C’est ici que nous vivons, entre d’austères murs de béton, sous la lumière artificielle de néons, telles les mauvaises herbes de l’arbre généalogique royal. On ne se soucie pas de notre confort, seulement de garder notre existence secrète.
Je frappe ma paume contre la sienne, et nous nous levons, prêtes à relever le nouveau défi qui s’offre à nous. Je plains la princesse Margaret si elle avait été seule. Moi, j’ai quinze sœurs sur lesquelles je peux compter, et rien ne peut nous résister.
Je ne peux m’empêcher de frissonner à l’idée de ce qui m’arrivera si je me révèle un jour incapable de continuer le rôle qui m’a été assigné…
Les douze clones restantes connaîtront la mort, ou l’enfermement à vie. Cela m’étonnerait que la reine les laisse courir dans la nature. Cette compétition va être un carnage. Et avec la littérature comme arme, j’ai bien peur de partir perdante…
C’est ici que nous vivons, entre d’austères murs de béton, sous la lumière artificielle de néons, telles les mauvaises herbes de l’arbre généalogique royal. On ne se soucie pas de notre confort, seulement de garder notre existence secrète.
𝑬𝒕 𝒋'𝒂𝒊 𝒓𝒆́𝒂𝒍𝒊𝒔𝒆́ 𝒒𝒖𝒆 𝒄𝒆𝒕𝒕𝒆 𝒎𝒂𝒏𝒊𝒆̀𝒓𝒆 𝒅𝒆 𝒎𝒆 "𝒅𝒊𝒔𝒕𝒊𝒏𝒈𝒖𝒆𝒓 𝒅𝒆 𝒍𝒂 𝒔𝒐𝒄𝒊𝒆́𝒕𝒆́", 𝒄'𝒆́𝒕𝒂𝒊𝒕 𝒖𝒏 𝒗𝒆𝒔𝒕𝒊𝒈𝒆 𝒅𝒆 𝒔𝒐𝒏 𝒆𝒎𝒑𝒓𝒊𝒔𝒆 : 𝒊𝒍 𝒗𝒐𝒖𝒍𝒂𝒊𝒕 𝒎'𝒆́𝒍𝒐𝒊𝒈𝒏𝒆𝒓 𝒅𝒆𝒔 𝒂𝒖𝒕𝒓𝒆𝒔.
Bref, pour débuter dans les règles de l’art : je m’appelle Sophie Glénan, et en ce début de semestre universitaire, j’avais vingt ans. Si j’étais aussi fatiguée, c’est parce que je cumulais deux licences à la Sorbonne (philosophie et allemand), et que mes parents avaient décidé que pour ma troisième année d’études, il était temps que je contribue au loyer de mon appartement et à mes divers frais : courses, livres pour la fac, métro, photocopies, électricité…
Sur le principe, j’étais d’accord. Vivre deux ans à Paris et gérer un budget m’avait fait ouvrir les yeux sur le poids financier que je représentais pour ma famille.
Généreuse, intelligente, polyglotte, cavalière émérite, menant de front des études par correspondance de littérature, de politique et d’histoire, la princesse, à dix-huit ans tout juste, semble parfaite.
J’aime bien l’idée d’être différent.
La plupart des gens se comportent
comme des moutons, surtout en
matière d’apparence physique.
Ils suivent bêtement la mode. Pour
sortir du lot en obéissant à ces diktats,
il faut être doté d’un corps quasiment
surnaturel. Alors qu’en faisant un pas
de côté… On attire tous les regards,
naturellement, et cela permet de
marquer son indépendance d’esprit.
J’aime ça.
La justice, c'est aussi l'égalité face à l'information.