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EAN : 9782413082743
216 pages
Delcourt (29/05/2024)
4.5/5   5 notes
Résumé :
On n'est jamais content de ses cheveux : Rose, qui a les cheveux crépus, rêve de les avoir lisses. Pour se conformer aux normes sociales, elle sera prête à tout, quitte à gommer son identité métissée. Entre enquête de société et récit de vie, une BD riche et touchante qui parle de sexisme, de racisme, d'héritage et d'acceptation de soi.

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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« Ce n'est pas juste une histoire de cheveux. C'est mon histoire. »
D'où le titre à double sens, 'Racines', puisque Lou Lubie est créole, comme en témoigne sa chevelure au naturel, mais pas sa peau - blanche.
« En revenant au cheveu naturel, j'avais comblé l'écart douloureux entre l'identité que je renvoyais au monde et mon identité profonde. Je me sentais enfin alignée avec moi-même. »
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Moi qui porte les cheveux courts depuis plus de trente ans, qui ne les mèche plus depuis le Covid (malgré le vexant : 'un peu de couleur pour mettre de la lumière, madame !?'), qui vais les faire recouper à reculons toutes les six-huit semaines, qui les coiffe rapido après le shampoing avec peigne et doigts et les laisse sécher 'comme ça', qui ai des bouclettes sur le front et des baguettes ailleurs (et les coiffeurs n'ont jamais vu ça avant, c'est fou 😮) et des épis dans la nuque... je ne pensais pas me passionner à ce point pour des histoires de cheveux dans un album BD de deux cents pages.
Mais je fais confiance à Lou Lubie pour me captiver (cf. 'Et à la fin, ils meurent', et 'Goupil ou face'), d'où ce choix lors de la dernière Masse critique Bbl.
Je suis intriguée aussi par le temps passé par mes collègues aux cheveux frisés/crêpus pour s'échanger des astuces de lissage, des bons plans, etc., alors que je les trouve tellement mignonnes au naturel, le visage encadré d'une douceur floue, plutôt qu'avec une coiffure stricte/lissée/tirée en arrière.
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Bref, l'auteure fait parfaitement le tour de la question, évoquant ses origines créoles, la façon dont s'est peuplée l'île de la Réunion, les modèles européens/occidentaux à suivre (remontant à la colonisation, avec les conneries de prétendue supériorité des 'blancs'), le regard des autres, les réflexions désagréables, les dangers pour la peau des produits de lissage, les salons de coiffure 'spécialisés' (gare aux arnaques), le temps passé pour l'entretien au quotidien... Et bien plus encore, mais je ne vais pas spoiler !
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L'album est complet, documenté, sensible et intelligent, sans complaisance, plein d'auto-dérision.
J'aime beaucoup, aussi, le relief de la couverture.
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Merci à Babelio et aux éditions Delcourt.
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J'ai tenté ma chance pour la bande dessinée "Racines" lors de l'opération Masse Critique du mois dernier uniquement pour son autrice. J'avais en effet eu un coup de coeur pour "Et à la fin, ils meurent" sur l'histoire des contes de fée. C'était un peu risqué car je ne suis à priori pas concernée par les cheveux crépus qui font l'objet de ce titre. Mais comme en témoigne ma note, j'ai été conquise par cette lecture.

Un mot tout d'abord sur la couverture de l'ouvrage. ça ne se distingue pas sur les photos, mais les cheveux de la jeune femme sont en relief. J'ai trouvé l'idée très bonne, ça forme un bel objet, qui plus est assez conséquent avec ces quelques 200 pages.

La jeune femme qu'on voit en couverture se nomme Rose. Originaire de l'île de la Réunion, elle a hérité de cheveux crépus, mais également d'une peau blanche. En combat permanent avec ses cheveux depuis sa plus tendre enfance et en manque de modèles capillaires auxquels s'identifier, il est difficile pour Rose d'accepter ses origines, encore plus quand elle part étudier dans l'hexagone.

