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Rose-Marie Makino-Fayolle (Traducteur)
EAN : 9782742704811
70 pages
Actes Sud (01/01/1999)
3.78/5   65 notes
Résumé :
Il en est de la narratrice, ici, comme de quelqu'un à qui jour après jour on volerait son enfance : ses parents dirigent un orphelinat, et il lui faut vivre la même vie collective et morne que ses camarades de l'institution. Une grisaille éclairée toutefois par la présence de Jun, le bel adolescent qu'elle aime tant contempler, à la piscine. Et par celle de Rie, une petite fille, son souffre-douleur, qu'elle tourmente à plaisir.

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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Une jeune fille dont les parents dirigent un orphelinat souffre de la morosité du lieu. La présence des enfants l'insupporte, convaincue qu'ils lui volent son enfance. « Cet institut ... dont je suis la seule pensionnaire a y être née sans être orpheline. C'est cela qui a défiguré ma famille. » Néanmoins, Jun, un adolescent observé à son insu à la piscine, égaie ses mornes journées et lui inspire des sentiments très forts. La jeune fille a une autre distraction, plus perverse celle-là. Un jeu cruel avec une très jeune enfant qui lui procure un plaisir malsain, mais va se retourner contre elle, anéantissant du même coup ses rêves.

Avec une concision étonnante, Yôko Ogawa explore les tourments adolescents. Cruauté, quête d'absolu et de pureté, affirmation de soi, doute, expériences nuisibles, on découvre dans un univers feutré et en apparence inoffensif, une violence qui laisse sans voix. Remarquable.

Challenge MULTI-DÉFIS 2018
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La jeune Aya, narratrice de ce récit, est la fille de parents qui dirigent l'institut Hikari, qui recueille des enfants orphelins. Elle est proche du plus grand d'entre eux, Jun, qui a son âge, qu'elle connaît depuis déjà dix ans. le plaisir secret d'Aya est de venir s'installer discrètement sur les gradins de la piscine publique pour admirer Jun dont la passion est de plonger du haut du plongeoir. Ses muscles bien dessinés, son corps mouillé, ses gestes précis…Aya est fascinée et troublée par cette esthétique…

Mais quand elle n'est pas à la piscine et ne voit pas Jun, l'ambiance est morne à l'institut. Elle a le sentiment d'être finalement moins heureuse que les pensionnaires, sans doute plus choyés en raison de leur situation. Sa mère, une bavarde impénitente, lui semble étrangère, et son père n'apparaît jamais. Alors elle méprise la grosse Reiko, et pire, fait de la petite Rie, encore presque bébé, son souffre-douleur, en faisant exprès de la faire pleurer en se cachant soudain lorsqu'elles sont ensemble, histoire que la petite se croit abandonnée.

Heureusement, toujours, Aya retrouve bien vite la piscine, et se délecte par les yeux de la sensualité du corps de Jun…

Un jour, elle retrouve dans un tiroir de sa chambre un chou à la crème, oublié là depuis trop longtemps…Avant de le jeter, elle en propose la moitié à la gourmande petite Rie, et la regarde le manger, imaginant l'écoeurante acidité de son goût altéré, avec un certain sadisme. Peu après, Rie est malade, et doit être hospitalisée dans un état sérieux…

Aya n'en semble pas traumatisée, et part retrouver Jun…Elle savoure encore une plus grande proximité physique et leurs échanges, car Jun a bien compris qu'Aya aime l'observer au plongeoir. Il l'observe aussi, elle…Mais le charme, suspendu, fragile et maladroit, va contre toute attente se dissoudre brutalement.

Ce texte est un des premiers de la carrière de Yôkô Ogawa, datant déjà de 1990. Et c'est, déjà, un chef d'oeuvre. Il est gorgé de sensualité, une sensualité subtile, intellectuelle, pudique : il n'y a pas de sexe, ni même de caresses, mais elle passe par des notations, la peau, les muscles de Jun, l'ambiance mouillée, l'eau de la piscine et la pluie que les deux adolescents regardent tomber étroitement côte à côte…Aya ne l'exprime pas directement, mais aime à jouer avec l'idée sous-jacente de sexualité, avec ce Jun dont elle n'avoue, et ne s'avoue à aucun moment qu'elle l'aime. La psychologie de cette fille est complexe, elle a un côté malsain, peut faire preuve de méchanceté sadique, à s'en prendre à des jeunes déjà peu aidés par la vie. C'est son ambivalence, elle a une face lumineuse, une face obscure. Ogawa suggère, son style est imagé et poétique, tout en étant assez clinique, dur, car Aya ne se laisse pas aller vraiment aux sentiments, elle semble indifférente aux autres, et son obsession pour Jun apparaît presque inquiétante, centrée sur ces muscles, cela devient comme un objet de convoitise, qui satisfait une sorte de lubie égocentrique.

