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EAN : 9782010192036
Le Livre de Poche (30/11/-1)
4.25/5   128 notes
Résumé :
«Quand la journée avait été sans incident ni malheur, le soir arrivait, souriant de tendresse.
D'aussi loin que je voyais venir m'man Tine, ma grand-mère, au fond du large chemin qui convoyait les nègres dans les champs de canne de la plantation et les ramenait, je me précipitais à sa rencontre, en imitant le vol du mansfenil, le galop des ânes, et avec des cris de joie, entraînant toute la bande de mes petits camarades qui attendaient comme moi le retour de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Là on est vraiment en immersion, rien à voir avec les séjours de Johnny Hallyday aux Antilles, univers surfait où on passe carrément à côté de ces valeurs locales et typiques.
Pour qui n'a pas connu cette ambiance locale au temps de la colonie ou même au temps qui lui a succédé, il me paraît difficile voire présomptueux d'apprécier toute la dimension d'une fraîcheur exquise de ce chef d'oeuvre que l'on doit à Joseph Zobel, homme du cru et écrivain martiniquais. Pourquoi cela, parce que tout ne peut pas relever d'un monde imaginaire pour le lecteur novice si on n'a pas un peu trempé dans le ti-pays. Il faut se mettre à l'heure antillaise, et vivre au champ quand la journée est au travail, et à danser quand l'heure est à l'amusement, etc, et surtout etc quand on laisse sa plume sans évoquer le plaîsir de tuer le cochon ou d'aller pêcher la langouste et tout ce qui s'ensuit comme cette sauce chien qui fera la différence, sans oublier le décollage..

Il faut bien sûr être introduit et se faire connaître. Pourquoi pas sous la peau d'un loup de Ramaioli auteur de l'Indien français, pour mieux accéder aux secrets de l'âme antillaise, mais sûrement faire un grand pas de soi franchement vers son endroit.

Joseph Zabel né en 15 à Riviere-Salée au sud de la Martinique. Il est un élève brillant, élevé dans son enfance par sa grand-mère , ouvrière agricole dans une des riches plantations coloniales. Devenu grand, il rejoint sa mère à Fort-de-France, les ressources vont vite manquer pour qu'il entreprenne des études supérieures. Par défaut, outre l'enseignement, il deviendra écrivain.
Dans la rue Cases-Négres, son deuxième roman, il se raconte chez sa grand-mère d'une truculence inouïe, dans les terres riches de la Martinique, pleines de cannes à sucre, entre les Trois Îlets qui rappellent Joséphine et le rocher du Diamant qui rappelle l'anglais, nous sommes au sortir de l'esclavage où la vie dans les anciennes cases est encore active. le pas vers la liberté est résolument entr'ouvert, mais le passé colonial est encore bien présent .. Si vous traversiez par là encore dans les années 70, empruntiez ces routes intérieures qui sentaient la canne, il n'était pas rare de voir des cannes au sol qui tombaient des chargements. . Aujourd'hui ça ne risque pas avec ces camions haut perchés sur roue qui filent comme des zombies vers les distilleries exploitées de père en fils par les békés. Eh oui, toujours ! Il arrive qu'au cours de leur histoire ancienne ces distilleries ont changé de nom pour divers prétextes, mais il y a toujours la légende d'un patriarche à l'origine qui prévaut encore par rémanence aux destinées de ces hauts lieux respirant non pas que le rhum, mais une main de fer à la Tatcher. C'est toujours impressionnant, on se sent basculer au temps de la colonie avec ses valeurs paradoxales .. l'effet du rhum de dégustation cette fois y est certainement pour quelque chose !..
« Quand la journée avait été sans incident ni malheur, le soir arrivait, souriant de tendresse.. »
Ne doutons pas que Joseph Zobel est un conteur, c'est ostensiblement visible dès qu'on aborde son oeuvre ; son heure de gloire n'est pas encore arrivée, mais elle aura lieu, et aujourd'hui pas moins, Joseph fait figure de monument de la littérature antillaise, comme Roumain à Haïti.
Personnellement je le range aux Antilles, ce qu'est Jakes Helias pour la Bretagne. de cette intelligence rare qui appartient aux poètes ! Je ne saurais lui faire plus d'éloge
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La rue Cases-Nègres se compose d'environ trois douzaines de baraques en bois couvertes de toits en tôle ondulée, alignées à intervalles réguliers au flanc d'une colline, une sorte de paradis pour les enfants du quartier qui aiment y batifoler en toute liberté tandis que leurs parents travaillent dans les plantations de cannes à sucre voisines.
José, 11 ans, n'est pas le dernier à se vautrer dans la boue des chemins lors de folles chevauchées avec ses copains, laissant ses vêtements en loques au grand dam de sa grand-mère M'an Tine qui élève seule l'enfant tandis que sa mère gagne sa vie à la capitale.
Les rires fusent jusqu'à ce que les taloches s'abattent sur cette marmaille indisciplinée et que les cris et les pleurs retentissent.
L'entrée à l'école marque un tournant dans la vie de cet enfant, il va découvrir l'autorité du maître, la discipline, la séparation d'avec ses copains.
L'entrée au lycée, grâce à une bourse, signifie pour le jeune garçon un nouveau départ, l'éloignement d'avec m'man Tine, la découverte de la ville et de camarades différents, puis l'installation dans le quartier chic, celui des villas et jardins de la Route Didier, où sa maman travaille chez un riche mulâtre.
Outre la vie de José parfaitement décrite, l'auteur s'attarde sur M'an Tine, femme courageuse, travailleuse qui se battra jusqu'à son dernier souffle pour que son petit-fils ait une vie décente.

