Récit d'un voyage de
Pascale Bourgaux, grande reporter, en Afghanistan en 2010, en compagnie d'un caméraman qui y fait ses premiers quand elle le parcourt depuis une dizaine d'années.
J'ai été gênée par ce qui m'a semblé être des raccourcis dans le scénario, du fait du format court de la BD je suppose, dans certaines attitudes et remarques des journalistes notamment, que j'ai trouvés parfois assez jugeants sur leurs hôtes.
J'ai trouvé le dessin agréable. Les couleurs qui réhaussent le tout donnent de la vie aux lieux et aux gens.
Par dessous tout, c'est le fond que j'ai trouvé fantastiquement intéressant : par son expérience,
Pascale Bourgaux permet d'observer l'évolution d'un village du nord de l'Afghanistan entre 2001 et 2010, les points de vue concernant les Talibans qui deviennent tentants face à la corruption du pouvoir démocratique et aux détournements de fonds des aides humanitaires, une tension palpable entre les membres d'une même famille selon leur position plus ou moins radicale, la figure du vieux sage en la personne du seigneur du fief qui accueille les journalistes, d'une façon bien plus modeste qu'avant pour diverses raisons, des femmes qui se soucient plus d'un accès à l'école, aux études, à un travail, à la santé que du port de la burqa.
J'ai eu l'impression d'une prise directe avec le réel, comme dans un vrai reportage.
Est également traité en arrière plan le métier de journaliste, l'éloignement de la famille qui dure, les dangers d'évoluer dans un territoire sous tension, la nécessité de la diplomatie et de connaissances des us et coutumes locaux, le réseau nécessaire, les injonctions pratiques – et surtout, le temps du montage du reportage après avoir récolté tant d'images, nécessitant des coupes donc des choix éditoriaux, qui ne sont pas toujours du ressort du / de la journaliste.
Nous sommes en 2024, déjà 14 ans que ce voyage a eu lieu. Les Talibans sont de retour au pouvoir depuis 3 ans. Ce serait intéressant de faire un nouvel état des lieux...