Elle a appris qu'il n'y avait que deux manières de prendre le pouvoir en ce monde quand on naissait femelle, par le bas-ventre ou par le ventre. Écarter les jambes pour y faire entrer le pendeloche de son seigneur ou écarter les jambes pour en expulser l'enfant qui vous protégera. Sans mari et sans fils, point de salut.
Quand un espace se mêle au pouvoir, il devient un territoire.
Camille ne reste jamais une heure entière, elle pense que Nini n'a plus la notion du temps. Mais Nini a un sablier d'amour greffé dans le cœur, et il indique toujours que c'est trop court.
Quand la vie ne tient plus qu'à un fil, c'est fou le prix du fil.
Car la disparition d'un être cher ne fait pas le vide autour de vous, elle vous oppresse. C'est une matière mobile qui vous épreint pour faire couler la bile de votre tristesse, elle vous pénètre et vous engloutit.
Quand un garçon se piquait de parler de littérature à une fille, la coucherie n’était pas loin.
Martha versa le chocolat, brun, épais, brûlant. Puis elle montra comment il fallait prendre un peu de crème fouettée avec la cuillère en argent et la tremper dans le chocolat.
Isidore porta ce délice à ses lèvres, ses yeux brillaient de plaisir. La chaleur l'emporta sur les premières sensations, le goût métallique de la cuillère lui sembla irréel, puis vint l'onctuosité de la crème qui fondait son palais, et la douceur se mêlant à l'amertume. S'il avait osé, il aurait ri de gourmandise mais I'instant était solennel, et il avait peur d'en renverser et de faire une tache sur son ruban bleu. L'air au-dessus de sa tasse lui sembla plus léger. La cuillère récolta à nouveau un petit nuage alvéolé plus délicat qu'une plume avant de plonger dans le lac brillant et sombre qui l'attendait. C'était une boue merveilleuse et sucrée qui lui coulait dans la gorge et une impression générale de temps suspendu se grava en lui, le tintement des verres et des tasses alentour, le bruissement indistinct des clients attablés et le regard empli de douceur de sa mère qui contrastait tant avec celui des jours ordinaires où elle lui apparaissait comme une femme fatiguée. Martha observait son fils de toute son âme, elle voulait inscrire cet instant de délectation pure dans I'immense édifice de ses souvenirs, comme on l'aurait fait d'un baiser, un baiser de chocolat et une envie de se lécher les doigts.
Demander à une personne âgée comment elle se porte, c’était le tunnel assuré.
Un véritable ami est celui qui saura souffrir à votre place.
Le syndrome de Stendhal, c’est le trouble physique et psychologique que peut provoquer une œuvre d’art, Henry.