Alec Zander, dessinateur de son métier, écoute sa station favorite Atlantic Waves qui émet à partir des Cornouailles. Il habite sur un îlot isolé, que son père avait acheté en partie et n'a qu'une seule voisine Eve
Saint-Gilles, romancière, en manque d'inspiration depuis le succès de son premier roman: L'avenir n'habite plus à cette adresse.
Je vis sur une île. Une île minuscule, la plus petite d'un archipel de quatre, appelé « Les Chirons ». le reste de la population vit sur « Gros Chiron » où se trouve la seule agglomération digne de ce nom, Port Atlantique…
…Mon île à moi, la plus modeste, se nomme curieusement Antioche.
Brusquement, la musique est remplacée par un sifflement continu, en deux temps, dont l'intensité monte graduellement puis redescend avec un rythme identique comme un système d'alarme. Plus rien ne fonctionne, plus de réseau, plus de téléphone, black-out total pendant plusieurs heures.
Alec pense à une catastrophe nucléaire car les surenchères entre dictateurs augmentent de manière vertigineuse depuis quelques temps déjà. Il rédige des carnets pour noter ses réflexions au jour le jour sur ce qui est en train de se produire.
Quelques semaines auparavant, un dictateur caucasien avait mis le feu aux poudres, au moins en paroles, et une explosion dans le Maryland, immédiatement qualifiée de nucléaire l'avait plus ou moins étiqueté coupable. le président américain, Howard Milton, avait décidé alors de mettre tous les engins nucléaires sous haute surveillance pour les démanteler.
Pendant le black-out, alors qu'il était en voyage officiel au Chili, le président américain a été plus ou moins pris en otage avec ses collaborateurs par une société qui veut purifier le monde ou du moins empêcher les Grands de ce monde de commettre l'irréparable. Tout le monde pense à la dénucléarisation bien sûr, puisque Milton venait de donner l'ordre de bombarder le site nucléaire du Caucase.
Tout au long du récit Alec Zander va rester en contact avec son vieil ami Moro qui est une proche du président américain, quand les liaisons fonctionnent bien sûr, et on va voir évoluer sa relation avec Eve, mais aussi avec les habitants de la terre proche où il va régulièrement se ravitailler, via le passage du Gouay, en fonction des évènements.
Je n'en dirai pas plus sur ce qui fait la trame du roman, pour ne pas divulgâcher, j'y tiens ; je préfère parler des réflexions d'
Amin Maalouf prête à son héros.
A travers ce récit, on va découvrir ce groupe « Les amis d'Empédocle » aux noms évocateurs : le passeur de l'île ami d'Alec s'appelle Agamemnon, celui qui est en relation avec le Président des USA Démosthène, ils semblent venus d'un autre monde, mais lequel ? Qui sont « ces frères inattendus », amis, ennemis, sauveurs ?
Forcément, tout ce qu'on ne connaît pas irrite, angoisse, alors place aux théories fumeuses : complot, anéantissement, fin de civilisation, xénophobie, on est tous l'étranger de quelqu'un n'est-ce pas et ceux qui ne pensent pas comme nous ça nous dérange…
J'ai retrouvé dans le livre ce qui fait la magie d'Amin Maalouf auteur que j'adore depuis que j'ai découvert « Léon l'Africain » il y a très, mais alors très longtemps : ce récit est un conte philosophique sur la tolérance (et évidemment l'intolérance hélas bien plus répandue) sur la manière de vivre avec l'autre mais aussi sur la sagesse et réflexion versus l'obscurantisme, ou encore la maladie, la mort, le rêve de l'immortalité de certains, donc une grande leçon de Vie.
Dans ce roman,
Amin Maalouf m'a entraînée dans un domaine où je ne l'attendais pas, au bord de la SF, alors que d'habitude il me fait rêver avec l'Andalousie et la Reconquista, ou sur les pas de Mani, le Moyen-Orient mais une fois de plus j'ai été conquise. Je suis une inconditionnelle, une groupie, certes, mais pas au point d'apprécier aveuglément tout texte émanant de lui et si ce livre ne m'avait pas plu je l'aurais dit.
L'écriture, comme d'habitude, est magique, le style littéraire, une langue comme on aime la retrouver, l'entendre, la lire à haute voix tant elle est belle, l'avoir en bouche comme un bon vin.
Vous l'aurez compris j'ai adoré ce roman et comme toujours dans ces cas-là, je trouve ma chronique médiocre…
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m'ont permis de découvrir ce roman qui fait réfléchir, dernier opus d'un auteur que j'apprécie beaucoup.
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