Chère Lilja,
voici le journal qui relate ta relation avec lui.
Il est beau, c'est un intellectuel qui cite de grands philosophes. Tu l'aime Lilja. Tu n'en crois pas tes yeux qu'il t'aime également. Toi qui cherche désespérément un peu d'amour tu est comblée. Enfin quelqu'un qui te correspond et te comprend, te dis-tu.
Mais le rêve se teinte progressivement de noir. Il voit d'autres femmes qui te semblent toutes plus belles et douées que toi. Tu te pense inférieure à elles. Il te dit que ce ne sont que des amies, mais tu ne peut t'empêcher de douter. Pourquoi reste-t-il avec moi ? Ne risque t-il pas de m'abandonner pour l'une d'entre elles ?
Alors tu accepte ce qu'il te demande pour qu'il reste, qu'il ne te laisse pas seule. Tu te plies à ses désirs à défaut d'être aussi bien qu'elles. Mais le malaise s'accroît progressivement. Tu te persuade d'être heureuse avec lui, mais tu sens bien que tu commence à aller mal. Tu pense faire des compromis mais tu est victime d'abus.
Tu te rend finalement compte qu'il te trompe avec l'une d'entre elles. Tu te sens trahie et tu veux rompre la relation. Mais il t'assure que tu te fais des idées et que tu est irremplaçable à ses yeux. Tu le croit mais tu est quand même dévastée. Ta souffrance devient insoutenable, mais personne ne la voit. Tout le monde pense que tu as de la chance d'avoir un petit ami aussi formidable. Pendant ce temps la douleur te consume à petit feu, tu t'éteins peu à peu.
Bref, chère Lilja ton histoire m'a profondément révoltée.
Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de ELLE.
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Attirée par quelques nouveaux commentaires sur ce petit torchon que j'ai lu en version anglaise en 2021, je viens juste laisser mes impressions sur cette tentative avortée de littérature.
On lira avec peine ou avec ironie ces péripéties glanées par l'autrice sur la terre fertile de tous les magazines sur le Pervers narcissique (et peut-être aussi « sa complice », comme l'écrivait Eiger dans son ouvrage ) sur toutes ces vidéos sur YouTube, blogs, témoignages, tout ce que vous voudrez - et voilà, le tour est joué.
Et d'abord le point de vue narratif à la première personne est si commode et pourtant si mal utilisé, avec une psychologie de comptoir ou de salon de manucure. L'autrice se moque et se joue du public, car non seulement elle n'a jamais eu affaire avec un véritable pervers narcissique (ou pervers tout court, car le pervers « narcissique » est souvent gentillet quoiqu'on pense le contraire, á moins d'avoir lu suffisamment de livres écrits par des psychologues et des psychiatres. En effet la notion de pervers narcissique ou d'individu auto-centré, égoïste, avec versant bipolaire, gentil avec tout le monde et méchant avec la nana, est une notion ambiguë et on ne peut comprendre les agissements de ce type d'individu que si soi-même on en a été victime (comme moi et j'ose le dire) et si on a voulu, par la suite, comprendre le fonctionnement de cet individu manipulateur, souvent autoritaire, hyper-actif, et surtout dépendant de sa mère.
Ainsi me semble-t-il, SEULES les personnes qui ont vécu avec des pervers sont capables de tenir un journal ou « une narration » approchant du genre ou du sujet de l'autrice. Tout ce que j'y ai lu n'est qu'une somme de clichés et des variations de faible intensité. Il n y a pas d'analyse psychologique fouillée ni véritablement de sentiment d'étrangeté et d'ahurissement face à un pervers. de même l'intérieur de la psyché du « taré » est à peine époussetée et on n'y voit pas grand chose.
Les scènes décrites sont tantôt vulgaires (voir la citation que j'ai incluse), tantôt banales, reflétant peu la tension véritable entre deux individus et les ressorts qui sous-tendent cette relation dite toxique.
Quant à la fin de cette aventure burlesque elle est à mourir de rire (certains riront jaune pourtant) et cela fait du bien. Mais si, je vous assure !!!
Qu'on ne vienne pas faire l'apologie de ce roman-sot en arguant qu'il sera très utile aux jeunes filles pour leur éviter de tomber dans le piège d'un manipulateur. Qu'on ne me présente pas de cette nourriture-là.
Franchement si vous avez du temps à perdre, c'est le moment ou jamais !
