Ma philosophie du voyage

Ella Maillart (1903-1997) est une voyageuse, écrivaine et photographe suisse. Membre de l'équipe suisse de ski, elle défend, de 1931 à 19343, les couleurs de la Suisse aux quatre premiers championnats du monde de ski alpin. Des talents multiples pour cette aventurière toujours en mouvement au nombreux voyages intrépides à travers l'Asie. En 1930 et en 1932, elle découvre le Caucase et l'Asie centrale, en 1935, en Chine, elle accomplit un raid extraordinaire dans les contrées désertiques au nord du Tibet et au Sinkiang et de 1940 à 1945, elle passe cinq ans dans le sud de l'Inde auprès des maîtres de sagesse. Toutes ses aventures sont consignées dans de nombreux et magnifiques livres que je vous conseille fortement de lire. Les manuscrits et documents d'Ella Maillart sont conservés à la bibliothèque de Genève, son oeuvre photographique au musée de l'Elysée à Lausanne (20 000 négatifs et 10 000 positifs) et ses films à la Cinémathèque suisse de Lausanne.
Ma philosophie du voyage, ouvrage qui vient de paraître, est un recueil de 17 textes inédits ou introuvables, écrits entre 1937 et 1969. Ils se partagent entre deux groupes, ceux sous forme de récits de voyages en format court et ceux dans lesquels Ella Maillart nous donne sa définition du voyage, ses motivation, sa philosophie du périple.
Du premier groupe, évocation de ses aventures au Turkestan, au Népal ou au Tibet etc. Ce qu'il faut bien garder en tête c'est que ces voyages se déroulent à une époque où les moyens de transport n'étaient pas ceux d'aujourd'hui, les conditions du voyage non plus et qu'Ella Maillart est une femme (sic !) donc une réelle aventurière avec un « A » majuscule. La force des écrits de l'écrivaine tient dans son art pour nous décrire avec facilité ce qu'elle voit ou pense, le texte s'attardant tout autant sur l'histoire des pays traversés, les moeurs et coutumes, l'ethnologie, l'économie locale et la géopolitique d'une époque dont on a appris les soubresauts dans nos livres scolaires. Récits qui nous permettent de comparer l'hier et l'aujourd'hui comme avec son séjour en Afghanistan.
Le deuxième groupe de textes, peut-être le plus intéressant pour ceux qui ont déjà lu Maillart, nous livre ses réflexions sur l'explication qu'elle nous donne sur sa vocation de voyageuse, sa définition du voyageur (« le vrai voyageur est celui que pousse à partir un besoin physique, esthétique, intellectuel tout autant que spirituel ») et ce qui pour elle est le vrai voyage : « chaque matin on charge ses chameaux, on selle son cheval ; et lentement, sans arrêt, pendant huit ou dix heures, on avance… »
Une femme animée d'une volonté farouche, « Dès le début, j'ai voulu vivre ma vie propre et, patiemment, contre vents et marées, j'ai affermi ce désir », ne reculant devant rien, jamais.
Une lecture recommandée et qui vous incitera à plonger dans son oeuvre, si ce n'est déjà fait.

Un bonheur de tomber sur ce joli recueil édité pour les 60 ans des éditions Payot!
Le livre, déjà, est un bel objet et on apprécie vraiment le soin mis pour inviter au voyage avant même d'aborder les textes. Et ces textes... pour certains complétement inédits, pour d'autres déjà parus ou connus partiellement.

Retrouver l'écriture d'Ella Maillart, son témoignage d'une époque pas si lointaine, sa vision si actuelle sur ce que partir signifie et engage... un bon-heur je vous dis ❤

"Ma philosophie du voyage", c'est une délicatesse dans les mots et la retranscription des émotions, des raisons, des conséquences aussi de ces départs et de ces retours, de ces découvertes et de ces rencontres. C'est un partage en forme d'introspection sur les conditions du voyage, ce que l'on y cherche et ce que l'on en retire - avec une mention spéciale sur le regard porté à l'Autre et à sa terre.
Toutes les questions de positionnement du voyageur, dans ce qu'il requiert d'humilité et d'ouverture d'esprit, sont au centre des écrits d'Ella Maillart et occupent donc naturellement une place importante dans ce petit livre.

J'ai une envie débordante de l'offrir, beaucoup, autour de moi, dans cette époque où les uns voyagent de nouveau avec un appétit redoublé, les autres hésitent encore, mais où tous ont vu leur façon de voyager ou leur projection sur le voyage modifiées.

Ce recueil regroupe deux types de textes, des considérations “philosophiquesˮ dans lesquelles l'auteur nous donne à voir, par petites touches, ce qu'elle cherche ou croit chercher dans ses longues pérégrinations s'étalant sur plusieurs décennies. A côté, il y a ce qu'on pourrait qualifier de “notes de voyagesˮ pour la rédaction future de ses écrits. On y retrouve les “compte-renduˮ de ses pérégrinations dont celui de sa traversée de la Chine avec Flemming, le frère du papa de James. La majorité des textes, écrits avant la guerre, obligent le lecteur à jongler avec les noms propres, par ailleurs avec le recul de décennies, les considérations géopolitiques ne manquent pas de sel. Une lecture plaisante.

Très bon livre qui fait voyager
Pour réussir à tout suivre, il faut cependant connaître les villes et régions des pays situés entre la Suisse et la Russie pour être entièrement plongé dans les anecdotes sinon on s'y perd.
Lecture facile et très beau témoignage d'une femme voyageuse dans les années 1900