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Yves Bonnefoy (Traducteur)Gisèle Venet (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070409457
528 pages
Gallimard (25/11/1999)
3.66/5   134 notes
Résumé :
Il s'agit là, rapprochant les deux langues, de traverser une fois encore ce texte qui se donne comme essentiellement fardé, costumé, d'aventures romaines, médiévales ou renaissantes, mais dont la lettre, quand on l'ouvre, renvoie inlassablement aux mêmes apories et aux mêmes vertiges. Cette pièce est une histoire d'amour et de guerre où les deux thèmes entrecroisés sont indémêlables, nourris, permis l'un par l'autre. C'est l'histoire d'un sujet - Antoine - entre son... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Voilà une pièce dont j'ai beaucoup aimé les trois premiers actes, mais dont les deux derniers m'ont plutôt ennuyé.

William Shakespeare n'a pas la tâche facile : il doit faire rentrer dans sa pièce en cinq actes l'ensemble des relations entre Octave, Marc-Antoine et Cléopâtre. Comme matière première, il ne choisit pas l'auteur antique le moins loquace ; Plutarque était évidemment un choix désigné du fait de son récit sur la Vie d'Antoine. Shakespeare aurait eu plus de latitude s'il s'était basé sur Suétone qui ne consacre que quelques pages à toute cette histoire.
Cela dit, je ne m'attendais pas à ce que Shakespeare marque autant Plutarque à la culotte. J'ai lu la réédition des traductions de François-Victor Hugo qui, chaque fois que cela s'imposait, ajoutait en note le texte de Plutarque correspondant à la prose du dramaturge. C'est tellement proche que l'on peut parler de la pièce de Shakespeare comme d'une adaptation théâtrale. le fond historique est donc solide.

Shakespeare a donc beaucoup de péripéties à raconter et peu de degrés de liberté. Il parvient à tirer son épingle sur les trois premiers actes, à mon humble avis. Il prend le temps de mettre de lui-même, de son humour anglais, par exemple dans la scène savoureuse où les suivantes de Cléopâtre consultent un devin pour connaître leur avenir, ou dans celle où, après avoir âprement discuté politique et s'être réconciliés, Octave (toujours nommé César), Lépide et Antoine, les trois triumvirs, accompagnés de leur ennemi Sextus Pompée (fils du grand Pompée) se bourrent carrément la gueule (sauf Octave qui n'est pas loin d'être stoïcien).
Mais les actes passent et il y a tant à dire. Les deux derniers actes qui content la guerre Octave-Antoine sur mer et sur terre, la défaite et la mort d'Antoine puis la mort de Cléopâtre, sont longs et pourtant les événements s'y déroulent à bride abattue tellement Plutarque les a détaillés. Plus le temps d'improviser là. Il s'agit de tout dire, avec de la prose de qualité mais limitée par l'exercice imposé par Plutarque.

Shakespeare, et le lecteur, n'ont pas de chance non plus avec la caractérisation d'Antoine et surtout de Cléopâtre que Plutarque inflige. Si Antoine s'en sort assez bien sur les trois premiers actes, résistant difficilement à l'attrait de la belle égyptienne pour s'occuper de son empire, son comportement devient imprévisible après la première défaite navale d'Actium. Tout à tour défait et déprimé, puis retrouvant force et courage, puis haïssant Cléopâtre qu'il estime l'avoir trahi, puis l'adorant.
Cléopâtre n'a de son côté aucune profondeur ; c'est une coque amoureuse et capricieuse à en devenir agaçante. Cela donne quand même lieu à quelques scènes assez amusantes. Après la mort d'Antoine elle se jette aux pieds d'Octave, puis décide de se tuer non pour rejoindre son aimé, mais pour éviter l'humiliation d'être ramenée à Rome comme un simple trophée. le personnage était autrement plus riche, mélange plus détonnant d'amour et de calcul politique, dans le film de Mankiewicz avec Elizabeth Taylor. Mais Shakespeare n'a guère le choix s'il suit Plutarque. C'est peut-être là un tort.

