Grande admiratrice de
Jane Austen,
Laurie Viera Rigler s'est lancée à son tour, entre deux relectures de l'oeuvre de l'anglaise, dans l'écriture de deux romans qui se veulent divertissants et ne manqueront pas de faire plaisir aux fans d'
Orgueil et préjugés et compagnie.
Un voyage dans le temps sans prétention, bien documenté historiquement parlant, souvent drôle et parfois attachant. Ce n'est pas un sans faute et ce n'est pas une lecture inoubliable mais Confessions d'une fan de
Jane Austen est une romance agréable à parcourir l'été, bien installé sur la chaise longue.
Le postulat de base est simple : une jeune trentenaire américaine du XXIe siècle se retrouve du jour au lendemain dans la peau d'une anglaise au début du XIXe siècle. Seulement deux siècles d'écart, mais c'est tout un quotidien auquel réapprendre à s'adapter.
Contrairement à l'héroïne de la mini-série Lost in Austen à laquelle je n'avais pas du tout réussi à m'attacher tant elle est gauche et grossière, Courtney est ici une jeune femme assez posée qui utilise son amour pour
Jane Austen - et donc ses connaissances du contexte des romans - pour entrer au mieux dans la peau d'une certaine Jane Mansfield, trentenaire de bonne famille n'ayant malheureusement pas encore trouvé un mari, au grand désespoir de son acariâtre mère. Il lui faut un petit temps pour s'adapter à sa nouvelle vie, elle fait quelques petites erreurs - de langage notamment - dans les premiers temps mais elle s'en sort finalement assez bien. Et c'est crédible. Contrairement à l'héroïne de la mini-série, soi-disant immense fan de l'oeuvre d'Austen mais qui ne peut pas mettre un pied devant l'autre sans faire une bourde incommensurable.
J'ai donc pris plaisir à suivre cette américaine contemporaine dans cette Angleterre Régence. Courtney/Jane n'est pas une figure très marquante (je ne me souviendrai bientôt plus d'elle) mais elle fait partie de ces héroïnes qui parviennent à me convaincre grâce à leur caractère réfléchi et posé avec une toute petite pointe de rébellion quand il le faut. J'ai été assez touchée par son passé amoureux que l'on découvre bribe après bribe grâce à ses souvenirs du XXIe siècle. Son histoire douloureuse est peut-être un peu exagérée mais je me suis reconnue en elle (donc ce n'est pas si cliché que ça), j'ai donc compris ses doutes, ses angoisses et ses espoirs de nouveau départ dans un contexte plus ou moins rêvé.
Plus ou moins rêvé, c'est le moins que l'on puisse dire. Les romans et les adaptations fidèles de
Jane Austen laissent présager quelques difficultés à la vie de l'époque mais aucun d'eux ne s'attardent sur les réels désagréments du quotidien au début du XIXe siècle... et Courtney en fait très vite les frais ! Hygiène assez approximative (quelles bonnes odeurs corporelles !), pas d'eau courante, pas de toilettes (vive le pot de chambre !), tenues vestimentaires horriblement inconfortables et impossibles à enfiler seule...
Notre pauvre héroïne fera face à une réalité historique assez bien rendue ici et comprendra avec une certaine intensité, les problèmes rencontrés par une femme au temps de
Jane Austen. Un peu féministe dans l'âme, Courtney manquera de peu de créer des scandales dans cette société patriarcale et de mettre en place des syndicats pour améliorer les conditions de vie de ses domestiques.
Laurie Viera Rigler s'est renseignée et s'est entourée d'historiens spécialistes, ce qui se ressent à la lecture et permet une certaine tranquillité d'esprit pour les personnes un peu tatillonnes (moi la première, je déteste lever les yeux au ciel en tombant sur un anachronisme dans un roman dit historique).
Evidemment, Courtney/Jane ne va pas se contenter de rester auprès de sa mère insupportable et de son discret père (un Mr Bennet bis), elle va devoir apparaître en société et apprendre à évoluer auprès de personnes plus ou moins connues (surtout moins pour elle, étant donné qu'elle ne possède aucun souvenir de Jane).
Si la soeur et le frère Edgeworth sont sympathiques à découvrir, la première pour sa bonhomie et sa gentillesse naturelle, le second en tant que sérieux prétendant ; ils restent tout de même assez fades. Finalement, les personnages secondaires sont assez bien croqués, agréables à côtoyer mais vraiment pas inoubliables, notamment Charles Edgeworth qui ne m'a fait ni chaud ni froid et qui manque de charisme, à mon humble avis. Dommage !
Laurie Viera Rigler offre aux fans de
Jane Austen l'occasion de rencontrer la jeune femme dans le Londres de l'époque puisque son héroïne, tendant l'oreille lors d'une conversation, perçoit le nom de son auteure préférée et lui donne presque la chasse dans les rues de la capitale. La conversation est un peu décousue et je ne suis pas sûre d'avoir véritablement apprécier les réactions de miss Austen mais je remercie tout de même l'auteure, juste pour le clin d'oeil.
Le dernier point à aborder au sujet de ce premier tome relève du voyage dans le temps et de son aspect science-fiction. Les dernières pages nous offrent un semblant d'explication à ce phénomène pour le moins surprenant mais je ne suis pas sûre d'avoir tout compris, le deuxième tome baptisé Tribulations d'une fan de
Jane Austen - qui prend le problème à l'envers puisque cette fois, Jane se réveille dans le corps de Courtney dans le Los Angeles du XXIe siècle - m'apportera peut-être quelques précisions. Ou peut-être pas du tout.
Peut-être qu'il faut simplement accepter les choses sans trop se poser de questions. C'est d'ailleurs ce que j'ai fait lors de ma lecture de ce premier tome, laissant de côté ma curiosité, j'ai juste profité de l'aventure de Courtney dans le corps de Jane et j'ai passé un bon moment. C'est bien le principal.
Un roman para-austenien qui permet de prolonger un peu le voyage dans l'Angleterre du début du XIXe siècle.
Laurie Viera Rigler est une passionnée de l'auteure, elle nous le fait sentir au fil des pages et ne manque jamais d'insérer un trait d'humour pour rendre la lecture encore plus divertissante. C'est un joli cadeau sans prétention qu'elle offre là aux admirateurs de
Jane Austen.
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