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sur 315 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Claire arrive de son Auvergne natale pour faire ses études à Paris, où elle restera. Elle y rencontre des « pays », originaires du même lieu. On saura juste qu'elle s'est mariée et qu'elle a divorcé, la narratrice passe directement d'une Claire étudiante à une Claire de quarante ans. L'auteur ne nous livrera pas non plus ses pensées ou ses émotions.
Si j'ai aimé retrouver l'écriture de Marie-Hélène Lafon, j'ai regretté que le personnage De Claire soit réduit à son origine et de ne pas en apprendre plus.
Du même auteur, j'avais beaucoup apprécié L'annonce, sans doute parce que sa plume était plus au service de son histoire, de ses personnages qu'au service de l'écriture en tant que telle.


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Les années de passage d'un pays à l'autre, de l'Auvergne à Paris, du monde paysan au monde urbain, De Claire, fraîchement bachelière et étudiante en lettres classiques à la Sorbonne. Découpé en trois parties, le roman nous délivre trois épisodes parisiens : quelques jours pendant l'enfance à l'occasion du salon de l'agriculture avec son père, les années d'études et enfin vers la quarantaine lors de la visite annuelle du père.

Avec une certaine distance, une certaine froideur même, l'auteure dissèque cette vie entre deux mondes, cette vie à la charnière entre l'enfance et l'âge adulte, mais également à la charnière entre l'auvergnate qu'elle n'est plus et la parisienne qu'elle n'est pas. Et comme cela se situe à la lisière des années soixante on sent également la charnière entre les temps anciens et les temps modernes. Sans fausse nostalgie, Marie-Hélène Lafon dresse le tableau de cette opposition à travers des portraits singuliers, des petits faits, du quotidien, des rencontres, des questionnements et beaucoup d'émerveillements.

Le récit est simple, assez linéaire et le lecteur est porté par l'histoire. le style est recherché, le vocabulaire précis voire un peu ampoulé, le rythme pesé, les phrases travaillées, et donc la lecture n'est pas d'un abord toujours aisé. Toutefois l'ensemble reste élégant et agréable.

On retrouve là la thématique de l'ascension sociale chère à Annie Ernaux (notamment dans "La place") mais ici le tout est traité sans aucune violence et avec beaucoup de pudeur. Un peu trop peut-être ?
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Après de solides études dans un pensionnat religieux de Saint-Flour, dans le Cantal, Claire, la fille de paysans auvergnats, monte à Paris pour suivre les cours de lettres classiques à la Sorbonne.

Elle découvre alors en même temps la vie parisienne, le Grec ancien, la solitude, l'amour des grands textes, l'envie de réussir à tout prix pour garder sa bourse, la nécessité de travailler dans une banque les mois d'été, le dépaysement, l'éloignement de ses attaches familiales, les amitiés qui lui apportent d'autres manières de vivre et lui font découvrir de nouvelles régions. Après un parcours universitaire brillant et sans défaut, elle s'installe à Paris tout en gardant une maison dans son pays natal.
Ses pays ne sont pas seulement physiques, géographiques mais ce sont aussi ceux des langues apprises, anciennes et modernes, le grec, le latin mais aussi le ladin, le patois de son coin d'origine que parle encore son père, ce sont aussi ceux des auteurs qu'elle chérit et revisite sans cesse: Stendhal, Flaubert, Proust.

Le monde paysan de son enfance s'est éteint, reste celui de la culture pour et par lequel elle a été formée. le roman se termine sur une visite au Louvre avec son père vieillissant qui m'a rappelé la visite dans ce même lieu de la noce de Nana par Zola: même choc de deux mondes, même incompréhension devant les oeuvres d'art, même prédilection pour le plancher ciré, mêmes sourires amusés narrateur/lecteur.

J'ai aimé ce roman aux phrases si finement ciselées, à l'écriture si précise. Pas d'épanchement sentimental, juste les faits. Les sentiments sont maîtrisés, à peine évoqués. le feu couve sous la cendre mais la pudeur domine. Il arrive qu'une connaissance se suicide mais sans éclat, le temps de quelques lignes et le silence se réinstalle.