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Ce court roman de 144 pages nous donne à entendre la voix de Lijla, 20 ans, étudiante amoureuse d'un homme plus âgé, très beau et intelligent, d'après sa description. Mais cette relation s'avère être toxique et Lilja, qui est prête à faire n'importe quoi pour le garder, s'enfonce peu à peu dans la dépression.
Le roman, qui ne nous offre que le point de vue de Lijla, s'articule en très courts chapitres qui décrivent, sans lien réels entre eux, des évènements qui jalonnent sa vie avec son compagnon. Cela s'apparente au journal d'une adolescente, empreint de sincérité, sans tabou, cru parfois, où on voit petit à petit, Lijla prendre conscience qu'elle est sous l'emprise d'un menteur, manipulateur, infidèle, égoïste, méprisant. On la voit se débattre mais il l'a tellement rabaissée, dévalorisée, isolée qu'elle n'a pas la force de fuir; la seule échappatoire pour elle est de se scarifier, de faire sortir la douleur avec le sang qui s'échappe de ses plaies; elle s'enfonce petit à petit dans l'auto-destruction, la dépression.
Ce roman offre une double interprétation, celle de Lijla qui pense mériter ce qui lui arrive parce qu'elle se trouve nulle physiquement et intellectuellement, ressent même de la gratitude vis-à-vis de son tortionnaire pour avoir posé le regard sur elle et la nôtre, extérieure, non impliquée émotionnellement, qui nous donne envie de prendre Lijla par la main pour l'emmener loin de ce pervers narcissique.
Une lueur d'espoir clôture ce primo-roman éprouvant, incandescent qui expose avec sincérité, honnêteté, rage, désespoir la parole d'une femme victime d'emprise afin que d'autres s'en inspirent, sachent qu'elles ne sont pas seules et aient le courage de parler.
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Reçu et lu ce livre dans le cadre de ma participation à Masse Critique. Merci aux éditions Agullo.
Tout d'abord, la couverture est magnifique. Cet homme en noir et blanc et ses teintes de rouge, parfait pour se mettre dans l'ambiance de cette relation toxique.
On peut en effet clairement parler d'une relation toxique dans laquelle Lilja s'engouffre de plus en plus, au nom de l'amour, et du simple fait qu'elle tient à lui plus que tout.
Sous forme de journal intime, ces courts chapitres, prennent la forme de petites histoires, de petites anecdotes, de petits extraits du quotidien de Lilja. Mais petit à petit, nous plongeons dans l'horreur, jusqu'à assister à la dégradation de Lilja concernant toute volonté d'aller de l'avant, à certains moments.
J'ai eu beaucoup de peine pour elle, mais aussi de l'espoir qu'elle puisse s'émanciper de cette relation malsaine. Je suis resté en apnée tout au long de la lecture que je n'ai pas pu lâcher.
La fin est ouverte entre espoir et cauchemar, je ne sais qu'en penser.
Mais je préfère l'espoir, pour que cela puisse servir de guide à toutes les personnes qui souffrent dans ce type de relation.
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Un roman déchirant, construit sous forme de courts chapitres, qui alterne entre l'amour et la rage.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Il veut aussi me pisser dessus. C’est bizarre de sentir la pisse de quelqu’un d’autre sur soi parce qu’elle est plus froide que l’eau de la douche, et que l’odeur qui s’en échappe sous la chaleur n’est pas très agréable. En général, il urine dans mon dos mais de temps en temps il veut que je me mette à genoux pour pouvoir le faire sur ma tête. Un jour il a même uriné dans ma bouche.
Je suis fascinée par la manière dont cet homme grand et fort peut aussi prendre l’apparence d’un petit garçon. Lorsque nous dormons ensemble, il s’enroule autour de moi, si paisible, si beau. Nous restons ainsi blottis l’un contre l’autre toute la nuit. Nos deux corps comme deux pièces de puzzle qui s’imbriquent parfaitement. Dans ces moments-là, je me sens enfin complète. Il n’y a rien en trop, rien qui manque, tout est parfaitement à sa place. Certains matins, il est si excité que, lorsque je me réveille, il a déjà commencé à me pénétrer. C’est presque un automatisme, il est comme aspiré par moi. Il fait alors preuve d’une telle douceur que j’ai le cœur serré de reconnaissance.
C’est dans le silence que la honte et l’isolement prospèrent, et si personne ne le brise, l’histoire est vouée à se répéter à l’infini.
Je sais bien que je devrais mettre un terme à tout ça, mais je n'arrive pas à me détacher de lui. Si j'étais mieux, je lui suffirais.
Il m’a effeuillée comme un oignon. Cernée de lambeaux de peau, je ne suis plus rien et mes yeux me piquent.