Là ou je vais, tu ne peux pas me suivre. J'aimerais qu'il y ait un chemin retour, mais je dois accompagner ce cauchemar jusqu'à la fin. Je te souhaite de vivre toutes ces aventures que tu imagines toutes les nuits et j'espère égoïstement qu'à chacune delles, tu auras une pensée pour moi.
Les livres avaient ce paradoxe d'être silencieux mais d'avoir mille histoires à conter.
Elle aimerait dire que son père ne lui avait jamais autant manqué, mais la vérité, c'était que la douleur de son absence était la même depuis ses 14 ans. Le temps navait fait que la rendre sourde, diffuse, comme l'écho d'une tendinite impossible à soigner. Il y avait tellement de choses qu'elle aimerait lui confier. Tous ces maux qu'elle lui transmettait par la pensée, en silence, sans avoir la certitude qu'il existait un au-delà depuis lequel il pouvait l'entendre.
— Ouais... je crois que j'ai besoin de ma zone de confort.
— Objection !
— Tu ne me crois pas ?
— C'est pas ça, mais je crois juste qu'une zone de confort c'est... dans la tête. Où que tu sois, tu retrouveras toujours un endroit qui te fait te sentir en sécurité. Ça peut être un lieu, un objet, un moment ou une personne.
C'est le drame intrinsèque de la vie : à l'instant où un individu prend un premier souffle, il est voué à en lâcher un dernier, un jour. C'est cruellement inévitable.
- Sommes-nous dans votre rêve ? Sommes-nous dans le mien ? Sommes-nous ailleurs ? Je suis certaine que ces interrogations sont bien plus intéressantes pour vous.
C'était sa nature : elle était émotive. Bien plus qu'une autre enfant de son âge et dans toutes les situations. S'il fallait rire, elle s'esclaffait ; s'il fallait être heureuse, elle bondissait de joie ; s'il fallait s'énerver, elle était hystérique. Mais ce jour-là, elle était triste.
Souvent distraite, rêveuse, elle vivait dans son propre monde avec une telle discrétion qu'on oubliait régulièrement sa présence. Pourtant, son silence était la camisole immatérielle d'un incendie qui la ravageait de l'intérieur.
Le monstre de la culpabilité était éveillé, prêt à la dévorer tout entière.
[...] l'éveil n'est qu'une dimension comme une autre ; que ce n'est pas parce qu'elle nous semble permanente qu'elle n'est pas éphémère pour un autre.