En réalité si j'admire ce texte, si j'en reconnais la beauté du style, si je ne vois rien à redire à quoi que ce soit concernant le roman lui-même, quelque chose m'a cependant gênée: la trop grande proximité de cette vie avec la mienne: même sept années dans un pensionnat religieux de province puis études de lettres terminées à la Sorbonne, mariage et installation en région parisienne mais navette constante avec la maison familiale conservée déraisonnablement. Bizarrement, cette similitude, ce manque de surprise dans le déroulement des événements a fini par m'agacer et j'en suis la première étonnée.
Il faut croire que c'est avant tout le dépaysement et la nouveauté que je recherche dans mes lectures.
N'empêche! C'est un livre réussi, digne d'être recommandé.
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Enfant, Claire se rend à Paris pour le salon de l'agriculture. Devenue bachelière, cette fille de paysans du Cantal est acceptée à la Sorbonne pour des études littéraires. La jeune fille rencontre un nouveau monde, un nouveau pays qui lui est inconnu et où la culture lui fait défaut. Parmi tous ces étudiants, elle se sent souvent mal à l'aise. Après des mois où "elle jetait chaque jour ses jeunes forces dans la lutte des études qui étaient sa guerre" , elle décroche sa première année, poursuit ses études et finit par s'installer dans cette ville. Claire s'est construite avec ce mélange de deux mondes où elle a trouvé un équilibre.

Claire connaît la dureté et les difficultés du travail de ses parents. Un monde agricole avec le couteau sous la gorge, des heures de travail non comptées et des interrogations sur l'avenir de la profession. A la Sorbonne, elle découvre, apprend ce que d'autres étudiants connaissent par leur milieu social. Gêne et honte se font sentir. Et il y a Paris. Une vie dont elle ne profite pas, un endroit qui ne lui appartient pas. Avec la peur de redoubler et de perdre la bourse qui lui permet d'étudier. Petit à petit, elle prend ses marques, apprivoise cette ville sans pour autant oublier d'où elle vient. Ses origines sont ancrées en elle. Indélébiles. Et ce sont autant d'odeurs, d'environnements différents qui lui rappellent son Cantal et la ferme familiale.
Chez Marie-Hélène Lafon, le mot paysan n'est pas dénigré mais employé avec respect et fierté. J'ai doublement aimé ce livre car je me suis retrouvée dans ce personnage De Claire.

La suite sur :
http://fibromaman.blogspot.fr/2012/09/marie-helene-lafon-les-pays.html

Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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C'est un style à part, une ode à la langue française qui porte délicieusement une histoire de rien du tout, celle d'une vie ordinaire mais majestueusement racontée. Pourquoi ne pas mettre plus d'étoiles ? Parce que l'ennui suinte parfois au coeur de ces lignes, parce qu'il manque une once de magie.
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N°683– Octobre 2013.
LES PAYSMarie-Hélène LAFON- Éditions Buchet Chastel.

Pour un agriculteur, on disait plutôt un cultivateur ou un paysan, même si on n'était pas exposant, aller au salon de l'agriculture, même pour trois ou quatre jours, était toujours un événement, surtout si on venait du Cantal. On aimait marcher dans les allées, regarder et toucher les bêtes même si elles faisaient partie de son quotidien. Ce n'était pas comme ces parisiens qui ne connaissent que le lait en briques et la viande découpée en barquettes au supermarché. C'était aussi l'occasion d'aller à la Capitale, de voir Paris. Pour cela on sollicitait les amis ou la famille et comme tout bons provinciaux on a toujours un cousin qui habite la banlieue et qui pilote les nouveaux-venus dans cette ville où ils ont l'impression d'être dans un pays étranger, presque sur une autre planète.