Je me demande comment Colleen McCullough a traité le sujet dans son roman…
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Dans l'ensemble, j'ai trouvé cette lecture assez ennuyeuse. Je me suis rendue compte que je n'en savais pas assez sur cette période de l'histoire et sans contexte historique il est facile de se perdre dans la succession rapide des scènes.

Je ne pense pas avoir pu me faire une bonne idée des personnages d'Antoine et de Cléopâtre. Par contre, j'ai bien envie de me plonger dans le dernier livre de Maurice Sartre sur le destin de la femme la plus célèbre de l'Antiquité.

J'ai de loin préféré Macbeth.


Challenge SOLIDAIRE 2019
Challenge livre historique 2019
Challenge multi-défis 2019
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Lecture compliquée...
Cela fait longtemps que je n'ai pas lu de Shakespeare. Et je ne me souvenais pas que ça m'ait été aussi difficile.

Après, l'histoire d'Antoine et Cléopâtre, c'est spécial. C'est une histoire "vraie", écrite par le vainqueur, à savoir Octave. Or donc comme on le sait la propagande est une spécialité romaine (et de tout politique), et le vainqueur écrit ce qu'il veut que L Histoire se souvienne... Il était donc facile de faire passer Cléopâtre pour une sorcière lâche et dépravée et Antoine pour un "ensorcelé" qui se vautre dans la débauche, histoire de valoriser ce qui n'était qu'une question de rivalité politique et de pouvoir qu'il ne voulait pas partager avec un homme au prestige trop grand pour son bien, suite à ses nombreuses victoires militaires... Antoine pouvait briguer le pouvoir absolu, Octave le voulait (c'est quand même lui, de base, qui s'est débarrassé de Lépide et de Pompée), ça ne pouvait que mal finir.

De même que "l'amour" entre Antoine et Cléopâtre n'était sans doute qu'un arrangement politique, comme tous les mariages "en haut lieu" de l'époque, l'Egypte étant un "grenier" de ressources non négligeable pour lui et son armée. Cléopâtre avait des atouts, trop d'ambition, et s'en est servi avec pas mal d'intelligence et de finesse, de mon point de vue, même si cela l'a menée à la mort. Elle n'a pas choisi le bon cheval, c'est sa seule erreur, mais avait-elle le choix, vu qu'elle faisait partie des états-clients octroyés à Marc-Antoine lors du premier "partage" ?

Il semblerait que dans cette pièce, Shakespeare ait "paraphrasé" Plutarque, mais je ne connais pas Plutarque.
Je ne peux donc que regretter ce qu'il a fait de Cléopâtre, qui m'a grandement agacée dans cette pièce. Je pense qu'elle était politiquement beaucoup plus fine que ce qu'on en voit, que c'est ainsi qu'elle a pris de l'importance aux côtés de Marc-Antoine. Ici elle n'est qu'un minable faire-valoir, uniquement préoccupée "d'amour", manipulée, avec tous les défauts imaginables d'une femme amoureuse, jalouse et pas lucide. Or je pense qu'elle l'était trop pour son bien, lucide. Bref aucune de ses répliques ne sonne juste... Une vraie catastrophe. Pareil pour Antoine, qu'un grand général se transforme en mollusque trop épris et pleurnichard, c'est complètement inepte, et c'est donc à grand renfort de répliques disant qu'il est sous la coupe de Cléopâtre que Shakespeare essaie de nous convaincre que c'est possible. En vain, en ce qui me concerne. Certes l'Histoire (et donc Octave) lui donne raison, mais j'ai du mal...

Ce qui est génial dans Shakespeare, d'habitude, c'est son habileté "psychologique". Je n'ai rien retrouvé de ce talent ici. ça sonne creux. le seul intérêt de cette pièces c'est que le déroulement historique est juste. Mais c'est tout. Il y a trop d'événements, pas assez de "déroulé" psychologique.
Du coup je me suis franchement ennuyée dans les deux premiers actes, un peu plus intéressée dans les suivants, mais ça ne vaut pas un Hamlet, un Roi Lear ou un Macbeth.
S'il a repris une pièce déjà écrite, ça s'explique. Mais bon, pour une reprise de contact avec Shakespeare, je ne peux être que déçue... La traduction de F.V. Hugo n'est sans doute pas au top, en plus, il y a des expressions complètement étranges, on dirait du mot à mot de l'anglais, sans le "vrai" travail d'adaptation que se doit de faire tout bon traducteur. Dommage...
Pas génial.

