2ème tome de la nouvelle pentalogie d'
Aki Shimazaki, "
Sémi" propose une approche touchante de la maladie d'Alzheimer. C'est grave et léger à la fois et sans pathos, écrit avec cette simplicité pleine de charme qui est une des marques de fabrique de l'auteure.
Un homme dont l'épouse est atteinte par ce mal, découvre avec surprise des pans obscurs de la vie de celle-ci. C'est l'occasion d'un bilan sur leur mariage, d'une remise en question peut-être, en tout cas d'une surprise.
Cet argument développe deux jolies idées, quoique pas nouvelles : la première c'est que par un paradoxe audacieux la maladie de la mémoire devient un outil de connaissance du passé. La deuxième c'est la démarche du mari qui, redevenu le fiancé de sa femme, entreprend de la reconquérir.
Enfin comme d'habitude le lien avec un élément de la nature, ici la cigale, "
sémi", file plusieurs métaphores : le passé enfoui longtemps qui ressurgit, la nouvelle vie éphémère sans doute mais heureuse d'une femme réduite pendant des décennies à une existence au service des autres... Plusieurs pistes d'interprétations s'offrent ainsi au lecteur.
Un petit regret : le récit ménage une confrontation avec un autre personnage qui découvre lui aussi le secret de sa naissance. J'espérais que le parallèle soit mieux exploité mais il demeure à l'état de variation sur le même thème. En tout cas on commence bien à entrevoir le fil conducteur de cette nouvelle fresque romanesque : des secrets de naissances. J'attends le suivant en anticipant le plaisir de découvrir ce qu'aura imaginé l'auteure, feconde en retournements de situations.
Personnellement ce livre a éveillé plusieurs échos en moi : le film "N'oublie jamais" dans lequel un mari, pour la reconquérir, relit chaque jour à son épouse malade l'histoire de leur amour. Et un très malin et brillant roman de
Martin Suter, "
Small World", où la maladie de l'employé d'une famille de notables respectables fait ressurgir de vieux souvenirs enfouis dans un passé ancien et révèle des secrets délétères soigneusement cachés.