Toute réalité avait sa nuque, cette partie secrète, cet envers où se nouent et se dénouent toutes les tensions, là où on ne peut accéder par son propre regard.
Depuis le début, il me fallait démêler les méandres de sa psyché avec les mêmes précautions que je mettais chaque matin à passer un peigne dans le désordre de ma tignasse ; dès que je m'impatientais, je m'écorchais, me causant à moi-même de la douleur, mais quand je prenais patiemment une touffe de cheveux après l'autre, cherchant à débrouiller ce qui était emmêlé, je pouvais éviter la douleur. Telle était la tactique que je m'efforçais de suivre avec Mona. Un exercice de délicatesse exténuant ! Mais plus ses lèvres me souriaient, plusj'y percevais un trop-plein de contradictions et de désirs inassouvis. A quoi pensait-elle, au fond d'elle-même ?