J'espère que Titus Andronicus ou les autres pièces du livre que j'ai acheté seront meilleures. Je n'en connais aucune, ça tombe bien.
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Je ne vais pas prétendre pouvoir livrer un avis pertinent et constructif sur cette pièce, je n'ai pas le bagage culturel et historique suffisants pour cela. Je n'ai pas encore lu leurs avis mais je pense que certains de mes camarades babéliotes, BazaR et Tatooa notamment, ont sans doute livré des réflexions intéressantes sur ce « Antoine et Cléopâtre ». Je me contenterai de livrer un ressenti de lecture et je vais faire ça brièvement.

Mes lectures Shakespeariennes remontent à une éternité, j'en ai peu de souvenirs, juste des impressions fugaces. Il m'est donc difficile de replacer cette pièce dans l'oeuvre du dramaturge, de la comparer à d'autres. Ceci dit, « Antoine et Cléopâtre » s'est avérée assez différente des pièces de Shakespeare que j'avais pu lire. J'ai bien retrouvé le côté foisonnant de l'auteur avec de nombreux personnages et beaucoup de mouvements (entrées et sorties des personnages) au cours d'une même scène. Mais en dehors de cet aspect je n'ai pas vraiment retrouvé ce qui m'avait plu dans mes lectures, bien lointaines, de l'auteur. J'ai trouvé que l'ensemble manquait de profondeur, que Shakespeare restait en surface. La psychologie des personnages est assez sommaire peu fouillée. Ils m'ont paru plus caricaturaux qu'archétypaux.
Par ailleurs, si certaines scènes sont très réussies et bénéficient de dialogues vraiment bien écrits, d'autres passages m'ont paru très longs. La pièce a clairement un défaut de rythme.

Ces défauts que je pointe et ces réserves que j'émets ne m'ont pas empêchée de prendre un certain plaisir à cette lecture que je ne regrette pas. Finalement, malgré les longueurs qui émaillent le texte, je ne me suis jamais ennuyée. « Antoine et Cléopâtre » reste une lecture intéressante même s'il s'agit là d'une oeuvre mineure dans la carrière de Shakespeare.
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Un lecteur de théâtre ressemble un peu à un sourd qui suivrait un morceau de musique sur la partition. Il manquera toujours plus de la moitié de l'oeuvre. Mais une si longue pièce, pour être correctement vue, exigerait que les théâtres soient ouverts, et que les metteurs en scène aient d'autres objectifs que leur propagande. C'est beaucoup demander.

Au moins cette édition bilingue (Garnier Flammarion) permet-elle de voir, lire et s'imaginer les vers de Shakespeare, et de s'aider de la traduction d'Henri Thomas pour les comprendre. Shakespeare, en 1606, s'appuie sur les "Vies des Hommes Illustres" de Plutarque, traduites en français par Jacques Amyot en 1559 et rendues en anglais par Thomas North : il a déjà eu recours à North pour son "Jules César" de 1599, où il adaptait au théâtre les Vies de César et surtout de Brutus. Dix ans plus tard, il convoque sur la scène tout le monde méditerranéen, de Rome à Alexandrie, en passant par l'Italie et Actium, le dernier triumvirat qui va céder la place au Principat et à l'Empire, et la reine Cléopâtre issue de tant de rois. Ce cadre mondial somptueux, antique et héroïque, rappellera Corneille et Racine au lecteur français, qui sera délicieusement étonné de ne trouver ni unité de temps, ni unité de lieu, ni même unité d'action : les coups de canif des Romantiques français, enthousiasmés par Shakespeare, n'ont pas suffi à nous faire oublier ces conventions. D'autres unités sont mises à mal : celle des caractères, par exemple. Quand Antoine se marie à Rome avec Octavie, Cléopâtre s'abandonne à la jalousie de manière peu littéraire. Après Actium, Antoine fou de colère injurie sa reine avec une violence incroyable. Ils forment un drôle de couple, quand même... La fameuse scène des aspics, à la fin, est égayée par un gros balourd de paysan égyptien (joué par un clown) qui, en livrant à la reine son panier de figues plein de serpents, lui recommande la prudence avec ces bêtes-là, car on ne peut leur faire confiance. En somme, l'unité de ton, la "tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie" selon Racine, font défaut.

