Quel roman déroutant et surprenant !
Je me souviendrai toujours du gagnant de Booker Prize 1985 comme le livre qui mit ma patience à rude épreuve à cause de son style particulier.
Je me souviendrai aussi comme un livre qui me procura des moments intenses de lecture, dès que je me suis habitué avec le style.
Pour les lecteurs qui ne le savent pas, le roman de
Keri Hulme fut rejeté par plusieurs éditeurs et il n'aurait jamais vu le jour s'il n'avait pas été accepté par une petite maison d'édition. L'audace fut récompensé par le prix Mobil Pegasus de la littérature maorie en 1984 et Booker Prize l'année d'après.
Keri Hulme nous livre ici une histoire poignante à travers le vécu et les ressentis de trois personnages tourmentés par les soucis de la vie. C'est un récit vivant et précis soutenu par des descriptions poétiques et des mythes et légendes maoris.
Keri Hulme décortique la complexité de la nature humaine et aborde des sujets durs : l'alcoolisme qui est au centre du roman, l'autodéstruction, l'isolation, l'amour et la haine ou même la maltraitance des enfants. C'est un récit parfois tendre, souvent dur qui ne laisse pas de répit au lecteur. C'est sur la maltraitance des enfants que j'ai des reproches à faire, car étant parent d'un enfant mineur, j'ai été perturbée par les descriptions détaillées des conséquences de cet acte.
Si ce roman n'est pas le coup de coeur que je m'y attendais, il fera partie des rares livres que je relirai un jour.
J'aurai à ce moment-là plus de recul et du temps pour savourer l'écriture poétique que j'ai beaucoup aimé.
Ah, le vin
Embrume le cerveau
Noie les vieux souvenirs vilains
Il les réduit à rien
Le vin..
Le vin, ha,
S'éloigne de moi
A grands pas
J'y vois tout flou
Mais je m'en fous,
Ma chronique vous semble confuse ? La forme du roman y est également.
Comprenne qui pourra (préface)