Edmonde

Je viens de terminer "mes vie secrètes" de Dominique Bona. Me retrouver avec "Edmonde" me semblait un bon choix. Hélas, l'écriture entre les deux n'a rien à voir, la profondeur de l'étude de caractère non plus. J'ai assisté à la parade d'un monde presque aristocratique puisque Edmonde est la fille d'un ambassadeur, mais ça, pourquoi pas. Bon, ok, les parents ne sont pas présents, pas "tactiles" mais c'est quand même l'enfance d'une "pauvre petite fille riche". La guerre bien sûr et la mort de son amour, le beau Camillo et Edmonde s'engage, mais je n'ai vraiment rien ressenti de l'atmosphère de l'époque. Alors, je suis terriblement restée sur ma faim dans ce livre. Déjà parce que je trouve que cette partie de la vie de l'écrivain est beaucoup moins intéressante que celle qui va suivre, car c'est une femme exceptionnelle, cette Edmonde. J'ai eu l'impression de délayage pour remplir les pages aux gros caractères. Bref, pas séduite du tout et je retourne avec Dominique Bona, sans un regard en arrière.

Ce qui frappe tout de suite est le style de ce roman. Il est embarrassant, présent. A-t-il la prétention d'imiter le style de cette époque, de ce milieu, ou de plaire à un public aimant le désuet et l'ampoulé, parfois mâtiné de vulgaire ? Passons.
Edmonde Charles-Roux est une personnalité intéressante.
Son père ambassadeur l'a conduite à vivre dans différents pays, à apprendre leurs langues, et à partager d'autres cultures. Sa mère est intellectuelle, intraitable mais aimante, redoutable parfois, une femme qui s'aime et qui veut qu'on l'aime tout autant. le frère est plein de grâce, sa soeur tout autant. Bref, la famille est heureuse et épanouie. Patatras, la seconde guerre mondiale survient, le premier amour d'Edmonde ne donne plus de nouvelles.
Finalement, le livre est intéressant grâce au caractère très attachant d'Edmonde. Elle est forte, intelligente, pleine d'énergie et d'amour, rayonnante. Et cela donne envie d'en savoir plus sur elle, en lisant ses oeuvres. le récit prend fin lorsqu'elle rencontre Gaston Deferre.

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Dominique de Saint-Pern consacre cette biographie aux années de jeunesse d'Edmonde Charles-Roux. Jeunesse qui fut particulièrement formatrice pour la jeune femme d'alors puisqu'elle se déroule en pleine Seconde guerre mondiale.

Fille d'ambassadeur, Edmonde connaît déjà bien le monde. En 1938, elle vit en Italie avec sa famille, promise à un bel héritier qui fera d'elle une duchesse. La guerre en a décidé autrement et le conte de fée prend vite fin.

C'est aussi, plus largement, au coeur de la famille Charles-Roux que nous emmène Dominique de Saint-Pern. François, le père, ambassadeur engagé et son épouse, Sabine femme de tête. Jean, le frère qui deviendra prêtre après son passage dans les rangs gaullistes durant la guerre. Cyprienne, la soeur, épouse d'un italien et surtout maîtresse du gendre de Mussolini. Cyprienne, l'épine dans le pied de la famille.

Cette biographie nous donne à voir les événements qui ont sans doute façonné la personnalité et la vie d'Edmonde Charles-Roux. Elle nous décrit une jeune fille fière, forte, combative et engagée.

Une biographie qui me donne envie d'en savoir plus, frustrée que je suis de m'être arrêtée à la fin de la guerre.

La biographie d'une femme étonnante à plus d'un titre, que l'auteur a su rendre captivante.

Dominique de Saint Pern, journaliste, a déjà produit une vie de Dorothy Parker et celle de Karen Blixen. Avec Edmonde, elle tente de nous restituer la jeunesse boulimique et hasardeuse, d'une femme dont la trajectoire de vie, bouleversée par la guerre, a été déviée vers des rives inattendues.

Cette femme, née dans les beaux quartiers au sein des familles Gounelle et Charles-Roux, d'une beauté renversante devient vite une femme « du monde », fiancée et folle amoureuse d'un prince italien.

Mais la romance prend fin avec la déclaration de guerre, la mort du fiancé sur le front de l'Albanie, le mariage imprudent de sa soeur avec un proche de Ciano, lui-même gendre de Mussolini, Vichy, la duplicité, l'engagement dans les services de santé, la résistance, la violence, la peur… la plongée dans un monde qu'elle n'aurait jamais pu concevoir.

Vient le temps de la Libération, les yeux qui se décillent, les absents, la crainte de terribles règlements de comptes… et un jeune avocat, un certain Gaston Defferre qui entreprend de sortir la soeur d'Edmonde de son pétrin italien.

Il faut bien l'avouer, tout cela est un peu superficiel, mais joliment bien écrit et, ce qui ne gâte rien, souvent spirituel, ce qui fait de ce livre une excellente lecture sous un parasol ou au coin du feu à l'approche de Noël.

À travers ce récit, c'est une époque qui nous est restituée, une vie mondaine joliment décalée, mais aussi le courage d'une famille qui contribue à recueillir des centaines de réfugiés, ou aider ceux qui veulent rejoindre le maquis du Vercors. On croise également, au cours de cette restitution, des « moments délicieux », la figure d'un jeune pianiste désargenté, déjà alcoolique mais surdoué : Samson François.

Au final, on prend un évident plaisir à lire ces lignes qui racontent la jeunesse de l'élégante et très ambiguë Edmonde Charles-Roux ainsi que la chronique d'un monde englouti. Qui « racontent » car, de son vivant, cette dernière se refusa toujours à livrer quoi que ce soit qui puisse nourrir une biographie. C'est donc le roman d'une vie. Celle qui fut, peut être, celle d'Edmonde.