Il fallait bien une thématique du mois pour me faire ressortir un roman lu il y a certainement vingt ans ! Et ce roman, écrit en 1987, je l'avais déjà lu deux fois….mais il était tentant de voir si le sentiment d'appréciation était encore le même
après autant d'années. Et assurément, la réponse est oui ! Mon souvenir de la chronologie des événements était certes un peu flou mais c'est avec beaucoup de plaisir que j'ai redécouvert cette histoire emballante.
1973, Connecticut. Amy Kaslov, huit ans, habite un appartement miteux dans un quartier défavorisé avec une mère alcoolique et un père violent, lorsqu'il n'est pas carrément absent. La petite démontre un certain don dès son jeune âge mais plus les actes de violence augmentent, plus celui-ci semble s'accroître. Amy ne comprend pas tellement comment « le vent froid qui happe son esprit subitement » survient et comment il s'arrête. Mais en cas de stress intense, comme ce qui va lui arriver dès le début du récit, son don se manifeste sans qu'elle puisse le contrôler. Elle tient peut-être un peu cela dans ses gènes puisque son oncle Jonathan – qu'elle n'a jamais rencontré parce qu'il a passé la plus grande partie de sa vie en hôpital psychiatrique – possède pour sa part un don poussé de télépathie. Celui d'Amy, toutefois, la domination mentale, est beaucoup plus rare. Elle ne peut déplacer d'objets par la pensée, mais elle peut faire agir quelqu'un comme si c'était lui l'objet, selon ce que sa pensée lui commande. C'est autrement plus puissant et dangereux que la télépathie.
« Imagine les dégâts qu'un homme capable de dominer mentalement les autres pourrait faire dans des négociations internationales, ou s'il était infiltré à la direction de l'OTAN. le problème, avec la domination mentale, est le même qu'avec la guerre bactériologique, ou la guerre des gaz : c'est une arme redoutable, tant que le vent ne change pas de direction. »
L'histoire d'Amy est vraiment prenante. C'est une petite fille somme toute normale, la plupart du temps, qui ne demande rien à personne. Elle est gentille, très brillante, honnête, intègre et belle comme un coeur, mais se défend en cas de besoin. Elle utilise son pouvoir seulement lorsque cela devient une nécessité et lorsque c'est mérité.
« Sa grand-mère lui avait expliqué un jour que la vie était belle, mais parsemée de petits crimes. Des transgressions, disait-elle. Elle pouvait encore entendre la voix frêle, aigüe, de la vieille dame : "Et chaque transgression doit être punie, sinon elles se multiplieront comme la mauvaise herbe au printemps". »
Tout le récit se déroule pendant son enfance. On y rencontre plusieurs personnages attachants; dont Joe Levin, le policier qui recueille la petite au sein de sa famille, sa femme Jeannie et leur fille Greta, du même âge qu'Amy; et d'autres que l'on déteste royalement, comme Paulie, le fils des Levin. Il est intéressant de trouver des personnages aimables et détestables au sein d'un même clan, de les voir interagir ensemble.
Jonathan, l'oncle télépathe, tient quant à lui un rôle important, même s'il n'entre pas en contact direct avec la fillette. C'est un homme qui nous est sympathique. Il sera le lien entre Amy, le Dr. Moran et le Dr. Hall, les deux psychiatres impliqués qui se pencheront de près ou de loin sur son cas.
« Nous savons qu'ils étudient actuellement en Russie un homme qui peut allumer des lampes par la pensée, ainsi qu'une femme qui enflamme des allumettes et déplace des objets de métal sans faire un seul geste. Les Russes sont des menteurs, des assassins, tout ce que tu veux, mais pas des plaisantins dans ce domaine-là. Nous-mêmes avons dans notre pays un homme, un ancien flic, qui peut décrire dans le détail des endroits où il n'a jamais mis les pieds. On a tout fait pour démontrer que c'est une supercherie, mais son don est parfaitement authentique. Alors pourquoi ta fillette ne transmettrait-elle pas à distance, elle aussi ? »
« - Réfléchis un instant,
Charlie. Tu crois sérieusement qu'une fillette de huit ans pourrait s'opposer victorieusement à un adulte dans la force de l'âge ?
- Je crois que CETTE fillette pourrait détruire n'importe qui ou n'importe quoi sur terre si elle le voulait. »
J'ai trouvé certaines situations grotesques au début (en lien avec le travail des policiers) et parfois la réaction exagérée des médecins en présence d'Amy, mais à part ces petits épisodes, le gros de l'histoire est bon et ça se tient. Une partie pourrait être prévisible mais la toute fin (les dernières pages) est plutôt étonnante, on ne la voit pas venir, ce qui est un plus à mon avis. La chute est peut-être seulement un peu trop abrupte...
C'est un roman très bien rédigé dans l'ensemble, plutôt raconté à la troisième personne, dont chaque personnage est bien campé également. Je trouve que c'est un roman qui avance, qui ne piétine pas, qui ne tourne pas en rond et qui traite plus de parapsychologie que d'horreur, en fait. Rien n'est effrayant, je ne pense pas que le but soit d'ailleurs de faire peur. Mais c'est captivant du début à la fin. Si vous avez aimé les
Carrie et les
Charlie de
Stephen King, celui-ci pourrait probablement vous plaire aussi. Dans la veine des jeunes marginaux sans défense aux pouvoirs parapsychiques.
Un petit thriller qui se dévore vite ! Si vous le trouvez quelque part, lisez-le, il en vaut la peine et on ne s'ennuie pas !
CHALLENGE USA
LECTURE THÉMATIQUE DU MOIS : UN PRÉNOM DANS LE TITRE (SAISON 2)