Susan Glaspell n'est pas de ces autrices qui font les têtes de gondoles, et pourtant… Les éditions Tendance négative ne s'y sont pas trompées en proposant la première édition de cette longue nouvelle, issue d'un reportage qu'a fait
Susan Glaspell, dans l'Iowa je pense, après le meurtre de John Hossack, pour lequel sa femme Margaret a été arrêtée. Ce reportage a aussi donné la matière d'une pièce de théâtre,
Trifles (oui, comme le gâteau), traduite en français sous le titre [Broutilles].
Ici, c'est
John Wright qui a été assassiné dans son sommeil, alors qu'il dormait à côté de sa femme Minnie (non, les noms ne sont pas choisi au hasard…). Alors que le shériff et son équipe enquêtent, deux femmes rassemblent quelques affaires à apporter à la suspecte enfermée dans la prison du village, tout en furetant dans sa cuisine et sa maison.
Susan Glaspell ne fait pas dans la subtilité, il est facile de voir quel est son message, mais la façon dont elle le fait passer est délectable, comme autant de petites piques toutes mieux senties les unes que les autres pour montrer à quel point les hommes n'ont aucune idée de l'univers dans lequel vit la femme, même leur propre femme.
C'est une nouvelle qui ne laisse pas indifférent.e, on comprend peu à peu qui était Minnie Wright, comment elle vivait, quelles étaient peut-être ses rêves et ses aspirations. On comprend comment la société patriarcale et rurale du Midwest américain. Une nouvelle publiée en 1917, mais qui se lit très bien avec l'oeil d'aujourd'hui. Réjouissante, mais aussi lourde de colère rentrée, d'une colère qui n'est pas encore éteinte aujourd'hui.