Une nuit d'hiver, dans un coin de province, le plus loin possible du regard de "l'autre", le démon rappelle à la vie quelques morts d'un cimetière de campagne. Il prétend les rendre, s'ils le veulent, à la condition des vivants qu'ils furent. Effectivement, chacun retrouve son existence, oublie la mort, se comporte comme avant et tâche de renouer avec son passé.
Or, le démon, le faussaire a trompé chacun. Ces vivants provisoires, ils sont sans le savoir diversement marqués. En eux, dans un innommable compromis, la mort et la vie coexistent. C'est ce que, dans de dramatiques confrontations, les vrais vivants ont à découvrir.
Rien ne se voudrait moins gratuit que cette histoire. Elle s'attache, en chaque détail, à la réalité la plus concrète, celle des êtres, du pays, de la saison, de l'heure. La mort incarnée, présente, est mêlée au réel quotidien. Elle altère ou détruit les rapports humains, elle rend vain jusqu'au désespoir.
Le cas étrange et surréel de la dernière victime, illustre particulièrement le drame de l'âme humaine, condamnée à ne pas mourir.
"Le faussaire" est donc un roman de révolte contre la condition humaine, telle que nous la subissons et telle que tentent de la justifier les religions et les croyances régnantes.
De là sa violence, sa cruauté parfois insoutenable, son rythme de colère, son désespoir. Mais aussi, dans un envers inséparable, son amour des hommes, son humble soumission aux choses naturelles qui contiennent tout.
(quatrième de couverture - Édition parue à la NRF en 1964)
Mathilde et son mari ont été laissés par la guerre et l'exode dans un village au cœur de la campagne limousine. Ils y restent à la fois séduits et enlisés.
Un autre "replié", Ludovic, vit non loin d'eux, et comme eux il se perd dans cette solitude terrienne qui ramène sans cesse l'âme à son angoisse.
Épris d'une jeune paysanne inaccessible, Ludovic tente inconsciemment de "transporter l'amour vrai dans l'amour faux".
Il cède à l'attirance sensuelle de Mathilde. Celle-ci aime son mari. Pourtant, elle s'abandonne, poussée par une inquiétude sensuelle qu'exaspère le sentiment de la mort partout présente ici, dans la luxuriance de l'été comme dans la stérilité de l'hiver.
L'impitoyable vérité de la nature contraint les amants a reconnaître leur mensonge.
Cela n'est que l'enveloppe du drame. Son contenu - inexprimable, et que Jean Blanzat oblige pourtant d'affleurer en tissant autour des personnages et des paysages une espèce d'incantation - c'est l'horreur dont souffre la créature passagère confrontée à la vie de la nature et consciente d'en être exclue.
Cette durée, cette autre vie qui emporte la nôtre en lui restant indifférente, une rivière -réelle - les personnifie : "La Gartempe" où tout se reflète et se mesure à l'éternité.
(quatrième de couverture de l'édition parue à la "Nrf" en 1957)