J'ai adoré cette ambiance, et pour le coup, il y a bien une chute dans ce court récit d'une soixantaine de pages. Un texte ancien d'Ogawa, qui laisse deviner déjà l'immense talent de l'auteure.
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Eau trouble
La narratrice, Aya, est une jeune adolescente. A la sortie des cours, elle va à la piscine admirer Jun qui s'exerce au plongeon. La jeune fille vit dans un orphelinat , que dirige son père, pasteur et sa mère, une femme toujours pendue au téléphone. Jun est un des rares orphelins de son âge. La plupart sont des petits dont Rié, dix-sept mois. Aya en a parfois la garde et prend plaisir à feindre de l'abandonner...
Le récit est troublant. Il raconte sans moralisme aucun les contradictions et la violence silencieuse d'une adolescente mal aimée qui se sent abandonnée par sa famille. Aya est jalouse des petits orphelins au point de leur faire du mal. D'un autre côté, elle aspire à la pureté représentée par Jun, le garçon parfait, toujours bienveillant, toujours propre dont le corps musclé baigne dans la douceur maternelle de la piscine. L'écriture est calme, posée, impassible, en opposition aux tourments de la jeune fille. Les descriptions des lieux et des objets sont en revanche particulièrement évocateurs de ses troubles.
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C'est toujours un moment magique de plonger dans l'écriture de Yoko Ogawa.
Dans cette nouvelle nous entrons dans l'institut Hikari qui recueille des orphelins, il est dirigé par les parents d'Ayan-Chan, la filette  vit donc à l'orphelinat elle semble désespérée et angoissée par sa condition, peut-être n'accepte-t- elle pas de partager l'amour de ses parents ?.
Un étrange sentiment de cruauté semble animer Ayan-Chan, elle est mechante et malfaisante envers ses petits camarades . Seul Jun un garçon athlétique qu'elle voit à la piscine excecuter de superbes plongeons, semble retenir son attention, son admiration et même sa fascination. L'amour rôde peut-être ?
     Cette nouvelle où se mêlent cruauté et beauté  est ambivalente, inquiètante et troublante. La nature est omniprésente, déchaînée et sonore : la pluie est diluvienne, le vent  souffle en typhon, la neige rentre dans la maison... l'atmosphère est pesante. Mais c'est magnifiquement écrit, yoko Ogawa a une écriture ciselée tout en finesse et poétique. Elle excelle dans ses descriptions très précises par exemple les lignes parfaites du corps de Jun en plongée et le trouble du regard de Ayan-Chan.
Ella le sens du suspens nous mène jusque dans le doute et nos interrogations intérieures.
Cette nouvelle étrange, fascinante est un sacré voyage !
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Courte nouvelle de Yôko Ogawa qui nous plonge dans l'univers d'une jeune fille dont les parents dirigent un orphelinat. Elle doit donc se plier à cette vie collective peu attractive pour elle. La présence de Jun, jeune adolescent athlétique dont elle assiste en secret à ses répétitions de plongeon à la piscine et la petite Rie qu'elle tourmente à plaisir, sont ses principales occupations.

L'auteur a su habilement créer une atmosphère particulière. Elle décrit finement les scènes et a su retransmettre toutes les émotions ressenties par la jeune fille.

Découverte troublante et une fois de plus intéressante de cette auteure japonaise.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
C’était un beau plongeon. ... Quand les jambes de Jun tombaient en dessinant un cercle parfait comme celui d’un compas, je pouvais sentir son corps à l’intérieur du mien. Il glissait en une longue caresse intérieure. C’était beaucoup plus intime, chaud et rassurant qu’une étreinte. Je le savais et pourtant il ne m’avait jamais prise dans ses bras.
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Alors qu’en parvenant à l’âge adulte, chacun arrive à trouver quelque part un endroit secret pour y cacher angoisse, solitude, peur ou tristesse, les enfants n’arrivent pas à dissimuler, et dispersent tout sous forme de pleurs.
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Quand j'étais avec lui, je me souvenais de mon enfance. Des scènes où nous étions seuls tous les deux à l'institut se bousculaient dans ma mémoire. J'étais la seule à connaître celui à qui j'avais fait téter le lait du figuier, celui qui était à mes côtés le jour où nous avions joué dans le couloir recouvert de neige. J'avais gardé comme de précieuses lettres l'expression qu'il avait alors, et que ni ses amis de l'école, ni les membres de son équipe de plongeurs, ni les enfants de l'institut Hikari ne connaissaient. Et de temps en temps, je sortais ces lettres de leur enveloppe pour les regarder après les avoir dépliées avec soin pour ne pas les abîmer.
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J'avais gardé, comme de précieuses lettres, l'expression qu'il avait alors...et de temps en temps, je sortais ces lettres de leur enveloppe pour les regarder, après les avoir dépliées avec soin pour ne pas les abîmer.
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- On y va ?
La main de Jun effleurait mon épaule.
- Où ça ?
Mon épaule me brûlait.
- A l'institut, bien sûr.
Sa voix parvenait jusqu'à moi à travers mon épaule. J'acquiesçai, tout en réalisant que c'était un châtiment cruel de devoir rentrer tous les deux au même endroit.
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