L’idéalisation du nu masculin se manifeste aussi par une caractéristique qui frappe immanquablement l’observateur moderne : la miniaturisation du pénis. Des athlètes au corps vigoureux exhibent, dans les peintures sur vases surtout, un membre excessivement minuscule, ne souffrant à l’évidence en rien des complexes qui tourmentent aujourd’hui les mâles des pays occidentaux. De fait, un petit pénis semble avoir été pour les anciens Grecs un trait désirable. Dans « Les Nuées » d’Aristophane, le Raisonnement Juste assure que, par une conduite appropriée, on conservera entre autres « la verge petite », tandis que, dans le cas contraire, elle s’allongera. La céramique attique fait visiblement du long pénis l’apanage de gens de peu : des hommes contraints à de pénibles travaux manuels (et donc des esclaves ou des artisans parmi les moins respectables), ou bien des individus tenus pour difformes : nains, bossus, pygmées, vieillards.
Efforçons-nous donc de nous imprégner de l’idée qu’à des oreilles grecques, l’activité que nous nommons aujourd’hui « sport » d’après un terme anglais sonnait au sens propre comme « dénudation ». Et c’est bien ainsi que l’entendaient les Romains, qui avaient appris des Grecs cette pratique en même temps que les mots qui allaient avec, à commencer par gymnasium et gymnastica. Peut-être sommes-nous désormais en mesure de mieux comprendre l’aversion des Romains pour la pratique sportive, et pourquoi ils allaient jusqu’à considérer que l’excès de « gymnases » avait affaibli les mœurs des Grecs. Car pour faire du sport, pour s’exercer au gymnase, il fallait se montrer nu en public, chose qui déplaisait souverainement aux Romains.
Si la Galerie des Offices peut être considérée à bon droit comme "le musée par excellence", ce n'est toutefois pas seulement à cause de ses splendides salles et de ses chefs-d'œuvres : ce sont les origines de ses collections, son histoire de plus de quatre siècles, qui sont uniques, parce qu'elles s'entremêlent avec les vicissitudes de l'histoire de Florence. Le couple "Florence-Offices" s'explique surtout par le penchant inné pour le collectionnisme de ses gouvernants, les Médicis en tête : seigneurs de Florence pendant trois siècles, mais aussi amateurs d'antiquités et mécènes dès l'époque de Cosme l'Ancien (1389-1464), qui a été le protecteur d'artistes comme le transgressif Filippo Lippi.
Epitaphe de Filippo Lippi: Moi, Filippo, je me trouve ici en raison de la célébrité de ma peinture, la grâce admirable de ma main n'ayant point été méconnue
j'ai su animer les couleurs par mes doigts et, par les images presque parlantes,
longtemps enchanter les âmes y compris la nature même que j'avais représentée qui s'étonna de mes personnages et reconnut que j'étais l'égal de son art. Ici Laurent de Médicis m'a déposé dans un sépulcre de marbre alors que j'étais auparavant dans l'humidité de la terre.
Le réalisme populaire de Filippo semble refléter la tendance à une recherche spirituelle de renouvellement de l'Ordre qui était celle de ces moines, presqu'en opposition avec l'expérience raffinée des cercles humanistes florentins, influencé par l'art classique.
D'aucun ont voulu rapprocher le vie pleine d'originalité de Lippi de ses oeuvres, et l'expliquer par celle-ci, en somme rapprocher "sa liberté morale de sa liberté stylistique" (Nello Forti Grazini, 1986).