Éric Siblin sur les Grandes Voix Francophones
Son archet, parfois doux comme une voix céleste, à d'autres moments vibrant et robuste, produit de telles combinaisons de voix et de tons qu'il semble que la caisse de résonance de son violoncelle contient le secret magique d'harmonies sublimes capricieusement transformées par le contact de sa main [...], la muse la plus inspirée, l'intuition la plus artistique [...], son violoncelle semble parler, gémir, murmurer [...], pousser des soupirs et chanter.
Critique parue dans le journal Al Alcance en 1894 à propos du jeu de Pablo Casals.
Bach a aussi apposé quelques signatures très personnelles. En au moins une occasion, il a inscrit son propre nom - B-A-C-H - dans les Suites pour violoncelle. Il a pu le faire parce que, selon l'usage allemand, la lettre B note le si bémol alors que la lettre H note le si bécarre. En inscrivant à la suite des notes si bémol, la, do, si bécarre, il épelait en fait son propre nom. Cette signature musicale se trouve dans la sarabande expressive de la troisième suite.
Écoutez Casals dans le prélude de la troisième suite : cela commence par un splendide effondrement, ramasse les morceaux, prend de l'élan et plonge dans un tourbillon, tendu, sur le point de se briser, pour se dégager en un bouquet d'accords et une déclaration d'amour.
Hoffman a fait remarquer que Bach avait été en réalité un homme passionné, du genre à se battre en duel à l'épée avec un bassoniste, qui a passé quelque temps dans la prison d'un duc et qui a engendré pas moins de vingt enfants.
Pourtant le violoncelle est l'instrument qui ressemble le plus à la voix humaine; il peut rendre beaucoup plus que la tristesse et la mélancolie.
Ces préludes donnent le ton avec virtuosité et confèrent à chaque suite sa personnalité. Ce sont des fantaisies qui se déploient hors des tempos rigides qui gouvernent les autres mouvements : elle s'interrompent, recommencent et vagabondent, s'élèvent à des hauteurs vertigineuses, retiennent leur souffle et atterrissent en catastrophe. Le noeud de l'histoire que raconte chaque suite est concentré dans ce prélude.
La confusion et la peur ont envahi le monde entier, déclarait-il. Le nationalisme mal compris, le fanatisme, les dogmes politiques ainsi que l'absence de liberté et de justice alimentent la méfiance et l'hostilité qui font croître le danger collectif de jour en jour, et pourtant chaque être humain désire la paix [...].
Chercher l'homme qui se cache derrière les Suites pour violoncelle, ce n'était pas seulement me mettre à la recherche de Bach, mais aussi à celle du violoncelliste qui a découvert cette oeuvre et qui l'a transmise au monde.