Mais elle avait déserté mes rêves, désormais. A chaque réveil d'une nuit sans elle, je m'enfonçais davantage dans la frustration. Et je finis par comprendre que, seul face à mes rêves, je ne pouvais espérer trouver de l'aide qu'en remontant leur cours jusqu'à la source: auprès des habitants de l'île eux-même.
Je suis donc allé les interroger.
A chaque arrivée, imperceptiblement, l'île s'adaptait, s'arrondissait, repoussant délicatement tout autour d'elle la rive gauche de la rivière, telle la peau se tendant sur le ventre d'une femme enceinte. Offrant la même mystérieuse protection, si fragile en apparence, et pourtant jamais prise en défaut depuis que le monde est monde et que le corps féminin est en charge de la pérennité de l'espèce humaine.
J'ai toujours été fasciné par le brouillard. Il semble vouloir gommer les imperfections du monde, lui conférant en outre la beauté du mystère. Il feutre les sons, met les sens aux aguets. Il invite à croire à l'impossible.