Ainsi commence l'histoire De Claire qui y faisait ainsi ses premiers pas. Plusieurs années plus tard, bac avec mention en poche, elle y reviendra, mais comme étudiante à la Sorbonne parce que le métier de paysan, entre les négociations de Bruxelles et les difficultés grandissantes de l'agriculture de montagne, c'était terminé. le père le disait d'ailleurs à la fin des repas de famille « On finissait, on était les derniers » même si cette génération d'agriculteurs a inauguré le confort des machines qui facilitent le travail. Voilà donc Claire, étudiante parisienne en hypokhâgne qui découvre le milieu universitaire avec à la fois la crainte des mandarins méprisant la piétaille estudiantine et une sorte d'admiration pour M. Jaffre, un professeur pas vraiment dans le moule et même un peu rebelle. Elle ne s'y sent pas tout à fait à sa place, peut-être parce qu'elle est fille de paysan et qu'elle y côtoie d'autres étudiants qui remettent leurs pas dans ceux de leur père dans des humanités qu'on fait ainsi de génération en génération. Étudiante besogneuse, effacée mais appliquée, elle ne fréquente guère les autres, se contente de regarder de plus ou moins loin les plus brillants, les plus emblématiques ou les plus flamboyants, et de travailler. Elle leur préfère des « pays », des compatriotes, même si, comme Alain, ils sont magasiniers à la Sorbonne, dédiés à la manutention de livres qu'ils ne lisent pas et dont ils ne comprendraient peut-être pas le texte. Elle vit à Paris mais craint surtout de ne pas être reçue ce qui équivaudrait pour elle à la suppression de sa bourse sans laquelle elle devrait renoncer aux études. Elle travaille dur et les mois d'été, elle les passe derrière le guichet d'une banque pour un supplément d'argent qui lui permettra de s'offrir des vêtements qui la feront un peu plus ressembler à une parisienne. D'ailleurs, elle ne retourne que très rarement en Auvergne, vit pratiquement une existence citadine, de plus en plus étrangère à son pays et ne reçoit des nouvelles de la famille que par la poste.
Cet intermède estival et bancaire est certes alimentaire mais lui permet surtout d'observer un autre monde, celui du travail, de s'y faire accepter autant par son entregent, sa discrétion que par sa disponibilité mais surtout d'envisager autre chose, une carrière dans la Fonction Publique que lui permettront ses futurs diplômes, avec avantages sociaux et sécurité d'emploi. Cet entracte laborieux lui permet cependant de goûter les conversations oiseuses et sans grand intérêt qui généralement y ont cours, basées plus ou moins sur le quotidien des employés de l'agence et de leur histoire personnelle, de rencontrer tout un aréopage de collègues originaux ou parfaitement inintéressants qui d'ordinaire peuplent le monde du travail... et de jouir de sa position d'intérimaire très temporaire.

Nous la retrouvons à quarante ans, un peu vieillie, divorcée sans enfant, professeur à Paris, sa ville désormais où elle vit avec métro, trains et appartement sans ascenseur, mais qui passe ses vacances en Auvergne, dans son pays. Ce sont ses deux « terriers », ses deux refuges. Elle est maintenant une vraie parisienne qui reçoit annuellement chez elle sa famille, son neveu et son père, comme un rituel. Elle les initie aux nouvelles technologies, leur montre les avantages du confort moderne, de la vie à Paris, les traîne dans les musées auxquels ce père terrien ne parvient pas à s'intéresser. le temps a passé pour elle comme pour les autres avec son cortège de souvenirs et de regrets d'enfance avec des objets arrachés au passé comme autant de jalons générateurs de mémoire qu'on garde jalousement et qui rappellent le pays quitté, comme déserté, « pour faire sa vie ». Un gouffre s'est creusé entre elle et cette famille au point qu'ils appartiennent maintenant à deux mondes différents qui ne se comprennent peut-être plus . Une bonne illustration de la phrase d'Eugène Delacroix mise en exergue de cet ouvrage «Nous ne possédons réellement rien ; tout nous traverse »

Il y a beaucoup de Marie-Hélène Lafon dans cette Claire, son départ d'Auvergne, son parcours universitaire, sa vie professionnelle et peut-être familiale ; c'est sans doute vrai mais il reste que ce départ de son « pays », de son décor d'enfance pour un autre univers auquel on doit impérativement s'adapter est, sans aucun doute, commun à tous et que nous tous pouvons, le transposant et au-delà de l'histoire, nous l'approprier.

