New York, années 90, Max Mingus détective privé est contacté pour résoudre la disparition d'un enfant remontant déjà à deux ans : Charlie âgé alors de trois ans a été enlevé lors d'une émeute à Port-au-Prince. Son client, le père de Charlie, un homme fortuné, propose à
Mingus un gros pactole mais lui lance un ultimatum, il n'a que quelques heures pour accepter ou refuser la mission. ..
Brusque réveil pour notre détective qui vient juste de recouvrer sa liberté après un long séjour à la prison de Rikers Island où il a purgé une peine pour homicide.
Une enquête qui semble complexe et dangereuse, ces prédécesseurs ont échoué et se sont volatilisés, le seul encore en vie est secoué, abîmé, brisé.
Mais Max Mingus n'a plus rien à perdre, désabusé, déprimé, anéanti par la perte de sa femme dont il n' a pas encore fait le deuil, en lutte avec des fantômes qu'il ne peut chasser, obsédé par un psychopathe qui veut lui faire la peau, il se lance dans cette affaire. Mieux vaut être payé pour chercher la vérité, que végéter chez lui à Miami sans argent et garder le profil d'un ex-taulard déboussolé!
Après une enquête de courtoisie à Little Haïti à la recherche de quelques contacts et indices, il part sur les traces de
Tonton Clarinette, ou Mr Clarinette, le voleur d'enfants, le croque-mitaine de Baron Samedi, le dieu, le loa de la mort. Une légende assez récente, une vingtaine d'années, selon les informations recueillies auprès d'un prêtre Haïtien avant le départ. Une vingtaine d'année, tiens tiens cela tombe en plein sur la dictature des Duvalier (1957-1986), règne du sang et de l'argent, et de ses tontons macoutes.
Une enquête musclée, j'ai adoré.
En premier lieu, le profil atypique de Max Mingus, ex-policier, ex-taulard, et détective privé.
Puis, l'intrigue qui permet aux lecteurs une descente aux enfers dans l'un des plus grands bidonvilles de Port-au Prince, la Cité Soleil, un cloaque à ciel ouvert.
Ensuite le décor, l'atmosphère, l'immersion dans les pratiques vaudous.
Et surtout le style, l'écriture de
Nick Stone et sa façon d' évoquer la dualité de toutes choses, de la vie, de l'être vivant, mais aussi celle de l'économie et de la géographie d' Hispaniola, d'un côté Haïti, désert aride, enfer à ciel ouvert, de l'autre, la République dominicaine, un oasis tropical, déjà paradis de touristes … et l'éternelle lutte entre le Bien et le Mal aux frontières vacillantes.
Une enquête se déroulant en décembre 1996 dans un pays survolté, en plein chaos économique, gangrené par la corruption et les trafics illégaux et, un Port-au Prince en pleine ébullition politique (« Ti-René », René Préval président élu a succèdé à Aristide) avec toujours la présence des soldats américains et autres forces de l'ONU pour soutenir la « transition démocratique »... mais pas de panique Max Mingus est un dur à cuire et entre de bonnes mains, les soirs de cafard pour chasser ses idées noires... il retrouve son bar pour descendre du Barbancourt!
"Baron Samedi noir et blanc
Me regarde en souriant
J'entends l'appel des tambours
Les chansons vaudou m'entourent
Suis-je encore mort ou vivant?
Je n'en sais rien pour l'instant
Suis-je encore vivant ou mort?"
Max Mingus aurait pu fredonner ces paroles de
Bernard Lavilliers…
J'ai dévoré cette enquête dans la chaleur torride de Haïti, une très bonne lecture où péripéties et rebondissements permettent une incursion dans la société et la culture d'un pays et qui, par bien des côtés, m'a rappelé le
Zulu de
Caryl Férey.
Un polar stimulant qui donne vraiment envie de plonger dans l'oeuvre de
Nick Stone en partant sur les traces de Max Mingus avec
Voodoo Land et
Cuba libre...
Tonton Clarinette un polar noir, sombre et social. Une enquête aux relents méphitiques.
Une inspiration authentique.
Nick Stone est originaire de par sa mère de l'une des plus anciennes familles haïtiennes...
Un polar addictif, éprouvant, instructif et décoiffant que je conseille.
Une très bonne pioche! Et une belle première rencontre avec
Nick Stone.
"Haïti est sur la faille
On peut y voir ses entrailles
La nuit monte! " ...