Le beurre de Manako est un roman qu'il faut apprivoiser, un roman qui se déguste lentement.
Nous suivons Rika, une jeune journaliste qui n'apprécie pas vraiment son quotidien, trop occupée à dédier toute son énergie à son travail. Un jour, une amie lui parle d'une affaire criminelle qui l'intrigue tout de suite. Une femme, Manako, passionnée de cuisine auraient tué pas moins de 3 hommes, ses conjoints. Elle refuse de parler à la presse. Cependant, Rika parvient à décrocher un entretien avec elle et en se pliant aux diverses exigences culinaires de la prisonnière, elle commence à échanger avec elle régulièrement. Les entretiens et le reportage que veut écrire Rika ont un prix, accepter de se calquer sur les attitudes que Manako attend d'elle, se faire dicter sa conduite, et vivre des expériences à la place de Manako. Petit à petit, Rika découvre la gourmandise, sort de sa zone de confort, expérimente la joie de préparer ses plats, de découvrir de nouvelles saveurs, elle qui mangeait par automatisme et nécessité. Plus elle enquête sur cette femme, et plus sa vie se retrouve chamboulée. La relation devient vite toxique, Rika semble tomber de plus en plus dans un piège qui se referme sur elle.
Ce roman est très lent, j'ai vraiment pris mon temps pour le lire tant l'autrice crée une ambiance étrange, suspendue hors du temps, où on sent que tout peut basculer en quelques secondes. J'ai beaucoup aimé l'aspect psychologique du roman, l'auteur développe beaucoup de thèmes comme les injonctions que la société peut dicter aux femmes, des sujets comme la prise de poids mal vu dans nos sociétés, la solitude, les relations humaines, la culpabilité, l'envie de s'en sortir et ce peu importe le prix. Il y a de très beaux passages où Rika a des réflexions assez intéressantes et qui font réfléchir. Et j'ai trouvé que la fin offre un très beau message.