Anne Bernet. Les apparitions mariales au XIXème siècle.
L’année 1853 fut anormalement pluvieuse, ce qui gâta toutes les récoltes, des blés et sarrasins jusqu aux patates. Les châtaignes ne donnèrent pas non plus. Par contre, le printemps 1854 fut caniculaire, puis, au début de l’été, il se remit à pleuvoir à verse, au point qu'il fallut entamer une première, puis une seconde neuvaine pour réclamer le retour du soleil. Consternés, les paysans cherchaient à ce désastre une explication. Selon les uns, la faute en revenait à une comète, selon les autres, à la guerre en Crimée...
Martial, grand amateur des combats de l’amphithéâtre, a croqué la scène sur le vif, un jour de décembre où le président devait faire pour prescrire les égorgements le geste de tirer son mouchoir. Il n'avait pas prévu qu'il serait à cette date affreusement enrhumé. Ni que ses collègues, affolés, s'acharneraient à lui tenir les mains, l'empêchant, malgré son nez dégoulinant et ses éternuements, de se moucher, de peur que ce geste fût mal interprété et débouchât sur une boucherie.
La vie privée d'Auguste est rien moins qu'édifiante. Livie, qui tient son mari par d'autres séductions que celles du lit, a choisi de fermer les yeux sur les innombrables aventures de celui-ci. Rares sont les proches du pouvoir à ignorer que des dames, rarement les mêmes, sont amenées, tous les soirs, en litière fermée, dans les appartements du Prince. Mais Auguste a toujours pratiqué sans vergogne la politique du « faites ce que je dis, pas ce que je fais ».
Ce que ne dit pas Tertullien, parce que tout le monde l'entendait à demi-mot, c'est à quoi servent exactement ce fer de Mercure, image de son caducée, et le marteau de Pluton. Chauffé à blanc, le fer est appliqué sur les cadavres, traitement qui réveillerait un mort, et ferait bondir de douleur un simulateur. Quant au marteau, il cogne sèchement les crânes, achevant les agonisants.
(Au trou).
Allongé sur son bat-flanc, parmi les moisissures et les crapauds, malade, épuisé, réduit à l'impuissance totale, le coadjuteur de Saïgon, quand il émergeait de ces périodes de vide où toute réflexion cohérente se dérobait, songeait à ce qu'il aurait pu faire dehors, libre, se reprochait son rôle de serviteur inutile. Se rendait-il compte qu'il s'agissait d'un autre genre de tentation, plus subtil ? Oui, raison pour laquelle il redisait "me voilà, Seigneur, pour faire votre volonté". Même incompréhensible. Cette soumission porta enfin ses fruits :
" Une nuit, au plus profond de mon coeur, j'entendis comme une voix ; elle me dit : ' Pourquoi te tourmenter ? Tu dois faire la différence entre Dieu et les oeuvres de Dieu. Tout ce que tu as accompli, tout ce que tu désires accomplir encore (...) tout cela est oeuvre excellente ; ce sont les oeuvres de Dieu, mais elles ne sont pas Dieu. Si Dieu veut que tu abandonnes toutes ces oeuvres en les remettant entre Ses mains, fais-le tout de suite, aie confiance en Lui ! Dieu le fera infiniment mieux que toi ! Quant à Lui, Il confiera ces oeuvres à d'autres qui sont beaucoup plus compétents que toi ! Tu as choisi Dieu seul, non Ses oeuvres ! " (cité du livre "J'ai suivi Jésus", note 36).
pp. 311-312
On a dit que le rescrit de Trajan, que ses successeurs n'aboliraient pas, avait installé pour près d'un siècle un état de persécution permanente. Ce n'est pas tout à fait vrai. Une persécution permanente eût signifié des poursuites continuelles et systématiques, ce qui, au demeurant, aurait eu le mérite de la logique. Il faudrait parler en vérité d'état d'insécurité permanente, le christianisme, toléré un jour, pouvant être dénoncé le lendemain et une cité d'abord accueillante se muer, sur un mouvement d'humeur, à la suite d'un désastre ou d'une catastrophe naturelle, en piège mortel pour la communauté.
Cette tension morale, cette appréhension constante ont été le quotidien, partout, de quatre générations chrétiennes, à la merci toujours d'une dénonciation particulière ou collective de leur voisinage. Voilà comment Trajan et Hadrien, qui n'étaient ni l'un ni l'autre des persécuteurs véritables, firent, par leur législation, bon nombre de martyrs.
"La dynastie que la reine Clotilde avait enfantée, exténuée par ses luttes intestines, appauvrit par les incessants massacres entres ses princes, n'était pas destinées à régner longtemps sur la France. Mais son œuvre spirituelle, comme l’œuvre politique de Clovis ; cet établissement, au cœur de l'Europe, d'un royaume catholique et puissant, défenseur naturel de l’Église, perdurerait à travers les siècles, comme Rémi l'avait prophétisé à la veille du baptême.
Clotilde avait sauvé la Gaule et l’Église des Gaules. Mais elle avait aussi décidé de l'avenir du monde et de la chrétienté" (P. 295).
Souvent, j'ai vu des gladiateurs égorgés dans l arène. Ce n est pas par cruauté que nous nous complaisons à les regarder s affronter et mourir. Ce que nous recherchons au cirque n est pas une satisfaction féroce à la contemplation de la douleur et de l agonie, c'est le secret de la bravoure, c'est l exemple .Lequel d entre nous créerait grâce dans la bataille quand un esclave est capable de périr sans une plainte sur le sable de l amphithéâtre .
Au vrai, le culte traditionnel, qui ne possédait aucune théologie, se réduisait déjà, du temps de Cicéron, à un ensemble de rites dépassés, vidés de leur substance primitive, dépourvus de signification pour la majorité des sectateurs. Les divers sacerdoces romains n'étaient plus que des magistratures comme les autres, aptes à favoriser un "cursus honorum" et souvent exercées par un clergé qui étalait paisiblement son agnosticisme, ou son athéisme. On ne croyait plus aux dieux dans la classe dirigeante, et guère plus dans la plèbe. Et l'on se bornait à observer les rites avec des scrupules maniaques qui tournaient à la superstition. Situation que l'historien Polybe, observateur impartial de la vie romaine, résumait en disant que la philosophie devait être réservée à l'aristocratie, et la religion ancestrale au peuple, qu'elle permettait de manipuler.
Ces rituels sociaux d'un autre âge auxquels personne ne croyait plus subsistaient au nom de la tradition, du respect des usages, enfin de ce que les Romains réunissaient sous l'appellation de "mos majorum", la coutume des ancêtres, qu'il était bon de conserver sans rien y changer.
Un esclave me tendit un bassin d'argent ; je me levai et plongeait les mains dans l'eau. Je me purifiai du crime qui m'était imposé
. D'une voix cinglante, une voix de procurateur, la voix de Rome que j'avais soudain retrouvée, je lançai: - Je ne suis pas responsable de ce sang ! Je n'en porterai pas le poids, ni moi, ni César, ni Rome.
C'était le jugement d'autrui que j'entérinais sous la contrainte. Je ne faisais qu'appliquer à la lettre les accords et la loi. Malgré moi.