Dans une précédente chronique (La Feuille Volante n°671 à propos de « MO »), j'avais dit mon sentiment à propos du style que je trouvais trop haché, trop minimaliste, simplifié à l'extrême et à mon sens trop peu agréable à lire pour un lecteur peu averti comme moi. Je ne l'ai heureusement pas retrouvé ici, bien au contraire. La phrase est, dans ce roman, plus ample même si elle est un peu longue, plus précise, plus poétique parfois, plus colorée, impertinente quelquefois, illuminée à l'occasion de mots vernaculaires (Le vent de neige se dit en Auvergne « écire » ou « burle ») et fort agréablement enlevée avec ce rien d'humour qui vous la fait relire rien que pour le plaisir. J'ai donc lu ce livre avec délectation, un peu à cause de l'histoire, un peu à cause de la musique et de la justesse des mots, de l'odeur des lieux, de la suavité des paysages décrits et peut-être aussi de la nostalgie qu'il distille. Et puis j'apprécie toujours quand un auteur m'emmène avec lui pour un bon moment de lecture et surtout quand il sert, avec sa plume, notre si belle langue française.





© Hervé GAUTIER - Octobre 2013 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Earl Grey sans sucre

Claire, quitte son Auvergne natale et monte à Paris pour étudier à la Sorbonne. Élève brillante, une mention très bien au bac, elle vient étudier les Lettres Classiques. de cours à l'amphi, en ballades dans les rues, en boulot d'été, nous la suivons dans trois étapes de son initiation citadine.

Son quotidien est fait d'émerveillements suscités par la vie dans une grande ville, de rencontres avec une galerie pittoresque d'étudiants, de voisins ou de passants, de retours réguliers mais de plus en plus espacés dans la ferme familiale. Trois étapes qui vont donner un sens a sa vie et marquer à tout jamais un éloignement de ses racines.Les études terminées, elle repart pour de longues vacances à la ferme familiale....

On fait alors un bond dans le temps. Et quinze ans plus tard, son père vient lui rendre visite. Elle est maintenant devenue professeure dans un établissement scolaire parisien. Elle a maintenant quarante ans, toujours célibataire. Elle a trouvé sa vie, dans ce petit appartement aux portes de Paris. Lui est maintenant à la retraite. Lui qui ne comprend pas cette vie. Lui perdu dans cet environnement. Lui qui se sent décalé dans cette frénésie.

Deux histoires, deux lieux, deux manières d'appréhender la vie. Et qui demeureront résolument distincts. Qui coexistent. Qui se tolèrent. Mais ne savent pas comment communiquer.

Dans son livre "Les pays", Marie-Hélène Lafon dépeint à la manière d'une anthropologue précise et détachée, l'histoire singulière de cette femme coincée entre deux mondes.Tous les opposent. Et en plus ils semblent s'ignorer.

Ce livre est comme une tasse de thé : sobre, délicat et simple au premier regard. le récit avance lentement au gré des saisons, des rencontres et des étapes de la vie d'une étudiante.
Puis l'arôme se déploie et le parfum apparaît : subtil et doux. L'héroïne vit sa transformation avec douceur, élégance, sans volonté appuyée. Elle semble avancer dans la vie sur la pointe des pieds. On est loin d'une Bridget J. larmoyante, d'une Pretty Woman méritante ou d'un Rastignac exalté. La transformation a l'air de s'opérer lentement, sans à-coups. Aucun dialogue cependant. Un récit purement contemplatif. Les sentiments sont simplement suggérés.
Et c'est une fois en bouche que le goût se révèle : fort, sophistiqué, distinctif. le style est très recherché mais sans fioritures inutiles. Recherche dans les mots: précis, sonores, esthétiques. Recherche dans le rythme : phrases gigognes, amples et ciselées dans lesquelles Marie-Hélène Lafon s'amuse avec la ponctuation, les tournures et les formulations. Elle a dû passé des heures à peser chaque mot, essayer des structures, choisir ses adjectifs. Tricotant et détricotant son ouvrage.

Une fois le livre reposé, une sensation demeure : l'apaisement. On sort de cette lecture différent comme Claire, l'héroïne. Comme si ce récit avait touché les profondeurs oubliées de nos propres racines et apaisé certaines douleurs.

