Le samedi 27 novembre 2021, Babelio accueillait dans ses locaux le salon Leduc Graphic. Une bonne occasion de présenter le projet éditorial qui a guidé les premières parutions, mais aussi de permettre aux lecteurs de rencontrer les autrices derrière ces premières publications. Retrouvez dans cette vidéo l'ambiance de cette journée entre conférences, dessins en direct et dédicaces.
0:12 Barbara Astruc, directrice éditoriale de Leduc Graphic, nous présente la collection
1:12 Mathilde Poncet, éditrice chez Leduc, nous explique les grandes thématiques abordées par la collection
1:51 Cévany nous présente sa BD 'Maman, maman, maman' https://www.babelio.com/livres/Cevany-Maman-maman-maman/1366769
2:50 Fanny Vella nous présente 'On l'appelait Vermicelle' https://www.babelio.com/livres/Vella-On-lappelait-Vermicelle/1339527
3:32 Gomargu nous présente 'On en a gros !' https://www.babelio.com/livres/Gomargu-On-en-a-gros-/1343810
4:32 Juliette Mercier nous présente 'Ma Crohn de vie' https://www.babelio.com/livres/Mercier-Ma-Crohn-de-vie/1346996
6:05 Masha S'explique nous présente 'Un corps pour deux' https://www.babelio.com/livres/Sexplique-Un-corps-pour-deux/1366765
6:44 Samboyy nous présente 'C'est mon p'tit doigt qui me l'a dit' https://www.babelio.com/livres/Samboyy-Cest-mon-ptit-doigt-qui-me-la-dit/1366766
7:10 Steffi nous présente 'Voyage au coeur de mon âme' https://www.babelio.com/livres/Celerault-Voyage-au-coeur-de-mon-ame/1361934
Abonnez-vous à la chaîne Babelio : http://bit.ly/2S2aZcm
Toutes les vidéos sur http://bit.ly/2CVP0zs
Suivez-nous pour trouver les meilleurs livres à lire :
Babelio, le site : https://www.babelio.com/
Babelio sur Twitter : https://twitter.com/babelio
Babelio sur Facebook : https://www.facebook.com/babelio/
Babelio sur Instagram : https://www.instagram.com/babelio_/
+ Lire la suite
Mes règles sont arrivées quand j’avais dix ans. Elles sont arrivées tout juste deux jours avant l’anniversaire d’une copine. Tu sais ce genre de copine populaire à qui tu veux plaire à tout prix. J’avais hâte. J’avais pu acheter mon premier maillot de grande, mais ça allait être la cata avec ce mauvais timing. Parce qu’évidemment il avait fallu que ce soit une fête organisée à la piscine municipale. J’avais tellement honte de saigner que j’avais inventé un prétexte pour ne pas rentrer dans l’eau. J’avais alors passé l’après-midi sur une serviette de bain à côté de la maman de Marion pendant qu’elle, Christelle et Kadidja, mes trois meilleures copines, jouaient dans l’eau. Je lui en voulais tellement à ce corps qui m’avait trahie ! Je bouillonnais intérieurement. À cet âge-là, ce genre de moments était déterminant pour nos amitiés, et je loupais tout… J’avais déjà l’époque une fâcheuse tendance à me trouver moins bien que les autres. Je me comparais sans cesse et l’arrivée de mes règles n’arrangeait rien ! Il faut dire que les hormones avaient déjà commencé à opérer quelques changements. Des changements qui me laissaient perplexe.
J’ai quitté Théo. J’ai cru que c’était un problème de partenaire, de sentiment ou peut-être d’attirance, alors j’ai tenté l’expérience ailleurs, sans succès. J’étais presque résignée : les garçons devraient toujours forcer le passage et ce qu’on nous disait du plaisir ne me serait certainement jamais accessible. Les relations débutaient toujours de la même façon pour moi. Un engouement et un entrain certains pour la chose au début… puis un désintérêt quasi-total… et finalement un renoncement pendant des semaines voire des mois. Je m’étais toujours retrouvée avec des garçons qui passaient outre mon manque de libido, souhaitant rester avec moi pour tout le reste. Peut-être que ce sont ces points communs entre eux, leur bienveillance, leur patience, leur affection sans condition, qui m’ont fait me tourner vers un tout autre type de petit ami…
À cela s’ajoutait un autre problème… Même si je ne pouvais pas accepter leurs avances, j’avais un besoin viscéral de leur plaire. J’étais une séductrice compulsive. J’avais besoin d’être au centre de l’attention. Si on ne me remarquait pas, j’avais l’impression d’être insignifiante. J’étais donc dans une dépendance affective chronique, je n’existais que dans le regard des autres, et si je laissais indifférent, c’était comme si on me crachait à quel point je ne valais rien ! C’est ce que me rappelait tous les jours le miroir. Je ne pouvais pas admettre qu’on puisse être neutre à mon égard. Je surinterprétais tout. Cette quête de l’attention, c’était mon combat pour trouver dans le regard de l’autre les qualités que je ne pouvais pas percevoir chez moi. Je n’arrivais pas à passer outre mon blocage, mais ça ne m’empêchait pas de tomber amoureuse tous les quatre matins. Pour compenser, je m’enfermais dans des scénarios imaginaires qui me berçaient de douces illusions. L’imagination venait combler la distance que j’étais incapable de franchir dans la vraie vie.
