Ancien commandant de la PJ parisienne, le lieutenant Lucas Dorinel digère avec difficulté son exil brestois. Entre un passé qui le hante, et des collègues peu amènes, il se laisse engloutir, jusqu'à l'arrivée d'un billet sur le pas de sa porte.
« Les Bêtes seront sacrifiées. »
Tel un petit Poucet suivant les indices qu'on lui jette, le flic s'invite sur une macabre scène de crime. C'est là le centre du puzzle complètement disparate qui s'offre à lui. le début d'une investigation où passé et présent s'entrecroisent, et où la quête personnelle d'un prêtre, Gaël, tient sa cadence en parallèle.
Qui a bien pu tuer avec une telle violence et de manière si curieuse ce jeune au regard vide ? Qui a déposé ce message devant l'appartement de Lucas ?
Nous pouvons entendre le « clic » de la machination qui tourne, tourne, et dans lequel plusieurs personnages mettront un doigt dans l'engrenage.
Ludovic Lancien est à cheval entre le thriller et le policier. Nous restons dans une ambiance noire, aux couleurs saisies de peu de saturation, et au tempo parfois lent. À côté, nous surfons sur les vagues du macabre et du dégoût, pris au ventre par les crimes atroces, mais aussi par l'incrédulité face à ce qu'il y a de plus obscur en l'être humain.
À partir d'un thème assez familier — mais que nous ne soulignons pas pour éviter le spoil —, l'intrigue gagne en ampleur, se complexifie et se fortifie au fil des pages. le véritable plaisir est à la fois de se perdre tout en se raccrochant au moindre détail accordé par l'auteur, grâce aux découvertes de personnages. Nous devenons nous aussi des enquêteurs, obsédés par la quête de vérité.
L'histoire tient de bout en bout, et se construit sur un schéma peu perturbant pour les férus du genre. La révélation finale est bien amenée ; le reste du récit reste cohérent, oscille entre rythme lent et plus dynamique en fonction des conflits rencontrés. Les enjeux sont différents d'un personnage à un autre, et participent à la richesse des caractères, destinée. Les backgrounds ne sont pas laissés pour compte, ce qui nous laisse la possibilité de creuser un peu plus les protagonistes, de mieux comprendre le moteur qui les anime.
Action, réflexions, enquête et psychologies sont bien traitées sur une même lignée.
Les chapitres sont courts, ce qui tempère le rythme qui ralentit, et nous maintient dans une bonne dynamique générale. L'écriture est travaillée, agréable, et capable de nous happer d'entrée d'jeu. le vocabulaire est lui aussi soigné afin d'accompagner au mieux les descriptions, les introspections et les révélations.
C'est un premier roman pour
Ludovic Lancien, mais il en a tenu les rênes du début à la fin ; il a joué sur les fils du suspense, de la psychologie, et nos émotions, entre malaise et curiosité. Ses personnages partent d'une argile connue pour se façonner au fur et à mesure en une création originale, et authentique.
Le Singe d'Harlow triture les méninges, nous enchaîne aux pages.
Difficile de s'arrêter avant de connaître le fin mot de l'histoire… et de découvrir qui sont les Bêtes qui se terrent.