Citations sur La Traversée des temps, tome 4 : La Lumière du bonheur (53)
-Je m'appelle Argos.
- Je m'appelle Hippocrate.
-À demain, Hippocrate ?
-J'en fais le serment.
Face à une crise inévitablement préoccupante, deux attitudes émergent : l’éliminer ou reconnaître son caractère constitutif. (...)
Platon ressentait une profonde angoisse devant les crises qu’il avait observées. (...) Il aspirait ainsi à une cité qui transcenderait les crises, esquissant dans ses écrits une « république » où chacun occuperait sa place naturelle et exercerait son rôle biologiquement défini. Dès lors, s’inspirant du modèle de la ruche, sa philosophie instaurait un totalitarisme qui figeait la vie sociale et supprimait toute lutte antagoniste.
Selon d’autres penseurs, la vie sociale porte en elle un conflit structurel, du fait de notre existence en société. La politique devient alors l’art de gérer les conflits plutôt que de les détruire. Les conflits ne sont pas évacués, plutôt intégrés. Non seulement la crise est considérée comme salutaire, mais l’agonistique, l’art du combat, doit être préservée.
Pour les premiers, les platoniciens, les divisions créent des séparations, tandis que pour les seconds, la conflictualité unit. Alors que la démocratie assume le risque d’une remise en cause permanente, sans chercher à transformer l’homme ni à le dompter, ceux qui, à l’instar de Platon, tentent de dépasser la conflictualité sombrent dans le totalitarisme. Mieux vaut la gestion du mal que l’éradication utopique ou violente du mal. Il est des formes de paix auxquelles il s’avère dangereux de rêver…
On ne revient qu’avec une sorte de malaise: en s’arrachant au livre, on retrouve sa carcasse, son identité ordinaire, son environnement, de manière aussi abrupte que le retour soudain d’un cosmonaute à la pesanteur.
« Un adulte, aux yeux d'un enfant, c'est toujours une somme de secrets. »
Lorsqu’on est habile, on n’a pas besoin d’être honnête. Mais lorsqu’on est honnête, on n’a pas besoin d’être habile.
La force de la tragédie vient du fait qu’elle simule le désastre et l’esthétise. Quoique ressentant la terreur et la pitié, je me pâme et je saisis. Le spectacle me rend le bruit et la fureur du monde compréhensibles et admirables. En m’offrant l’intelligibilité et la beauté, il me donne l’occasion de sublimer, de dominer la condition humaine, et donc instaure ou restaure un équilibre psychique. Aristote ajoutait qu’il y a plus de vérité dans la tragédie que dans l’Histoire. Car l’Histoire raconte ce qui a eu lieu, confinée dans le singulier et l’accidentel, tandis que la tragédie signale l’ordre du général et du nécessaire. De surcroît, le théâtre possède la vertu d’être accessible à tous, pas seulement aux gens instruits. La tragédie crée une écoute émotionnelle de problèmes très intellectuels.
Noura, c'était mille gestes ou aucun !
Les sources du rire sont souvent des puits de larmes.
- L'ignorant ignore qu'il ignore, ajouta Alcibiade.
- Le savant sait qu'il sait, opposa Agathon.
- Le philosophe sait qu'il ne sait pas, conclut Socrate.
Si le démocrate et le démagogue sont deux personnages créés par la démocratie, le démocrate la sert alors que le démagogue s'en sert - pis même, le démagogue la dessert à force de s'en servir, puisqu'il transforme les citoyens en clients, les groupes en communautés, et qu'il orchestre des prévalences plutöt que de l'égalité, se souciant de quelques-uns au lieu de s'occuper de tous.