Lien : http://lesdouzecoupsdeminuit..
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Je découvre la plume de Marie-Hélène Lafon avec Les pays et je sors de cette lecture avec un avis partagé.
J'ai en effet eu beaucoup de mal à me plonger dans le roman tant l'écriture hachée, entrecoupée, a rendu ma lecture difficile. Indéniablement Marie-Hélène Lafon a un style bien à elle, que l'on sent très travaillé et où chaque mot est pesé. Mais aussi auquel j'ai eu du mal à m'adapter et qui m'a laissé un peu sur la réserve.
Pourtant, j'ai vraiment apprécié les thèmes mis en avant dans ce roman : l'opposition ville / campagne, ici Paris et un petit village du Cantal d'où est originaire Claire, le personnage du roman, le sentiment d'appartenance à une région, l'héritage qu'on en garde et la volonté aussi, pour les jeunes générations, de découvrir autre chose.
Le roman se découpe en trois parties : l'enfance De Claire, avec la visite au salon de l'Agriculture et la découverte de la ville. Puis la deuxième partie, la plus longue, nous décrit l'adolescence et le début de la vie d'adulte De Claire, qui poursuit ses études à Paris, avec la volonté de s'émanciper de son héritage familiale, d'exister par elle-même, de se fondre dans la ville. Dans la troisième partie on retrouve Claire, la quarantaine, qui reçoit la visite de son père et son neveu. Si au fond d'elle-même, bien que bien installée dans sa vie parisienne, elle ne peut se défaire de sa région natale, se confronte encore ici les valeurs du père, attaché au monde rural et celles de sa fille.
Un roman vraiment intéressant donc, qui ne m'a malheureusement pas apporté autant que je l'espérais mais qui reste tout de même une bonne lecture.
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Marie Hélène Lafon nous a habitués à ses descriptions de sa vie d'enfant, dans une ferme du Cantal du coté l'Allanche. Elle nous a souvent présenté ces personnages rudes, simples, solides dehors, parfois fragiles comme tout le monde dedans. Cette fois, c'est d'elle-même qu'elle nous parle: munie de son bac (mention très bien, denrée rare à cette époque), elle s'installe à Paris, dans un petit appartement, pour suivre des études de lettres classiques à la Sorbonne. Un peu de solitude, des rencontres - inégales -, la découverte de la jeunesse dorée, qui l'impressionne par les connaissances semble-t'il innées de ces étudiants, qui donnent l'impression de tout savoir, d'avoir tout lu, tout connu, alors qu'il lui faudra, à elle, suivre un chemin exigeant fait de lectures sans fin, de séances de cinéma, de rencontres et d'échanges, pour "rattraper" ces acquis. Somme toute, ceux qui ont connu cette expérience sont nombreux. Aussi, quels que soient le talent de l'auteure et l'intérêt du récit, on lui préférera ses nouvelles, ou par exemple son petit roman "Joseph".
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Il m'a fallu vérifier à deux fois que le mot roman était bien imprimé sur la couverture tant l'histoire De Claire se confond intimement avec elle de son auteur. L'intrigue des «Pays » de Marie-Hélène Lafon est certes bien mince : l'héroïne, fille de paysans, quitte la ferme paternelle pour les bancs de la Sorbonne. Montée à la capitale pour y poursuivre ses études, elle y reste finalement et devient professeur de lettres. Et pourtant, Claire n'oubliera rien, ne reniera rien. Pas plus ses racines que la réalité de sa nouvelle ville. On est là au coeur de ce court ouvrage. Comment passer d'un monde à un autre, des vastes étendues du Cantal à celui plus restreint d'une ville ? Comment grandir sans trahir, ni les siens, ni soi-même ? Comment accepter de devenir autre, une presque étrangère sans blesser cette famille qui vous a pourtant porté ?
Toutes ces interrogations, ces oscillations du coeur sont exposées pudiquement grâce à une langue épurée, ciselée, parfois si travaillée que nous sommes souvent tenus à distance d'une véritable émotion. Et puis soudain, au détour d'une page, on est pris par surprise ; deux lignes très simples disent le souffle des paysages de montagnes, trois mots suffissent à exprimer la fierté contenue d'un père vieillissant. Magique !
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