-- Je suis stressée, Marion, j'ai dit oui à Julien.
Je vais être obligée de l'embrasser ce matin.
-- Obligée?! Mais il est trop beau Julien!!!
Pendant cinq ans, j’ai été incapable de m’insérer un tampon. Les essais finissaient en pleurs parce que mon corps refusait d’en faire rentrer ne serait-ce qu’un demi-centimètre. Ça n’a fait que donner de la portée à cette petite voix qui me chuchotait que mon corps était défectueux. Sentiment renforcé par la pub puisque la promesse de douceur des protections périodiques n’atteignait jamais mon entrejambe. Heureusement que j’ai toujours pu compter sur les femmes de mon entourage pour assurer la transmission de leurs propres difficultés, histoire que je puisse m’identifier à des modèles plus réalistes.
Et le miracle s’est produit. Mon corps avait obéi. Contre toute attente, le moment s’est même presque révélé agréable. Un jour, lors d’une soirée, les choses se sont un enflammées. Et alors qu’il s’emballait doucement, je suis restée figée, choquée. Sous des gestes pourtant d’une délicatesse et d’une politesse infinies. Je ne disais rien. J’étais sous le choc. Mon corps me trahissait à nouveau et je ne comprenais pas pourquoi. À un moment, j’ai senti quelque chose de très dur entre mes jambes. J’avais une vague idée de ce dont il s’agissait, ais je me suis sentie agressée. Comme si j’étais redevenue une toute petite fille et qu’on me forçait à regarder un film porno. J’ai commencé à perdre mon souffle, je pensais qu’il appuyait trop fort sur ma cage thoracique, je l’ai repoussé. J’ai regagné la fête et j’ai tenté de maîtriser une gigantesque crise d’angoisse dans le coin d’une pièce. Je me sentais agressée et sale. Je trouvais mon copain absolument ignoble. Je le haïssais mais étais incapable de mettre des mots sur ce ressenti. Les trois mois suivants, je ne cessais de rompre… puis je retournais auprès de lui finalement transie d’amour. Mais dès qu’il y avait de nouveau trop de proximité entre nous, je fuyais à nouveau.je ne comprenais pas d’où me venait ce dégout systématique qui ne me laissait pas d’autre choix que de le quitter encore et encore. Je retrouvais alors l’étiquette de mes onze ans. Allumeuse.
C'est juste que j'ai mal dedans et que je ne sais pas pourquoi.
𝑻’𝒆𝒔 𝒍𝒆 𝒑𝒍𝒖𝒔 𝒂𝒅𝒐𝒓𝒂𝒃𝒍𝒆 𝒑𝒆𝒕𝒊𝒕 𝒄𝒐𝒒𝒖𝒆𝒍𝒊𝒄𝒐𝒕 𝒒𝒖𝒆 𝒋’𝒂𝒊 𝒕𝒆𝒏𝒖 𝒖𝒏 𝒋𝒐𝒖𝒓 𝒅𝒂𝒏𝒔 𝒎𝒆𝒔 𝒎𝒂𝒊𝒏𝒔. 𝑪’𝒆𝒔𝒕 𝒇𝒓𝒂𝒈𝒊𝒍𝒆 𝒄̧𝒂, 𝒖𝒏 𝒄𝒐𝒒𝒖𝒆𝒍𝒊𝒄𝒐𝒕, 𝒇𝒂𝒖𝒕 𝒆𝒏 𝒑𝒓𝒆𝒏𝒅𝒓𝒆 𝒔𝒐𝒊𝒏.
La seule comparaison motivationnelle efficace que l'adulte puisse faire à l'enfant, c'est celle qui lui fait remarquer ses propres progrès par rapport à sa propre expérience et non par rapport à celle d'autrui.
Dr Jacqueline Bencardino
Cette quête de l’attention, c’était mon combat pour trouver dans le regard de l’autre les qualités que je ne pouvais pas percevoir chez moi.