A quoi bon se leurrer? D'un geste las, Mikhail Dubrinsky referma l'édition originale reliée de cuir. C'était fini. Il n'en pouvait plus. Les livres qui tapissaient les murs de son bureau et qu'il chérissait tant n'arrivaient plus à lui faire oublier sa solitude. Lire nourrissait son esprit, pas son cœur.
Depuis des siècles, il s'était intéressé à toutes sortes de domaines. La psychologie, la physique et les technologies les plus récentes n'avaient plus de secret pour lui. Mikhail avait également étudié l'art sous toutes ses formes, ainsi que la philosophie et les sciences, occultes ou non. Il connaissait toutes les herbes curatives et les racines empoisonnées. Il connaissait les armes des hommes et avait appris à en devenir une lui-même. Cependant, il était seul.
-Je n’ai pas envie de toi?
Il lâche ces mots dans un grondement qui vibra dans sa poitrine. Il crispa les doigts sur les bras d’Isabeau et l’attira tout contre son corps, la laissant délibérément sentir son érection rigide.
-« Envie » est un mot insipide, Isabeau, pour décrire ce que je ressens pour toi. Je n’ai pas l’intention de merder avec toi parce que je ne peux pas m’empêcher de te toucher. C’est arrivé une fois et je préfère mourir plutôt que ça se reproduise.
Jack et Ken avaient conclu un pacte. Ils s'étaient juré de ne jamais prendre le risque de détruire une femme comme leur père avait détruit leur mère. Leur père les haïssait pour ce qu'ils partageaient avec elle, pour les sourires qu'elle leur adressait. Et pour l'amour qu'elle leur donnait. Son obsession grandissante avait fini par l'aveugler, et il s'était mis à la battre de plus en plus violemment.
Ils se laissèrent couler sans cesser de s'embrasser, remontèrent en riant puis regagnèrent les berges rocheuses, abandonnant derrière eux, noyées dans l'onde et les profondeurs abyssales de leur amour, le horreurs des derniers jours.
Briony s'agita, murmura son nom dans son sommeil et chercha son contact. Jack sentit son coeur se serrer. Il se pencha à son oreille.
- Une fois que je serai parti, Briony, n'essaie plus de t'approcher de moi, chuchota-t-il. Je ne serai pas capable de renoncer de nouveau à toi.
Avec lui, elle se sentait si belle, même si elle savait pertinement qu'elle ne l'était pas.
- Cat, pourquoi est-ce que tu me regardes comme ça?
- Comme si tu avais deux armes en moins et que je pourrais te donner un grand coup de pied dans la cuisse et te faire une béquille? Comme ça? Puis enchainer avec un balayage et t'envoyer au tapis? Cest comme ça que je te regarde? Pour finir par faire rouler ton corps dehors? Parce que je suis en train de réfléchir à l'effort que ça me coûterait.
Un sourire joua sur les lèvres de Ridley.
Elle était en train d'apprendre comment étaient les léopards. Intelligents. Rusés. Rapides. Dotés d'un sale caractère. Et jaloux comme des poux.
C’était lui qui contrôlait la situation, merde, pas elle! Il ne se laisserait pas piéger par sa douceur ou par le sentiment de culpabilité qu’elle lui instillait. Il exerçait un contrôle absolu. Il n’avait besoin de personne. Eux avaient besoin de lui. Elle n’allait pas tout chambouler rien qu’en sondant son âme pour y découvrir une chose qu’il cachait au monde entier.
Rachael se réveilla en sursaut, aussitôt consciente du danger qui l'entourait. Une odeur de pelage mouillé se mêlait à quelque chose de sauvage, de menaçant. Il n'y avait eu aucun bruit mais cette sensation était si pesante qu'elle tendit instinctivement le main vers le fusil. Des doigts se refermèrent sur son poignet, lui comprimant les tendons contre ses os.