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Citations sur La clé de verre (25)

« Ned, tu ne m'as pas bien compris. Je ne t'ai pas demandé ce que tu en pensais. Je t'ai juste demandé quel genre de cadeau je devrais offrir à Miss Henry. »
Le visage de Ned Beaumont perdit sa vivacité et se changea en un masque un peu maussade. « Tu en es où, avec elle ? » demanda-t-il d'une voix qui ne laissait rien deviner de ses pensées.
« Nulle part. Je suis allé chez eux une demi-douzaine de fois peut-être pour discuter avec le sénateur. Parfois je la vois, parfois non, mais juste le temps de dire " Comment allez-vous ? ", ou quelque chose de ce genre en présence d'autres personnes. Je n'ai pas encore eu l'occasion de lui parler vraiment, tu sais. »
Une lueur amusée brilla un instant dans les yeux de Nad Beaumont, puis disparut. Il lissa un coin de sa moustache avec l'ongle de son pouce. « Demain, c'est ton premier dîner chez eux ?
— Oui, même si j'espère bien que ce ne sera pas le dernier.
— Et tu n'es pas invité à la soirée d'anniversaire ?
— Non. » Madvig hésita. « Pas encore.
— Alors ma réponse ne va pas te plaire. »
Madvig resta de marbre. « Mais encore ?
— Ne lui offre rien.
— Enfin, quoi, Ned ! »
Ned Beaumont haussa les épaules. « Fais ce que tu veux. Tu m'as demandé.
— Mais pourquoi ?
— Ça ne se fait pas d'offrir un cadeau à quelqu'un si on n'est pas certain que cette personne le désire.
— Mais tout le monde aime…
— Sans doute, mais ça ne va pas plus loin. Quand tu offres quelque chose à quelqu'un, c'est une manière explicite de dire que ton geste va être apprécié et…
— Pigé » fit Madvig. Il se frotta le menton de la main droite. Puis il fronça les sourcils et dit : «Tu as sans doute raison. » Son visage s'illumina. « Mais laisser passer l'occasion, c'est hors de question !
— Des fleurs, dans ce cas, ou ce genre de chose, proposa rapidement Ned Beaumont. Ça pourrait aller.
— Des fleurs ! Merde ! Moi, je pensais à…
— C'est ça ! Tu pensais lui offrir un coupé décapotable ou trois kilomètres de perles. Tu en auras l'occasion plus tard. Commence modestement, tu feras mieux après. »

Chapitre I : Le cadavre dans China Street, II.
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« Pourquoi n'aimiez-vous pas père ? demanda-t-elle.
— Parce que, s'enflamma-t-il, je n'aime pas les maquereaux. »
Elle rougit et la honte gagna son regard. D'une petite voix sèche, étranglée, elle demanda : « Et vous ne m'aimez pas parce que… ? »
Il ne répondit rien.
Elle se mordit la lèvre et s'écria : « Répondez-moi !
— Vous, ça va, sauf en ce qui concerne Paul, la façon dont vous vous êtes servie de lui. L'un comme l'autre, vous étiez extrêmement nuisibles pour lui. J'ai essayé de le lui dire. J'ai essayé de lui dire qu'aussi bien l'un que l'autre, vous le considériez comme le représentant d'une espèce inférieure du monde animal et comme la proie rêvée que vous pouviez soumettre à n'importe quel traitement. J'ai essayé de lui dire que votre père était quelqu'un qui, toute sa vie, a eu pour habitude de gagner sans rencontrer de vrais obstacles et que s'il se retrouvait dans une situation critique, soit il perdrait la tête, soit il dévorerait les autres. Mais il était amoureux de vous, alors… »
Il fit craquer ses mâchoires l'une contre l'autre et s'approcha du piano.
« Vous me méprisez, accusa-t-elle d'une voix basse et dure. Vous me considérez comme une putain.
— Je ne vous méprise pas, répondit-il d'un ton irrité sans se retourner. Quoi que vous ayez pu faire, vous l'avez payé et vous avez été payée pour ça, et cela vaut pour chacun d'entre nous. »

Chapitre X : La clé brisée, II.
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- Est-il... Est-il en danger ?
Ned Beaumont inclina la tête et dit avec une certitude impressionnante :
- S'il ne l'emporte pas aux élections, il perdra son influence sur la municipalité et les autorités de l'Etat et alors, ils le passeront à la chaise électrique.
Elle frissonna et interrogea d'une voix tremblante :
- Mais s'il gagne, il n'a rien à craindre ?
- Rien.
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Elle l’étudia d’un œil critique. « Tu n’as pas si mauvaise mine, dit-elle au bout d’un petit moment, mais pas si bonne que ça non plus. Comment te sens-tu ?»