Je ne m'attendais pas à apprendre des choses sur les cheveux dans une bande dessinée un jour. Elle est sommes toute assez instructive. Il n'y est évidemment pas uniquement question de cheveux, mais aussi de sujets qui en découlent du point de vue du quotidien de Rose : l'héritage du colonialisme, le métissage, le racisme, le féminisme, la dysmorphophobie... Tout revient aux racines et à l'acceptation de soi. le titre est par ailleurs très bien trouvé.

J'avais vaguement conscience et connaissance des difficultés d'entretien d'une chevelure crépue, mais là je me suis sentie mal pour Rose. La pression et la charge mentale que subissent les femmes aux cheveux crépus est aberrante.

Les sujets abordés sont très sérieux, notamment les questionnements et les angoisses de l'héroïne, mais Lou Lubie nous les transmet avec l'humour piquant qu'on lui connait. En moins trash que son livre sur les contes tout de même. Ses références culturelles dans les textes et les dessins m'ont souvent fait sourire.

Bref, je vous conseille ce titre que vos cheveux soient crépus, lisses, bouclés ou frisés. le thème des racines n'y est pas uniquement capillaire, mais aussi historique et sociétal. Cette bande dessinée me parait évidemment d'autant plus intéressante pour les jeunes filles aux cheveux crépus. Un petit avertissement toutefois aux collègues qui voudraient la proposer à des collégiens. Elle contient quelques grossièretés et on y voit régulièrement l'héroïne nue sous la douche - c'est d'ailleurs aussi le cas sur la couverture. ça n'a absolument rien de choquant pour un regard adulte, mais je vois déjà mes élèves en faire toute une affaire (ce qui est bien dommage).

Pour moi ce sera 4/5, merci à Babelio et aux éditions Delcourt pour cette très belle découverte. Je vais me procurer au plus vite d'autres titres de cette autrice.
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Les cheveux, un sujet pas si futile

Depuis toujours, Rose déteste ses cheveux. Née à La Réunion d'une mère créole noire et d'un père créole blanc, elle vit comme une réelle injustice le fait d'avoir les cheveux crépus. Son rêve est d'avoir les cheveux lisses et faciles à coiffer, comme ceux de ses poupées Barbie. Tous les soirs, elle prie à genoux près de son lit pour se réveiller le lendemain matin avec des cheveux souples et soyeux, qui se balancent lorsqu'on tourne la tête. Si seulement elle pouvait avoir la chevelure fine de Sailor Moon, Britney Spears ou Avril Lavigne, trois de ses grands modèles de petite fille, elle ne ressentirait pas avec autant de douleur cette certitude de ne pas être belle. D'année en année, ses cheveux vont devenir pour Rose une véritable obsession, voire même un handicap social, particulièrement lorsqu'elle quitte La Réunion pour s'installer à Paris. du coup, pour se conformer aux normes sociales et aux critères de beauté occidentaux, la jeune femme se montre prête à tout pour enfin avoir les cheveux lisses, y compris souffrir le martyre pour les défriser chimiquement. D'ailleurs, ne dit-on pas qu'il faut souffrir pour être belle? Une fois que les cheveux de Rose sont lisses, c'est le bonheur pendant quelques jours ou quelques semaines. Enfin, elle ressemble aux princesses ou aux filles dans les publicités pour shampoings! Mais dès qu'un cheveu un peu crépu refait son apparition sur son crâne, c'est le drame… A force de vouloir se défriser les cheveux, Rose ne risque-t-elle pas d'oublier qui elle est réellement et de gommer son identité métissée? "Racines" raconte l'histoire d'une lente acceptation de ses origines.

Une bande dessinée de plus de 200 pages consacrée aux cheveux crépus, cela a de quoi faire peur. A priori, on se dit que ce n'est pas forcément un sujet primordial. Mais à la lecture de ce livre, on se rend rapidement compte que la chevelure est bien plus révélatrice que ce qu'on pense. Dans "Racines", l'autrice réunionnaise Lou Lubie démontre avec talent que les cheveux sont en réalité un point d'entrée extrêmement intéressant pour parler de sujets tels que le sexisme, le racisme, le colonialisme, et l'acceptation de la différence. "Racines" est à la fois un récit de vie très personnel sur une jeune femme tiraillée entre deux cultures et une enquête sociologique sur les discriminations liées aux cheveux.