Cette lecture, en attendant mieux (un beau spectacle si possible) est donc un vrai dépaysement, une surprise de tous les instants, et la source de merveilleuses perplexités, questions et interrogations. Shakespeare écrit de beaux vers sonores. Toutes les idées préconçues qui pourraient bercer notre confort de lecteurs (par exemple le conflit entre l'amour et le devoir) sont bousculées, même si l'on a déjà lu et vu du Shakespeare. On ne peut en donner aucune interprétation globale et rigoureuse, il s'en échappe toujours par quelque côté.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
LÉPIDE (carrément pompette)
Quelle espèce d'être est votre crocodile ?

ANTOINE
Il est formé, monsieur, comme lui-même ; et il et aussi large qu'il a de largeur ; il est juste aussi haut qu'il l'est, et il se meut avec ses propres organes ; il vit de ce qui le nourrit ; et, dès que les éléments dont il est formé se décomposent, il opère sa transmigration.

LÉPIDE
De quelle couleur est-il ?

ANTOINE
De sa propre couleur.

LÉPIDE
C'est un étrange serpent.

ANTOINE
C'est vrai ; et ses larmes sont humides.

(Acte II, scène 7)
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Passée ma déception, place maintenant à quelques extraits qui peut-être vous donneront envie de vous laisser séduire et de vous faire votre propre opinion….
« La noblesse de la vie est de faire ainsi : quand par un tel couple, tous deux pouvant nous aimer d’un mutuel amour, j’enjoins au monde, sous peine de châtiment de nous contempler tels, haut dressés, inégalés. »

« Voyez-vous cela ! Si elles avaient en main de quoi me faire cocu, non seulement elles se feraient elles-mêmes putains, mais encore elles le deviendraient. »

« Eh bien ! Monseigneur, offrez aux Dieux un sacrifice, en signe d’action de grâce ; quand il plaît à leurs déités de couper d’un homme sa femme, l’homme est renvoyé aux tailleurs de cette planète ; cela confirme que, lorsque les vieilles robes sont usées, il y a toujours des bouts pour qu’on en refasse des neuves. Oh ! S’il n’y avait d’autres femmes que Fulvie, oui, quelle déchirure ! le cas vaudrait qu’on se lamentât ! mais, à dire vrai, cette perte s’auréole de consolation ; votre vieille chemise, met bas un petit jupon tout neuf et, à dire vrai, je suis persuadé qu’un oignon verse assez de larmes pour bien arroser son chagrin.
- Le remue-ménage qu’elle a fait dans l’Empire ne peut supporter mon absence.
- Et le remue-ménage que vous avez fait ici ne peut plus se passer de vous. Celui surtout avec Cléopâtre qui dépend entièrement de votre…. Maintien dans les lieux. »

« Jamais il ne la quittera. L’âge ne peut la flétrir, ni l’habitude user son infinie variété. Les autres femmes rassasient les appétits qu’elles alimentent. Mais elle affame la même où elle assouvit car les plus viles choses deviennent, en elle, si vraies que les prêtres sacrés ne peuvent que bénir ses débordements. »

« O Souveraine maîtresse de vraie mélancolie, dégoutte sur moi le brouillard empoisonné de la nuit, que la vie, cette rebelle à mon désir, ne s’accroche pas à moi plus longtemps : jette contre le dur silex de ma faute mon cœur séché par la douleur, qu’il éclate en poudre, et que finissent toutes ces sales pensées ! »

« O cette âme félonne d’Egypte ! Ce charme terrifiant dont un regard impulsait mes armées et les rappelait, dont le sein était mon diadème, ma fin dernière ! Comme une vraie gitane, par un tour de passe-passe elle m’a amené jusqu’à l’aubier même du désastre. »