Récit très largement autobiographique, « La Rue Cases-Nègres » raconte la société martiniquaise rurale des années 1930, les plantations, la hiérarchisation sociale, la faim et la pauvreté dont souffrait encore la population antillaise noire plus de huit décennies après l'abolition de l'esclavage. A travers les tribulations de son jeune protagoniste, l'auteur raconte sa propre enfance dans les villages du sud de la Martinique, ses blessures et ses joies d'antan.
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De la plantation de cannes où il courait pied nus, jusqu'aux bancs du lycée où il s'assit en costume et souliers neufs pour passer son baccalauréat... Joseph Zobel nous fait vivre les changements de son existence et surtout, avant tout, le bouleversement progressif mais radical du regard qu'il porta sur son monde.

La Martinique des années 1930 constitue le théatre de cette autobiographie d'un descendant d'esclaves.
Son évolution dans sa scolarité se fera le plus souvent la faim au ventre. Elle aura pour conséquence, outre l'ouverture apportée par les lectures, un élargissement du champ d'action du garçon : la rue, puis le village, puis la ville.
Le jeune martiniquais découvre ainsi les différentes formes que peut revêtir la condition des hommes de couleur à cette époque.

Il découvre... et s'insurge !
Car cette population se trouve, dans les campagnes de sa prime enfance, soumise à un labeur intensif au service des békés-propriétaires, dans des conditions misérables et pour quelques sous de salaire.
Tandis qu'à Fort de France, apparaît une autre forme de servilité, la condition de domestique -empreinte de beaucoup de mépris-, qui le choquera d'autant plus qu'elle lui semble acceptée, admise comme inévitable, par ceux-là même qui se trouvent tout en bas de l'échelle.

Cette peinture d'une société de « castes », post-esclavagiste, tient sa force et son originalité du regard à la fois naïf, fier, et réfléchi de l'enfant au fil de sa croissance.

L'écriture est riche en couleur, pleine d'allant. Elle s'avère souvent gaie, lorqu'elle évoque les jeux enfantins dans la liberté des champs de canne, ou le plaisir de la lecture. Mais elle sait nous émouvoir aussi, notamment quand elle dépeint l'attachement aux personnalités de la rue Cases-Nègres de la prime enfance, dont, en premier lieu, la grand-mère si abimée par une vie de labeur.

