Novembre 2022, Masse critique jeunesse. A priori, ce n'est pas trop mon créneau. Je jette quand même un coup d'oeil rapide. Un titre m'arrête, un seul. Ayant eu la chance – si on peut dire ça – de visiter le musée du génocide à Erevan, une longue descente aux enfers au son lugubre du doudouk, un incontournable pour qui visite l'Arménie, un must dans le vrai sens du terme, c'était impossible que je passe à côté. Je tente ma chance sans trop y croire… et apprend que je vais bel et bien recevoir un exemplaire de cette BD. Merci
Petit-à-Petit, merci Babelio !
Je réalise alors qu'il s'agit d'une docu-BD et que j'ai déjà un titre de la collection, celui dédié à Gengis Khan, acquis pour un euro symbolique (enfin, deux, pour être exact) aux 48h de la BD de 2021. Eh oui ! j'ai aussi visité la Mongolie. La BD en elle-même ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable, mais elle était entrecoupée de fort intéressantes pages explicatives sur l'histoire et le mode de vie des Mongols. On est là pour apprendre, pas pour s'amuser, même si on le fait par petites touches aisément assimilables. Pour ce qui est de l'aspect éducatif, c'est une belle réussite. Mon colis enfin réceptionné, je constate que c'est le même principe avec l'Arménie. le livre est toutefois nettement plus épais : 36 pages explicatives intercalées - par lots de 4 - dans 90 pages de BD aux dessins soignés, à l'exception de quelques cases ou personnages qui semblent moins travaillés. La BD se lit plus agréablement car on y suit une petite famille sur 10 ans plutôt que les hauts faits d'une dynastie sur plusieurs décennies.
Je pensais qu'afin que l'expérience ne soit par trop insoutenable pour les jeunes lecteurs, le propos serait fort édulcoré par rapport à ce qu'on découvre à Erevan. En fait, tout y est, mais à dose homéopathique, ce qui est moins traumatisant. le livre devrait toutefois ébranler ceux qui ne savaient rien du sujet avant d'entamer leur lecture. C'est d'ailleurs bien le but, non ? Notons que si l'auteur raconte le calvaire des Arméniens, il n'oublie pas de mentionner que les Turcs n'étaient pas tous des tortionnaires.
A vrai dire, si la collection cible le jeune public, au moins autant qu'aux ados, elle me semble convenir aux adultes curieux de tout et qui ne peuvent consacrer un temps important à chaque sujet. Pour ceux qui veulent aller plus loin, plusieurs ouvrages sont présentés sur Babelio, dont «
le génocide des Arméniens » de
Raymond Kévorkian, sur la page duquel un lien permet d'écouter la lecture du journal écrit par une jeune arménienne qui réussit à échapper à la mort (https://www.babelio.com/auteur/
Raymond-Kevorkian/277293/videos).
Je termine par une petite disgression féministe : dans la BD, le jeune garçon obligé de se déguiser en femme pour survivre trouve son enfermement à la maison ou sous le voile insupportable… mais ne pense pas un instant à plaindre celles qui le subissent toute leur vie !