Dans ce monde en folie
Qui nous montrait du doigt,
nous stigmatisait, nous reniait
nous insultait et nous frappait
Nous avions toutes rêvé un jour
de quitter le couteau qui nous servait d'appendice
donné à la naissance comme par erreur
Nous étions la Meute en colère,
Nous étions les Reines de la fête,
Nous étions les Orphelines,
Nous étions
les Vilaines
Le Parlement hongrois a voté le 15 juin 2021 une loi visant à interdire la promotion de l'homosexualité ou du changement de sexe auprès des mineurs.
Elle entrera en vigueur ce jeudi 8 juillet 2021 malgré les protestations qui ont été soulevées dans toute l'Europe.
La loi adoptée en juin 2021 prévoit que la pornographie et les contenus qui représentent la sexualité ou promeuvent la déviation de l'identité de genre, le changement de sexe et l'homosexualité ne doivent pas être accessibles aux moins de 18 ans.
Ces éléments seront introduits dans les lois suivantes : loi de protection des enfants, loi sur les activités publicitaires des entreprises, loi sur les médias (tout contenu de ce type relèvera de la catégorie V – inapproprié pour les enfants – et la publication de tels contenus sera interdite dans les annonces des services publics), loi de protection de la famille et loi sur l'éducation publique (de tels sujets ne pourront faire partie de l'éducation sexuelle et les écoles ne peuvent inviter ni intervenants extérieurs ni ONG à des fins d'éducation à la culture sexuelle, à la vie sexuelle, à l'orientation sexuelle ou au développement sexuel).
Concrètement, les programmes éducatifs, les productions culturelles ou les publicités d'entreprises démontrant une solidarité avec la cause LGBT ne devraient plus être autorisés. Les personnes qui violent ces règles s'exposeront à une amende ou à une suspension de leurs émissions, regrette
Amnesty International.
Le texte de la loi est, à dessein, très ambigu, analyse le représentant du comité Helsinki (HHC) Zsolt Szekeres dans des propos rapportés par l'AFP. Les cours d'éducation sexuelle devront être assurés par des organisations agréées par l'État et devront respecter l'identité constitutionnelle du pays et sa culture chrétienne.
Mais au-delà, toutes les actions pour dénoncer les actes homophobes ou transphobes dans la rue pourraient être interdites. Comment m'assurer que ce que je vais dire n'arrivera pas aux oreilles de quelqu'un de moins de 18 ans, qu'un enfant ne passera pas dans la rue lors d'une Gay Pride ?, se demande ainsi Zsolt Szekeres, représentant du comité Helsinki (HHC), une organisation de défense des droits humains.
Rappel:
En mai 2020, le Parlement hongrois avait déjà adopté une loi interdisant la reconnaissance de l'identité de genre des personnes transgenres et intersexuées à l'état civil en Hongrie. Il introduisait la notion de sexe à la naissance défini comme le sexe biologique dans la loi.
En décembre 2020, l'adoption par des couples de même sexe avait été interdite et la notion traditionnelle de genre inscrite dans la Constitution. Cette dernière stipule désormais que la mère doit être une femme et que le père doit être un homme.
"Nous les oubliées nous n'avons plus de nom
C'est comme si nous n'avions jamais été là."
Premier Roman écrit en langue espagnole en 2015 par l'Argentine
Camila Sosa Villada, femme comme elle le revendique haut et fort, qui a vécu elle-même cette vie de reine de la nuit et de paria.
Sans fioritures, parfois crûment, l'Auteure nous raconte ici son histoire,
celle de Camila, la narratrice qui trouve un temps refuge auprès de la communauté Trans du parc Sarmiento, à Córdoba, sous un arbre symbolique de la protection offerte par Tante Encarna et par les fourrés qu'il offre pour les cacher des regards.
Auprès d'une meute qui peut aussi bien se bouffer le nez entre elles après avoir ri de concert que faire face ensemble lorsqu'un danger se présente, qu'il vienne d'un client violent, de la police, d'autres soeurs prises de folie.