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Cléopatre. — Donne-moi mon manteau. Pose la couronne. Je sens une soif immortelle. Jamais plus le jus de la grappe d'Egypte ne viendra rafraîchir mes lèvres. Fais vite, Iras ! Dépêche-toi, je crois entendre Antoine ; il m'appelle ; je le vois qui se lève; il me dit : tu fais bien. Il rit à la fortune de César. Les dieux font payer trop cher la fortune. Antoine, me voici, ton épouse. Mon courage veut mériter ce titre. Je suis de la flamme et de l'air. Tout ce qui pèse en moi, je le laisse à la terre et pour alimenter d'autres vies. Eh bien ! Tout est-il prêt ? Venez ! Cueillez la dernière chaleur de ma lèvre. Bon voyage, aimable Charmion ; Iras, adieu... (Iras tombe et meurt.) Eh ! quoi ! Suis-je un aspic ! Mon baiser l'a tuée ! Quoi le nœud si facilement se défait ? Ah ! vraiment ton étreinte, ô mort, est pareille à celle d'un amant ; elle blesse, mais on la désire. Iras, oh ! comme elle est tranquille. Tu pars si doucement, comme pour montrer que le monde ne vaut pas qu'on lui dise adieu.

Charmion. — Nuages épais, répandez vos averses, et qu'elles soient comme les larmes des dieux,

Cléopatre. — Oh ! lâche que je suis de me laisser devancer par elle. Si maintenant elle rencontre avant moi mon Antoine aux belles boucles, elle me volera peut-être ce baiser dont je veux faire tout mon ciel. Viens, vermisseau mortel !

(Elle applique l'aspic à son sein.)

Ta dent aiguë saura trancher d'un coup le fil tenace de la vie. Fâche-toi, pauvre fou venimeux ! Finissons-en ! Que ne peux-tu parler ! tu me dirais : ah ! quel grand niais malavisé que ce César.

Charmion. — Etoile du levant !

Cléopatre. — Silence ! Silence ! Regarde : sur mon sein le nourrisson s'endort en tétant sa nourrice.

Charmion. — Mon cœur se fend.

Cléopatre. — Suave comme la myrrhe, aussi subtil que l'air, aussi doux... Marc Antoine ! (Elle applique à son bras un second aspic.) Viens ! je vais te nourrir aussi. Pourquoi demeurer plus longtemps...

(Elle meurt.)
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Cléopâtre : - Aussi vrai que je suis Reine d'Egypte, tu rougis, Antoine : ce sang qui te monte au visage rend hommage à César ; ou c'est la honte qui colore ton front, quand l'aigre voix de Fulvie te gronde. Les messagers !
Antoine : - Que Rome se fonde dans le Tibre, que le vaste portique de l'empire s'écroule. C'est ici qu'est mon univers. Les royaumes ne sont qu'argile. Notre globe fangeux nourrit également la brute et l'homme. Le noble emploi de la vie, c'est ceci, quand un tendre couple, quand des amants comme nous peuvent le faire. Et j'invite le monde sous peine de châtiments à reconnaître que nous sommes incomparables !
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Antoine,
Laisse tes lascives bombances. Quand un jour,
Repoussé de Modène où sous tes coups périrent
Les consuls Hirtius et Pansa, tu eus la famine
Sur les talons, tu luttas contre elle, te montrant,
Bien qu’élevé douillettement, plus endurant
Que des sauvages n’auraient pu l’être. Tu osas boire
L’urine des chevaux, la flaque iridescente
Où les bêtes auraient renâclé ; alors ton palais
Agréa la plus âpre des baies sur la haie
La plus rude. Bien plus, comme le cerf, quand la neige
Met un linceul sur le pâturage, tu broutas
L’écorce des arbres. Sur les Alpes, dit-on,
Tu as même mangé d’une chair étrange
Que certains n’ont pu voir sans mourir ; tout cela —
Je blesse ton honneur quand j’en parle à présent —
Fut si bien supporté en soldat, que ta joue
N’en maigrit même pas.

1, 4
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