Les Chrysalides, de John Wyndham, présentent un monde post-apocalyptique. On suppose une catastrophe nucléaire, même si ce n’est pas clairement indiqué. Un peu partout, des petites communautés de survivants se sont formées, repliées sur elles-mêmes et sur une morale religieuse stricte : toute anomalie, tout écart à la norme (bref, toute différence) est rejetée. Après tout, il faut se protéger des mutations qui affectent les organismes vivants, qui sont l’œuvre du Mal et qui constituent un blasphème. Les moissons présentant des anomalies sont brûlées, les animaux difformes sont abattus et les humains avec des membres en trop ou en moins sont bannis.
C’est dans ce monde austère qu’a grandi David Storm. Par exemple, sa meilleure amie Sophie, qui avait six orteils, a dû s’enfuir avec sa famille pour éviter toute persécution. Troublé, le jeune garçon ne sait vers qui se tourner quand il comprend que son don de télépathie le différencie du reste de la communauté et constitue un danger. Lui et les sept autres jeunes télépathes des villages avoisinants décident de risquer le tout en s’enfuyant mais ils sont pourchassés par des fanatiques zélés mais aussi par une horde de mutants. Ces individus sont sauvages, barbares, à moitié humains et dangereux. Réussiront-ils à s’en sortir et à trouver un havre de paix ? À vous de le découvrir.
Les Chrysalides, sous couvert de science-fiction, traitent de la différence, de la peur de l’Autre, donc de l’intolérence, et des dangers qui en découlent. Je recommande chaudement ce livre. Il plaira aux adolescents et même aux adultes. Même si certains thèmes sont complexes (par exemple, l’organisation de la communauté, tout l’aspect religieux), ils demeurent abordables. Tous sauront y trouver quelque chose. De plus, le roman n’est pas volumineux, autour de 200 pages selon la traduction. Selon moi, Wyndham est un auteur de talent trop peu populaires et ses romans (comme Le jour des Triffides, Les coucous de Midwich, Le village des damnés) méritent une meilleure reconnaissance.
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Dans un monde post-apocalyptique, on élimine tout ce est différent de la norme (animaux, fruits, humains...) au nom du respect de Dieu et de ses lois.
Plusieurs enfants luttent pour cacher leur pouvoir secret - ils peuvent communiquer par la pensée.
Sympathique et intéressant. Pas besoin d'être amateur de science-fiction pour l'apprécier, les personnages sont attachants et l'histoire est prenante
Il y a un petit côté New Age ans le discours final (le rêve d'un monde futur où nous serons tous liés) et quelques digressions philosophiques mais rien de bien insistant, l'ensemble reste plutôt léger et agréable à lire.
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- Les femmes croient qu'elles sont amoureuses quand elles veulent se marier ; elles trouvent que c'est une justification pour leur dignité personnelles, me fit-il observer. Il n'y a pas de mal à ça ; de toute façon, la plupart auront besoin d'un grand stock d'illusions pour passer à travers ce qui les attend. Mais une femme effectivement amoureuse, c'est une toute tout autre question. Elle vit dans un monde où toutes les perspectives anciennes ont changé. Elle porte des oeillères et n'a plus qu'un idéal en tête. On ne peut plus lui faire confiance. Elle sacrifierait tout, elle comprise, à une seule et unique fidélité. De son point de vue, elle est tout à fait logique ; pour autrui, cela parait proche de la démence ; socialement parlant, c'est dangereux. Quand, de plus, il faut surmonter et peut-être expier un sentiment de culpabilité, cela ne peut manquer d'être mauvais pour quelqu'un.
Les règles de ce monde se révélaient très déroutantes. Au cours de mes dix années, je m'étais fabriqué une moralité de bric et de broc constituée de divers fragments amassés à l'église, à travers mes parents, par mes leçons, au gré de mes rencontres avec les autres enfants et de mes aventures, mais tout ceci demeurait vague, insuffisant pour me guider. Lorsque je faisais quelque chose de mal, je ne disposais d'aucun autre critère que la punition subséquente pour m'indiquer si j'avais commis une énormité ou une peccadille. Les morceaux de ce que je savais ne s'imbriquaient pas encore assez pour m'aider à agir. Le mieux que je pouvais faire en l'état était de m'en tenir à ce que je comprenais - par exemple : une promesse est une promesse. Cela, au moins, était clair et net.
La vie est transformation, c'est en cela qu'elle diffère des roches et de la matière inanimée : le changement fait partie intrinsèque de sa nature.
documentaire de la BBC, en anglais non sous-titré, sur John Wyndham et sa carrière.