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Citations sur Plus grand que le ciel (100)

Vincent portait sur son travail un regard dépourvu d'indulgence. II n'aimait rien tant qu'écrire, entendre l'idée germer, les personnages lui parler, voir le brouillard se lever tandis qu'il tapait frénétiquement sur son clavier, chercher le mot juste, le rythme qui claque, se laisser surprendre par des directions imprévues, sentir les rouages de son imagination se mettre en branle, voir les pages se noircir, et, de toutes ces lettres mises bout à bout, une histoire naître.
A contrario, se relire était une torture. Comme se voir sur une affiche ou s'entendre à la radio. Il se demandait comment il avait pu consacrer autant d'heures à pondre une telle bouse, les personnages lui paraissaient soudain grotesques, l'histoire dispensable, le style anecdotique. Il prenait les critiques positives avec distance et les négatives à coeur, car il avait la douloureuse manie d'être d'accord avec ces dernières.
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Ça n'a pas tardé. J'ai eu mon premier commentaire négatif.
"Livre insipide, aucune profondeur, aucune psychologie, si j'avais pu mettre zéro je l'aurais fait. Quitte à gâcher du papier, préférez du triple épaisseur."
C'est net et rythmé. Manon n'a même pas pris la peine de prendre un pseudonyme. Ça m'a fait rire. Et je lui suis reconnaissant de ne pas avoir mentionné mes - très occasionnels- problèmes d'érection. De toute façon, je suis habitué, ma propre mère n'aime pas mes livres. Elle ne le dit pas comme ça, c'est plus subtil. Elle se contente de m'envoyer un laconique «J'ai bien aimé» par SMS, suivi d'un mail interminable dans lequel elle pointe les phrases qu'elle reformulerait, celles qu'elle ne comprend pas, et les pasages qu'elle couperait. A l'inverse, elle est souvent dithyrambique pour parler des livres des autres.
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-Je travaille dans l'édition. Et vous ?
-Pompes funèbres.
-Vous déconnez.
C'était la réaction usuelle quand Elsa évoquait son travail, et ce n'était pas pour lui déplaire.
Vincent observa attentivement son visage :
- Je n'aurais jamais imaginé ça.
-Je réserve ma capuche noire et ma faux aux grandes occasions. Il rit franchement. Elle avait raison : c'était complètement con. Il s'entendait parfois débiter de platitudes n'ayant pour autre but que de remplir les silences. Evidemment que la profession des gens n'était pas identifiable à leur allure, sinon quoi ? Les bouchers auraient des tabliers maculés de sang, les informaticiens des lunettes triple foyer, les publicitaires le nez plein de poussière blanche, les coiffeuses un côté de la tête plus court avec des mèches rouges, les secrétaires les ongles vernis, les facteurs des mollets surdéveloppés, les psychiatres une barbe, les bûcherons des chemises à carreaux et les acteurs porno une bite à la main ?
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Ils n'ont jamais eu de grandes ambitions, mes parents. Il reste peu de place pour les rêves quand on croule sous les contraintes. Boucler les fins de mois, remplir le frigo, assurer les cadeaux d'anniversaires et ceux de Noël, partir au camping.
Que leur fils unique s'en tire mieux qu'eux. Ils n'étaient d'ailleurs pas d'accord sur l'itinéraire de ma réussite, ma mère espérait que je trouve un boulot dans lequel je m'épanouisse, mon père me souhaitait un gros salaire. Moi, je visais pas grand chose, je n'envisageais pas de quitter le milieu dans lequel évoluait ma famille depuís la plus haute branche de l'arbre généalogique. Là où jai grandi, ce n'est pas la passion qui nous tíre du lit. Là où j'ai grandi, on est locataire, on attend la CAF. on entoure les promotions sur les prospectus, on prend les articles sur l'étagère du bas, on a une carte électron, on redoute les appels masqués, on porte les vêtements des autres, on reconnaît la caissière de LIDL, on préfère les débuts de mois, on fait ses comptes, on préfère quand le facteur ne s'arrête pas, on fait tourner le lave-linge la nuit, on attend que les films passent à la télé, on couvre ses cheveux blancs soi-même, on sait où l'essence est la moins chère, on se persuade que « qui dort, dine » est un proverbe valable dans toutes les familles.
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Il y a des jours pires que les autres. Je n’avais rien contre les 8, avant. Ils m’étaient complètement indifférents, traversaient les mois sans que je leur accorde d’intérêt particulier, parce qu’on ne sait jamais sur quel numéro va s’arrêter notre roue. Depuis toi, je vois approcher les 8 avec méfiance, je les redoute, ils ont la figure de ton absence.
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C'est d'une cruauté sans nom de voir s'éteindre quelqu'un qu'on aime, de pouvoir encore toucher ses mains, caresser sa peau, entendre sa voix, voir sa poitrine se soulever, sentir son souffle, recevoir son regard, de pouvoir s'en repaître, s'en gaver, en sachant que ce sera bientôt fini et que ce bientôt ne nous appartient pas. Il rejoindra le monde des souvenirs, le monde des absents. C'est d'une cruauté sans nom d'avoir rendez-vous avec la mort. De la savoir en chemin. De l'attendre.
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Ça ne fait pas moins mal avec le temps. Ça fait mal moins souvent.
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Les routines matinales sont très personnelles : certaines personnes font du yoga, d’autres vont aux toilettes avec un journal ; Elsa, elle, avait envie de crever.
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Il n'a pas refait sa vie après ma mère. Il disait que c'était par choix, qu'il ne supporterait plus de vivre avec quelqu'un, qu'il avait pris des habitudes de vieux garçon, qu'il aimait avoir le lit pour lui tout seul et l'entière jouissance de la télécommande. Je crois surtout qu'il n'a jamais réussi à remettre les morceaux de son coeur dans le bon sens.
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S’il y a bien un super-pouvoir que j’aurais voulu garder de l’enfance, c’est celui-là : donner autant d’importance aux petites joies qu’aux grands chagrins. …
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