A loccasion du 10ème anniversaire de la disparition de lhistorien et écrivain Dominique Venner, c'était le 21 mai 2013, TVL vous propose de (re)découvrir un document exceptionnel qui retrace le parcours de cet intellectuel hors du commun et qui nous plonge dans une uvre qui a considérablement marqué, et marque encore, des générations de militants.
Lensemble des douze émissions tournées en février 2013, et qui composaient ce portrait passionnant, ont été regroupées en un seul programme. Cela permet de prendre toute la mesure de la pensée de cette figure qui demeure une source dinspiration dans le combat et qui ne cessait de mettre en garde ses contemporains devant les périls immenses touchant notre patrie française et européenne.
Les intervenants au cours de cet entretien avec Dominique Venner sont Philippe Milliau (président de TVL), Jean-Yves Le Gallou (président de lInstitut Polémia) et le professeur Philippe Conrad.
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Nous avons la santé et le confort comme jamais, des savoirs, des connaissances et des libertés sans équivalent. et pourtant rôde en Europe le sentiment d'un déclin voilé, une sorte de nihilisme flasque perceptible dans ce qui tient lieu de littérature ou d'art officiel. La beauté a déserté nos vies pour s'enfermer dans les musées. Nos rues les plus belles sont noyées dans un grouillement de foules hagardes et bigarrées. Pourquoi la laideur a-t-elle remplacé la beauté? pourquoi ce désert de culture et d'identité au milieu d'une colossale et très inégale prospérité? Pourquoi l'argent est-il devenu le seul étalon, nous écrasant sous sa vulgarité et sa puissance masquée?
Afin de "zombifier" les Européens, jadis si rebelles, on a découvert entre autres les avantages de l'immigration de masse. Celle-ci a permis d'importer de la main d'oeuvre bon marché, tout en déstructurant les identités nationales. L'installation à demeure d'allogènes accélère aussi la prolétarisation des travailleurs européens. Privés de la protection d'une nation cohérente, ils deviennent des prolétaires "tout nus", des zombis en puissance, d'autant qu'ils sont culpabilisés par le rappel nauséeux de forfaits imaginaires, comme la colonisation, imputée à leurs aïeux.
Sans doute, sans doute. Mais aussi tout revient, tout renaît, tout revit. Les enfants sont enfantés et succèdent aux pères. Et quand bien même des générations seraient oublieuses et infidèles, sans qu’elles le sachent, par elles la vie se transmet et avec elle une part de l’héritage que retrouveront plus tard d’autres générations avides de revenir aux sources du royaume, au-delà du temps.
Le passé agit en nous à notre insu. Sous les apparences mouvantes, vivent les permanences. L’axe stable au centre de la roue tournoyante du changement. Ce qui était ne sera jamais plus, certes. Les formes anciennes ne reviendront pas, mais ce qui est de toujours resurgira.
Chez Homère, la vie, cette petite chose éphémère et si commune, n'a pas de valeur en soi. Elle ne vaut que par son intensité, sa beauté, le souffle de grandeur que chacun - et d'abord à ses propres yeux - peut lui donner. Une conception bien différente de celle véhiculée par tant de ces sagesses de bazar, de ces platitudes qui ont envahi l'esprit des masses occidentales et incitent à désirer une vie la plus longue possible, fût-elle médiocre et larvaire.
Homère ne se prononce jamais selon cette dualité du bien et du mal qu’il ignore. S’il juge, c’est selon les critères du beau ou du laid, de ce qui est honorable ou ne l’est pas. Pourtant, une haute moralité imprègne les poèmes. Toute transgression de l’harmonie, de la mesure, de la conduite droite, se paie au prix fort, ainsi la « funeste » colère d’Achille, prétexte de l’Iliade. Homère ignore l’intériorisation d’une morale fondée sur la faute et la culpabilité. De façon moins pernicieuse et plus saine, il met en action des vertus et leur contraire, le courage et la lâcheté, l’honneur et la bassesse, la magnanimité et la rancune, la loyauté et la traîtrise. Il montre aussi des caractères, sans rien dissimuler de leurs contradictions, Hector et sa lucidité, Pénélope et sa féminité, Achille et sa vaillance, Ulysse et son habileté, Nestor et sa raison, Pâris et sa faiblesse, Hélène et son extrême sensualité.
Sans faire dans l'angélisme, on constate que la noblesse n'était pas seulement liée à la naissance, mais aussi au mérite, ce qui impliquait un renouvellement constant, mais aussi la transmission d'une éthique du service et une ascèse de la tenue.
Même quand ils ne le savent pas, les individus et les peuples ont un besoin vital de racines, de traditions et de civilisations propres, c'est-à-dire de continuités apaisantes, de rites, d'ordre intériorisé, et de spiritualité
Notre monde ne sera pas sauvé par des savants aveugles ou des érudits blasés. Il sera sauvé par des poètes et des combattants, par ceux qui auront forgé l' épée magique dont parlait Ernst Jünger, l'épée spirituelle qui fait pâlir les monstres et les tyrans. Notre monde sera sauvé par les veilleurs postés aux frontières du royaume et du temps.
Telle que je l'entends, la tradition est tout le contraire. Ce n'est pas le passé. C'est même ce qui ne passe pas. Elle nous vient du plus loin, mais elle est toujours actuelle. Elle est notre boussole intérieure, l'étalon des normes qui nous conviennent et qui ont survécu à tout ce qui a été fait pour nous changer.