"Cette BD n'est pas autobiographique, mais c'est un sujet qui me concerne de près", raconte Lou Lubie. "J'ai toujours eu un rapport très compliqué avec mes cheveux frisés. Petite, je les détestais: je les trouvais moches et trop difficiles à coiffer. Comme beaucoup de femmes aux cheveux frisés ou crépus, j'ai passé une grande partie de ma vie à essayer de les lisser pour correspondre aux normes. Depuis que je les accepte au naturel, j'ai envie d'en parler pour sensibiliser à ce sujet méconnu puisqu'il touche une double minorité: les femmes et les personnes racisées."

De manière très pédagogique, avec la bonne dose d'humour et d'émotion, l'autrice explore le sujet de l'identité et du métissage à travers le cheveu afro. Au passage, elle balance quelques vérités que la plupart des blancs ignorent puisqu'on apprend que 95% des femmes afro-américaines se sont chimiquement défrisé les cheveux au moins une fois durant les 25 dernières années et qu'un adulte noir sur trois, hommes et femmes confondus, n'a jamais porté ses cheveux naturels une seule fois au cours de l'année 2016. Des chiffres étonnants qui montrent à quel point les cheveux crépus sont quasiment systématiquement dénaturés, ce qui n'est pas du tout le cas des cheveux de type européen ou asiatique. On l'aura compris: cette bande dessinée est un récit de vie touchant, mais c'est aussi et surtout une enquête passionnante sur le sexisme, le racisme et les injustices sociales.

"Racines" paraîtra en librairie le 29 mai prochain.

Lien : https://age-bd.com
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
L'Histoire de l'Afrique ne commence pas à l'arrivée des Européens.
Avant l'esclavage, il y avait quelque chose : de riches royaumes, une culture très importante, une histoire effacée et oubliée par l'école et les médias.
Les premières tresses datent au moins de l'Egypte antique.
Les coiffures africaines sont très élaborées et ont de multiples explications :
- un statut social
- un genre
- un âge
- un statut matrimonial
- un 'nom de famille'
- un jour de fête.
A Madagascar, c'est seulement en deuil que les femmes laissent leurs cheveux lâches.
Les cheveux sont la partie le plus élevée du corps humain : ils font la liaison avec le monde spirituel.
(p. 158-159)
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Avant de croire en la génétique, je croyais en Dieu.
[ prière du soir ]
« Pitié pitié pitié fais que demain j'aie les cheveux lisses ! »
81% des enfants afro-américains souhaiteraient que leurs cheveux soient lisses !
J'avais beau être blanche et vivre sur une île métissée [La Réunion], j'en rêvais aussi.
Les voies du Seigneur s'en battaient bien les couilles.
(p. 11)
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En 2005, Aboubakar Traoré, steward chez Air France, est interdit d'exercer avec ses cheveux tressés !
"La coiffure doit garder un aspect naturel. Les cheveux doivent être coiffés de façon extrêmement nette, classique et limitée en volume."
Jusqu'en 2007, il est obligé de porter une perruque pour être accepté à bord.
Il finira par faire une dépression et être licencié.
(p. 191)
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C'est un proverbe qu'on a toutes entendues :
🌸 « IL FAUT SOUFFRIR POUR ÊTRE BELLE » 🌸
Je dis 'toutes' parce qu'il n'existe pas au masculin.
Alors, bien docilement, on souffre.
[ dessins de talons aiguilles, épilation, défrisage... ]
(p. 98)
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Qui est-ce que je détestais vraiment ?
Mon horrible mère, cette tortionnaire sadique qui m'arrachait les cheveux par poignées ?
- Mais qu'est-ce que tu fais pour les emmêler autant ?
- Mais rieeeeeen-euh !
... Ou mon affreuse et indomptable tignasse ?
Allez, un point partout.
(p. 6)
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