C’est une lettre singulière, improbable qui va changer l’ordre précaire de la vie d’une femme aventureuse marquée par un épisode amer du passé.
Que s’est-il passé quinze ans plus tôt dans les méandres des rivières de la haute mangrove en Colombie ?
Célia, femme solitaire à l’enfance dramatique, laisse la mer et les bateaux qui la passionnent pour une étrange mission à San Francisco. Ce qu’elle avait tenté de refouler au fond de sa mémoire refait surface d’une façon invraisemblable. C’est accompagnée du souvenir d’une vieille chamane, du regard doré d’un grand félin et de la touffeur fertile de la forêt équatoriale qu’elle renoue avec un épisode tragique de son passé qui la lie définitivement à l’homme qu’elle voulait oublier, à celui qu’elle aurait dû aimer et à la promesse faite aux esprits de ce cocon vert qui l’avait si bien protégée.
Mais quelques soient nos motivations, nos rêves,
nos projets, nos moyens, nos bateaux, nous sommes
égaux quand l’océan se referme sur nous et que pour
tout horizon, nous avons la courbe pure de notre
bonne vieille terre.
C’est la dernière frontière, où plutôt, la non
frontière qui dans son cœur est bien menacée. Dans
mes moments pessimistes, j’ai conscience de profiter
de ses ultimes instants, car dans peu de décennies,
notre grande patrie liquide pourrait être
irrémédiablement moribonde.
"Il y a trois sortes d'hommes : les vivants, les morts et ceux qui vont sur la mer" a dit Aristote.
Mais n'oublions pas les femmes !
Sa terreur, que la nuit amplifiait, la convainquit
presque qu’elle n’était pas à la hauteur, qu’elle
devrait sans doute se contenter de rester une parfaite
équipière sur le bateau des autres. Épuisée, elle
sombra dans un pessimisme redoutable qui lui fit
imaginer le moindre frissonnement de l’eau comme le
préavis d’une tempête
Un grand vent du large, de l'espoir, de l'aventure, de l'écume et des embruns, des émotions : l'océan au féminin. Nul besoin d'être un passionné de la mer et de l'aventure pour venir voguer sur mes pages....
Je sens toute sa force mais aussi sa vulnérabilité et me demande si elle m'a choisie comme juge, car ce que je viens d'entendre est incontestablement la vérité, sans concessions, sans excuses. Pourtant je devine que ce n'est pas à moi, l'étrangère, qu'elle se confie, elle semble parler à son âme, à sa mère peut-être ?
Il n’avait pas fallu plus de cinq minutes avant que les femmes ne s’installent sur des nattes et commencent en riant la préparation du repas. De petits épis de maïs colorés étaient habilement égrenés, pilés, malaxés en une pâte rustique mélangée à du fromage frais avant d’être jetée en petite boules dans la friture.
Entre gorgées de liquide sirupeux, massages énergétiques ou doux appliqués en fonction des endroits sollicités, elle émergeait d’un état languissant qu’elle regrettait aussitôt d’avoir quitté. Car elle souffrait dans son corps mais aussi dans son âme. Elle était en vie certes, mais où ?
Avant de te rencontrer, Poema et Mateia ont passé un été à s'aimer. J'étais alors fiancée à Mateia. Ce n'était, d'après elle, qu'une amourette. Mais ma soeur est belle, et plus encore: je sais qu'il ne l'a pas oubliée. Et Poema le sait aussi...