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Militante libertaire féministe, Françoise d'Eaubonne est l'une des premières à opérer un rapprochement entre les luttes féministes et la protection de l'environnement dans les années 1970. Elle est à l'origine de "l'écoféminisme", dont se revendiquent des militantes et militants écologistes aujourd'hui.
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Ce n'est en rien un hasard si Yahvé, le premier dieu sans déesse, préfère ce boucher d'Abel lui offrant des bestiaux égorgés au doux Caïn cultivateur; surprise, ce sera Caïn le fratricide! C'est sans doute que le peuple des cultivateurs adore la Grande déesse, mère de la Fertilité/Fécondité et que l'art de cultiver la terre reste l'apanage féminin. (...) Une guerre terrible aurait opposé, donc, les peuplades cultivatrices, attachées du Divin Féminin d'antan, aux clans pastoraux, pour se terminer par la victoire de ces derniers, adorateurs du Dieu unique et sans déesse. (Qui, de nomades, devinrent sédentaires et accaparèrent alors l'agriculture.)
L'histoire ne nous apprend-elle pas que chaque nouveau courant de pensée, chaque pas de plus dans la conquête de l'épanouissement et l'investigation du savoir se paie par une réaction d'autant plus importante que ce franchissement est promis à ouvrir l'avenir?
Il s'agit d'arracher la planète au mâle d'aujourd'hui pour la restituer à l'humanité de demain...Car si la société mâle perdure, il n'y aura plus demain d'humanité.
Voyez-vous, j'y ai bien réfléchi, le pouvoir des hommes ne s'est pas contenté de nous diviser entre nous, de nous faire nous regarder comme des rivales et non des sœurs ; il nous a divisées chacune contre elle-même. Déchirée entre le désir et la peur de la liberté, la haine de l'oppresseur et l'envie de lui ressembler.
- Ah! bah! bougonna Marton en haussant l'épaule, les petites filles n'ont que faire de parler politique!
- Ce n'est pas vrai! se récria Madeleine. Souviens-toi de Mlle Tallemant des Réaux dont on m'a conté l'histoire. Elle s'asseyait sur son petit tabouret, aux pieds de sa grand-mère pour lui dire: "Or çà, grand-maman, parlons politique, à cette heure que j'ai cinq ans!"
Marton, éberluée, ne sut que répondre et Madeleine se dirigea vers la fenêtre.
Depuis la mort d'Arthur, je le revois toutes les nuits. Je ne puis pas accepter cette mort. Voilà bien des années que nous ne nous étions vus, mais Rimbaud, son art et son visage rayonnaient toujours au fond de mon esprit. Pour moi, il est une réalité toujours vivante, un soleil qui flamboie et qui ne veut pas s'éteindre.
Les menstrues, depuis longtemps déjà, ne s'accompagnent plus de troubles, de fatigue ni de douleurs, à moins de pathologie bien définie. Il est aisé de les oublier en colmatant l'écoulement et en avalant un ou deux cachets, puis de poursuivre ses occupations ordinaires. Mais il va de soi, vu la facile abondance de répartitions des tâches, que celle qui le peut se fasse relayer dans son travail pour se consacrer à ce que la culture d'Anima appelle "la fête du sang". C'est un code, presque un rite; tout ce qui touche à notre sexualité est sacré et doit être accompagné d'un protocole, même intime.
J'ai de plus en plus, l'obsédante impression d'écrire pour les rescapés du futur : l'immense iceberg se profile à l'horizon, qui va croiser notre navire entouré de brume. Il y a quelques années encore, on pouvait croire à une organisation de combat ouverte et officielle, à la vertu immédiate de l'information, de la polémique, voire au vote pour tenter d'édifier un barrage contre le pire. C'est fini, aujourd'hui. D'ici une trentaine d'années, la plupart des matériaux indispensables à la continuité de notre civilisation industrielle vont manquer irréductiblement ; les riches sols d'Europe commencent à s'appauvrir sous l'effet de l'agriculture industrielle, et la pollution marine s'accumule, catastrophe après catastrophe, de marée noire en marée noire ; le Tiers Monde se désertifie et la famine y galope comme jadis les pestes ; le choix nucléaire va couvrir le monde de nos enfants d'un semis de pyramides obligatoirement épaissies tous les 25 ans à cause de leur danger radioactif, grâce à un matériau énergétique qui disparaîtra complètement à la veille de l'an 2000. Ce n'est pas un tableau poussé au noir ; c'est à peine un survol. Et vous croyez encore échapper à la catastrophe ?
Si l'homme ne disparaît pas, victime de sa propre connerie, de sa pathologie du Pouvoir et de son sexisme, s'il reste, comme je veux le croire, des rescapé(e)s du Futur aux couleurs d'Apocalypse, peut-être quelques écrits comme celui-ci n'auront pas été tout à fait futiles. Si seulement, dès aujourd'hui, les femmes s'unissaient pour de bon ! Oui, si les femmes, les jeunes femmes d'aujourd'hui prenaient subitement conscience que le féminisme, c'est beaucoup plus que le féminisme, et que le cri le plus radicalement vrai est le féminisme ou la mort !
Qu'est-ce que l'individuation ? C'est le processus qu'on définit comme le passage d'une appartenance à la communauté d'origine vers le statut d'individu. Fixée aux lois de l'espèce, destinée à être reproductrice (son fameux "devoir plus haut, plus grand"), la femme demeure une particule de cette communauté d'origine sans posséder les moyens d'accéder à son individuation propre ; la violence nécessaire pour s'arracher à l'épaisseur de cette pâte anonyme exige une telle force et une telle continuité qu'on ne doit pas s'étonner du petit nombre qui ont pu y parvenir.
Mais dites-le moi, dites-le moi, je vous en prie, héroïnes, libératrices, reines au sourire de sang, créatrices de mon bonheur, ô Anciennes: Les enfants, les enfants mâles, qu'en avez-vous fait?