- Très bien. Si je ne pars pas, c’est uniquement parce qu’il y a les infirmières.
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« Je vais vous dire comment nous allons procéder. Janet, téléphonez-lui et demandez-lui de venir d'urgence. Nous lui raconterons alors que votre père voulait lui rendre visite, pistolet au poing, et nous verrons ce qu'il dira. »
Janet remua, mais elle ne se leva pas du sol. Son visage était dépourvu d'expression.
Son père déclara : « C'est ridicule. Nous ne ferons rien de semblable.
— Janet, téléphonez-lui », répéta Ned Beaumont d'un ton péremptoire.
Elle se releva, le visage toujours inexpressif et, sans porter aucune attention au « Janet ! » autoritaire de son père, elle se dirigea vers la porte.
Le sénateur changea de registre. « Attends, ma chérie. » Il se tourna vers Ned Beaumont : « Je souhaiterais vous parler seul à seul à nouveau.
— Si vous voulez », consentit ce dernier en observant la jeune femme qui hésitait sur le seuil.
Avant qu'il ait pu lui parler, elle déclara d'un ton obstiné : « Je veux entendre ce qu'il va dire. J'ai le droit de l'entendre. »
Ned Beaumont hocha la tête, regarda le sénateur et dit : « Elle a raison.
— Janet, ma chérie, j'essaye de te ménager. Je…
— Je ne veux pas être ménagée, répondit-elle d'une petit voix atone. Je veux savoir. »
Son père présenta ses paumes dans un geste de défaite. « Dans ce cas, je ne dirai rien. »
Ned Beaumont intervint : « Janet, appelez Paul. »
Avant qu'elle ait pu esquisser un mouvement, le sénateur capitula : « Non. Vous me rendez les choses plus difficiles qu'elles ne devraient l'être, mais… » Il sortit un mouchoir et s'essuya les mains. « Je vais vous dire exactement ce qui s'est passé et après, je vais vous demander une faveur, je pense que vous ne pourrez pas me la refuser. Cependant… » Il s'interrompit pour s'adresser à sa fille. « Entre, ma chérie, et ferme la porte si tu dois absolument entendre ça. »

Chapitre X : La clé brisée, I.
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- Qui m’a trouvé ? Et où ?
- Un flic. Tu te trainais à quatre pattes au milieu de Colman Street à trois heures du matin en laissant une trainée de sang derrière toi.
- J’ai vraiment de drôles de passe-temps.
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Jeff inspecta la pièce d'un regard de myope et s'étonna : « Où c'est qu'elle a bien pu passer, bon Dieu ? » Il lâcha le poignet de Ned Beaumont, retira le bras de ses épaules et demanda : « Tu vois pas de poule, ici, hein ?
— Non. »
Jeff agita la tête de haut en bas d'un geste pénétré. « Elle est plus là », constata-t-il. Il exécuta un pas mal assuré en arrière et enfonça son index sale sur le bouton de sonnette à côté de la porte. Puis, avec une petite arabesque de la main, il exécuta une révérence grotesque et dit : « 'Sieds-toi. »
Ned Beaumont s'assit à la table où régnait le moins de désordre.
« 'Sieds-toi sur le putain de fauteuil de merde sur lequel t'as envie de te poser », poursuivit Jeff avec un nouveau geste maniéré. « Si celui-là te plaît pas, prends-en un autre. Je veux que tu te considères comme mon invité, et tu peux aller te faire voir si ça te plaît pas.
— C'est un chouette fauteuil, commenta Ned Beaumont.
— C'est un fauteuil de merde. Tous les fauteuils, y valent peau de balle dans cette baraque. Regarde. » Il en souleva un dont il arracha un des pieds de devant. « T'appelles ça un chouette fauteuil ? Écoute, Beaumont, les fauteuils, t'y connais rien de rien, bordel. » Il reposa le siège, jeta le pied sur le canapé. « Tu m'auras pas. Je sais ce que tu mijotes. Tu crois que je suis bourré, hein ? »
Ned Beaumont lui fit un large sourire. « Non, tu n'es pas bourré.
— Mon cul que je suis pas bourré. Je suis plus bourré que toi. Je suis plus bourré que n'importe qui dans cette baraque. Je suis saoul comme un cochon, et va pas croire que je le suis pas, mais… » Il leva son gros index sale.
Un serveur se présenta sur le seuil en demandant : « Vous désirez, messieurs ? »
Jeff se tourna vers lui avec animosité : « Où c'est que t'étais ? Tu dormais ? Ça fait une heure que je t'ai sonné. »
Le serveur ouvrit la bouche pour répondre.
Jeff poursuivit : « Je fais monter le meilleur ami que j'ai en ce monde pour boire un coup et y se passe quoi, bon Dieu ? On est obligé de poireauter le cul posé sur un fauteuil pendant une putain d'heure en attendant un abruti de serveur. Pas étonnant qu'il me fasse la gueule.
— Qu'est-ce que vous voulez ? demanda le garçon avec indifférence.
— Je veux savoir où la fille qu'était là est passée, merde.
— Oh ! elle ? Elle est partie.
— Partie où ?
— J'en sais rien. »
Jeff prit l'air mauvais. « Ben t'as intérêt à te renseigner, et vite, bordel. Comment ça, tu sais pas où elle est allée ? SI c'est pas une boîte de merde où y a personne… » Une lueur rusée s'insinua dans ses yeux rouges. « Je vais te le dire, ce que tu vas faire. Tu vas monter aux toilettes des femmes voir si elle y est.
— Elle n'y est pas, insista le serveur. Elle est partie.
— La garce ! s'écria Jeff en se tournant vers Ned Beaumont. Qu'est-ce qu'y faut faire, à une garde pareille ? Je te fais monter ici parce que je veux que tu la rencontres, vu que je sais qu'elle va te plaire et que tu vas lui plaire et elle, elle est trop crâneuse pour rencontrer mes amis, bordel, et elle se tire. »
Ned Beaumont allumait un cigare. Il ne fit aucun commentaire.

