J'ai bien du mal à comprendre le prix Fémina attribué à
Chaos Calme de Sandro Veronese. Car « m'enfin », c'est bien Pietro
Paladini qui est le personnage central de ce livre, et non les jeunes femmes, son épouse Lara, sa soeur Marta, ou la somptueuse Eleonora Simoncini.
Cette dernière est bien l'une des deux jeunes femmes sauvée par Pietro alors qu'elle se noyait sous l'oeil benêt de son mari; de cette entrée en scène et du décès accidentel au même instant de Lara, Pietro en concevra une blessure, qui m'a semblé se dissiper bien vite.
Malgré le deuil qui frappe Pietro et sa fille Claudia, l'auteur nous offre, avec la somptueuse Eleonora Simoncini, 18 pages de fièvre torride, totalement explicite, d'une intensité à faire se dresser sur la tête, la tonsure d'un cardinal napolitain.
Je pensais que le passé de Lara serait exploré, autant pour faire vivre auprès de la très jeune orpheline quelques images fortes de la vie de sa maman, que pour la câliner et la rassurer, "oui c'était un accident nous n'y sommes pour rien."
Ce sujet est brièvement traité , le papa l'esquivant, par respect pour Lara, ou pour s'abstenir de découvrir une fâcheuse double vie. Lara n'était pas heureuse ? Piétro lira ce seul mail, p155 " Je te bénis Lara , d'avoir été à mes côtés" signé Gianni!
D'un clic le courrier de Lara n'existe plus. Fin de la 1ère partie.
N'ayant pas trouvé d'autres motifs, pour saluer le prix Fémina, je me suis mis, en perspective sur l'autre versant de ce roman l'immobilité de Pietro, son deuil, sa recherche d'une reconstruction pour rester tous les jours en contact avec sa fille, bref, devenir un vrai père
Sa voiture garée au bas de l'école va être adoptée par les passants, la police, la famille et surtout l'entreprise en pleine fusion. Ce point de rencontre va être une curiosité, puis s'installer dans un rôle de confessionnal et enfin atteindre l'antichambre du pouvoir.
C'est Marta qui ouvre le bal des palabres qui se tiendront sur le divan de la voiture de Pietro. Marta viendra titiller le beau frère, l'ancien amant, le confident de toujours, Pietro ne dira jamais si la Reconquista sera possible, le coeur de Pietro est bien un coeur d'artichaut, qui a sans aucun doute des facilités à roucouler.
La venue de Jean Claude puis du chef du Personnel, signent la savoureuse farandole des dirigeants. Ils seront tous intrigués par l'attitude de leur poulain. Plus Pietro repousse les offres plus celles ci deviennent alléchantes particulièrement aptes à offrir à Claudia un avenir sympathique et sécurisé. Son renoncement souligne l'envie qu'il a enfin de vivre la vrai vie.
Le confessionnal sera le lieu d'une rencontre décisive entre Steiner et Pietro
Paladini, mais curieusement le motif ne sera pas centré sur la fusion en cours mais sur la Shoah ?
C'est l'une des subtilités du livre, susciter en permanence les contre-pieds, et déstabiliser le lecteur. J'ai adoré cette partie du roman ou les acteurs s'observent se jaugent, un festival de manoeuvres, un poker subtil dont notre héros sortiras grandi. J'ai regretté des longueurs, qui ralentissent, la lecture sans améliorer le suspens.
La fiction me semble t-il abandonne trop tôt Lara à son paradis, petit fantôme qui apparaît de temps en temps et assez curieusement à la dernière ligne du livre : « et maintenant vous voulez bien me passer Lara », m'a semblé un peu court pour rendre à Lara une épaisseur romanesque.