Grand entretien entre James SUZMAN et Olivier PASCAL-MOUSSELLARD
Pourquoi travaillons-nous ? Et depuis quand ? Et dans quel but ? Avec James Suzman, remontons l'histoire de l'espèce humaine à travers le prisme du travail pour mieux comprendre le rôle qu'il a joué
et mieux le repenser : si l'humanité a toujours « bossé », en effet, l'obsession de la productivité est une affaire moderne dont on commence seulement à mesurer les effets dévastateurs.
Cela fait quelques décennies que nous avons franchi les seuils de productivité et de croissance du capital qui, selon les calculs de Keynes, nous permettraient d’y être, mais la plupart d’entre nous travaillons encore aussi dur que nos grands-parents et les gouvernements restent toujours aussi obsédés par la croissance et la création d’emplois.
L’amour de l’argent pour l’argent apparaîtra pour ce qu’il est : un penchant morbide et assez répugnant qu’on laisse en frissonnant aux spécialités des maladies mentales.
Smith était bien conscient que la plupart des gens avaient le sentiment d'un lien organique entre le travail et la valeur. Mais il nota aussi que lorsqu'il s'agissait d'acheter et de vendre des choses, la valeur était fixée par le prix que les gens étaient prêts à payer plutôt que par la valeur que le fabricant accordait à ses marchandises. Ainsi, selon lui, la "valeur travail" d'un arc ou de toute autre chose était établie non par la quantité de travail nécessaire à sa fabrication, mais par la quantité de travail que l'acheteur était prêt à fournir pour l'acquérir.
Les entreprises réussissent parce qu’elles sont collaboratives et la surévaluation des individus est susceptible de créer une culture d’entreprise corrosive.
La première révolution industrielle s’est échappée en fumée des cheminées d’usine noircies par la suie des machines à vapeur alimentées au charbon. La seconde a jailli des prises électriques. La troisième a pris la forme de la puce électronique. Nous sommes aujourd’hui au cœur de la quatrième révolution industrielle, issue de l’union d’une foule de nouvelles technologies digitales, biologiques et physiques…
« Nous sommes atteints d’un mal nouveau dont certains lecteurs ignorent encore peut-être le nom, mais dont ils entendront parler dans les années qui viennent: le chômage technologique », déclarait John Maynard Keynes en décrivant son utopie post-travail.