Chapitre IX : Les ordures, III.
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Il trouva la bouteille qu'il apporta puis alla chercher des verres. "Sec?" demanda-t-il.

Elle hocha la tête. Ses seins ronds tendaient la soie rouge de sa robe au gré de sa respiration irrégulière.

Il versa deux grandes doses.
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Ce soir-là, Ned Beaumont sonna à une maison de deux étages non éclairée située dans Smith Street. Un homme trapu, doté d'une petite tête et d'épaules massives, ouvrit la porte d'une quinzaine de centimètres, dit, « C'est bon », et acheva d'écarter le panneau.
Ned Beaumont pénétra à l'intérieur en disant « Salut », suivit un couloir sombre de cinq ou six mètres, dépassa deux portes fermées sur sa droite, en ouvrit une sur sa gauche et descendit une volée de marches en bois jusqu'à un sous-sol où il y avait un bar et où une radio jouait en sourdine.
Derrière le bar, une porte en verre dépoli affichait l'inscription " Toilettes ". Elle s'ouvrit et un homme au teint basané en sortit. La courbure de ses puissantes épaules, la longueur de ses bras musclés, l'aspect aplati de son visage et ses jambes arquées avaient quelque chose de simiesque : c'était Jeff Gardner.
Il vit Ned Beaumont et ses petits yeux rouges étincelèrent. « Bon sang, j'en reviens pas. Si c'est pas Beaumont Cogne-moi-encore ! rugit-il en dévoilant ses magnifiques dents dans un immense sourire.
— Salut, Jeff », dit Ned Beaumont tandis que tout le monde, dans la salle, les observait.
Jeff s'approcha en roulant des épaules, il lui entoura sans ménagement le cou avec son bras gauche, emprisonna sa main droite dans la sienne et s'adressa à l'assistance d'un ton jovial : « C'est le gars le plus sympa sur qui je me suis jamais esquinté les poings, et on peut dire que ça m'est arrivé un tas de fois. » Il entraîna Ned Beaumont vers le bar. « On va tous se vider un petit verre et après, je vous montrerai comment on s'y prend. Bon Dieu, je vous le jure ! » Il avança son visage sadique à deux doigts de celui de Ned Beaumont. « Qu'est-ce que t'en dis, mon petit gars ? »
Ned Beaumont contempla d'un œil impassible le visage laid et basané tout proche de lui quoique un peu plus bas, et dit : « Un scotch. »
Jeff s'esclaffa avec délectation. Il lança à nouveau à la cantonade : « Vous voyez, il aime ça. C'est un… » Il hésita en plissant le front, humecta ses lèvres. « … un sacré massachiste, voilà ce que c'est. » Il tourna à nouveau vers Beaumont son sourire mauvais. « Tu sais ce que c'est, un massachiste ?
— Oui. »
Jeff eut l'air déçu.

Chapitre IX : Les ordures, III.
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Tu parles beaucoup trop, Jeff. Si tu n'ouvrais pas si souvent la bouche, tu n'aurais pas perdu tes dents.
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