Au roman d'apprentissage s'ajoute donc un précieux documentaire sur la réalité de la vie antillaise, souvent mal connue : une belle lecture, utile et agréable !
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La rue Cases-Nègres est un grand classique de la littérature antillaise. Joseph Zobel y raconte sa propre histoire et à travers elle, celle de toute une génération de "nègres" qui ont fait évoluer leurs conditions dans le pays.
La vie de José débute au milieu des champs de cannes à sucre, aux côtés de sa grand-mère M'man Tine. Là, avec tous les enfants de son âge, il joue avec insouciance et veut travailler dans les champs pour gagner quelques sous. Sa grand-mère elle, souhaite lui offrir une chance de ne pas finir au service des "békés" et économise pour l'envoyer à l'école.
A partir de ce moment, sa vie prend un autre tournant et en grandissant, on suit son évolution et surtout ses réflexions sur son pays, sur la servitude de son peuple et la domination des blancs.

La rue Cases-Nègres est un roman très enrichissant car Joseph Zobel y livre son propre regard, son vécu sur la Martinique des années 30 à 50. Il est parfois dure avec son peuple quand il comprend que les nègres se complaisent dans le service aux blancs.
C'est aussi un une histoire pleine de tendresse et de reconnaissance pour sa grand-mère et sa mère qui ont tout fait pour lui offrir une chance de réussir.


Lien : http://lebacalivres.blogspot..
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Cette lecture m'a été imposé par le travail, je n'en ressorts pas avec un grand enthousiasme mais le récit de vie de ce petit José, depuis sa case, élevé par sa grand-mère, jusqu'au lycée de Fort-de-France, se lit doucement, tranquillement, avec un certain plaisir.
On découvre surtout un quotidien disparu , une époque révolue et le roman lui aussi passe de périodes qui disparaissent en grandissant. Il y a une succession de lieux, comme une gradation vers un avenir attendu d'homme reconnu et respecté mais qui n'oubliera jamais d'où il vient et ce qu'il est.
Les descriptions des personnages sont attachantes et on ne se promène avec enchantement dans cet univers passéiste, parfois un peu moralisateur.
Un classique de la littérature antillaise, une lecture agréable.
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critiques presse (1)
BulledEncre
20 avril 2015
Un roman graphique se déroulant dans la Martinique des années 40.
Lire la critique sur le site : BulledEncre
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Je pleurais pour ma mère qui avait eu envie de me voir être un bon élève, et que j’avais déçue et peinée
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Quand la journée avait été sans incident ni malheur, le soir arrivait, souriant de tendresse.
D'aussi loin que je voyais venir m'man Tine, ma grand-mère, au fond du large chemin qui convoyait les nègres dans les champs de canne de la plantation et les ramenait, je me précipitais à sa rencontre, en imitant le vol du mansfenil, le galop des ânes, et avec des cris de joie, entraînant toute la bande de mes petits camarades qui attendaient comme moi le retour de leurs parents.
M'man Tine savait qu'étant venu au-devant d'elle, je m'étais bien conduit pendant son absence. Alors, du corsage de sa robe, elle retirait quelque friandise qu'elle me donnait : une mangue. une goyave, des icaques, un morceau d'igname, reste de son déjeuner, enveloppé dans une feuille verte; ou, encore mieux que tout cela, un morceau de pain... Derrière nous apparaissaient d'autres groupes de travailleurs, et ceux de mes camarades qui y reconnaissaient leurs parents se précipitaient à leur rencontre, en redoublant de criaillerie.»
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Et cela confirme nettement mon intuition que les habitants du pays se divisent bien en trois catégories : Nègres, Mulâtres, Blancs (sans compter les subdivisions), que les premiers -- de beaucoup les plus nombreux -- sont dépréciés, tels des fruits sauvages savoureux, mais se passe volontiers de soins; les seconds pouvant être considérés comme des espèces obtenues par greffage; et les autres, bien qu'ignares, ou incultes en majeure partie, constituant l'espèce rare, précieuse.
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-Médouze est mort, disait-il d’un ton de circonstance. C’est la douloureuse nouvelle que j’ai le chagrin de vous annoncer, messieurs-dames. Ainsi que je le constate, ce qui nous peine le plus, c’est que Médouze est mort et n’a pas voulu que nous assistions à son agonie.
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"Après bonjour,c'est:quoi de neuf?"
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Vidéo de Joseph Zobel
Interview de Joseph Zobel.
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