Une écriture à la symbolique empreinte d'onirisme poétique nous en présente quelques unes :
Maria, emprisonnée dans son handicap de sourde et muette, devient par souffrance et par douleur une femme oiseau si petite qu'elle peut tenir dans la main d'un enfant: - Eclat des Yeux, trouvé en forêt, abandonné sous des feuilles mortes pour qu'il y connaisse le même sort, adopté par Encarna et par la communauté, il deviendra leur sève, leur oracle, leur lien, leur enfant.
Natali se transformant en louve-garou les nuits de pleine lune, qu'il faut enfermer et enchaîner pour que sa fureur se calme
Et bien sûr, Tante Encarna, plus que centenaire, la Mère de substitution qui accueille en son sein gonflé d'huile de moteur d'avion, toutes ces orphelines avant de se consacrer totalement à l'enfant miraculé.
Parallèlement, Camila, la narratrice, l'Auteure, nous parle de sa propre enfance, comment elle s'est réveillée dans un sexe qui n'était pas son âme et comment elle a galéré, rejetée par sa propre famille.
Il s'agit ici aussi des femmes qu'elle a côtoyées, toutes ayant une histoire différente, avec un point commun: être rejetées par leur corps d'abord, leur famille et par la société ensuite.
Camila nous raconte la protection, la solidarité qu'elle a trouvées un temps auprès de la communauté Trans toute jeune débarquant de sa province, prise sous l'aile protectrice d'Encarna, leur mère d'adoption.
Et comment cette communauté a volé en éclats lorsque les autorités ont décidé de fermer le parc, comment Eclat des yeux (l'enfant) a atterri dans leur vie à toutes, les unissant encore plus, elles qui ne pouvaient donner naissance, couteau entre les jambes.
Comment celui-ci a grandi au milieu d'elles toutes et comment cela a fini.
"Nous les oubliées nous n'avons plus de nom
C'est comme si nous n'avions jamais été là."
Ne les oubliez pas - les différences font peur certes, elles dérangent
Quand commence-t-on à devenir différent au regard des autres ?
Pourquoi ces différences quelles qu'elles soient devraient elles être pourchassées, bannies, punies - tant qu'elles ne font pas de tort,
de mal aux autres je n'en vois pas la raison, personnellement.
Ce roman a reçu en 2020 le prix Sor Juana Inés de la Cruz, du nom de la Poétesse des Amériques qui incarne aujourd'hui un certain archétype de la femme savante, indépendante et féministe.
- À une époque où les études supérieures étaient réservées aux hommes, cette femme a envisagé de se travestir pour écarter cet obstacle.
Sor Juana Inés de la Cruz, aurait vécu pendant la seconde moitié du XVIIe siècle au Mexique. Malgré son succès, elle s'est retirée dans un couvent pour dédier sa vie à l'art et à l'écriture.
Les Vilaines, publié en français en janvier 2021 a reçu le grand prix de l'Héroïne 2021 Madame Figaro Magazine.
Un témoignage fort et émouvant plutôt qu'un Manifeste.
Il nous permet d'appréhender un monde étrange, différent,
rempli des fureurs, des douleurs, des pleurs & des rires des "Trans"
Et d'essayer de comprendre plutôt que d'en avoir peur et de le rejeter.
"Una canción es una herida de amor que nos abrieron las cosas"
Gabriela Mistral
" le Parc est un espace rempli d'arbres qui ont poussé tout seuls, ils se sont retrouvés là par hasard et ont développé des racines profondes, ils sont un refuge naturel pour les oiseaux. Et également pour les prostituées Trans
qui sont aussi nécessaires que les arbres.
Je les vois de loin riant aux éclats. Celle qui rit le plus c'est Tante Encarna --
Moi je répétais encore Camila, Camila, et elle souriait, elle trouvait que c'était un très joli prénom, très féminin mais moi je savais ce que mon prénom signifiait : celle qui offre des sacrifices."
C'est en raison de l'actualité que j'ai choisi de lire ce roman maintenant
pour mieux comprendre et ---
Il est fini le temps des sacrifices
Enfin, je l'espère sincèrement.