comment je me débarrasse de ça, hein ? Tu ne peux pas me préparer une petite potion pour éradiquer cette saloperie ? Une transmutation émotionnelle ou je ne sais quoi ? Je suis prêt à passer moi-même dans tes alambics s’il le faut ! Et même à reboire de ton huile de myrobolan !
Il rit. Ce vieux sénile se fout-il de moi ?
— Mais enfin, Carmin, même la plus minutieuse de mes mixtures n’y viendrait pas à bout. Parle-moi du Grand Œuvre, de la Pierre Philosophale, des éléments ! L’Amour, c’est autre chose ! Il est plus facile de changer le plomb en or que de combattre l’Amour.
– c’est pourtant ce que nous faisons tous, Adaohn (l’âtman d’Anatole), non ? Se servir les uns des autres ?
C’était exactement ce que j’avais dit à la femme de mes rêves lors de ma Prénaiss à Berlin.
Comme je restais sans voix, Anastasia m’a attrapé les joues et m’a attiré à elle pour m’embrasser.
Laissant l’archéologue et le pranium à leur première rencontre, Camilo récupéra les papiers qu’il avait posés sur une table. Il les avait retrouvé dans la poche d’Ernestine, un mois plus tôt.
Il déplia les lettres et tira Özdemir de sa fascination :
-Voici le courrier que Franziska Apfel a envoyé à une sélection de femmes et d’hommes, dont votre père.
-Ces mêmes individus qui composent la fameuse liste de noms qu’Ernestine Barron vous aurait remise ?
-Oui, c’est cela : une liste qu’Apfel m’a personnellement dictée.
Ismaël Özdemir regarde Camilo droit dans les yeux pour mesurer la démence de ses paroles. Puis il se saisit des…
Dans sa conscience, le pranium est un organisme intelligent qui va bien au-delà du végétal. Il détient en lui, en sa conscience, une réalité parallèle à celle que nous connaissons. Un monde peuplé de créatures et de civilisations fantastiques.
Nous sommes surtout entre les barbelés d’un immoral centre d’expérimentations humaines. Et ce soir, je m’évade un peu en écrivant ces lignes en violation du règlement.