Je poursuis mes tribulations avec les cadavres, Caramba, une main de macchabée ! Les pluies font remonter à la surface le crime des assassins dans ce pays ravagé par la violence et le sectarisme qu'est la Colombie. Un pays où ce qu'une minorité appelle « ordre » , n'est autre chose que la soumission des plus pauvres, où parler de justice et d'avenir bouché est suspect et où il vaut mieux se taire pour ne pas finir en machabée. Pays comptant le plus de foyers d'infections ouverts de façon simultanée : narcotrafiquants, guérilla, paramilitaires, mafias de l'émeraude , mafias d'exploitations minières illégales, contrebandiers de pierres précieuses , fonctionnaires corrompus qui volent l'Etat et une classe politique transformée en bacille propagateur de la maladie.
Gamboa est un excellent auteur. le suc de ses récits vient de tout petits détails tout simples, souvent insignifiants pour le cours de l'histoire , mais délicieux. le sexe, l'alcool , la violence, les médiums, les dédoublements de personnalité …..tout y est, parfaitement inséré, et je dirais élégamment , sans jamais tomber dans le vulgaire, le bancale. Dès les premières pages , alors qu'une soirée bat son plein chez les riches de Bogota, la jeunesse friquée et débridée qui s'y trouve tombe par hasard sur une main de machabée ….. on pourrait l'imaginer comme sujet d'un polar quelconque acheté dans un kiosque de gare, eh bien non nous sommes en présence d'une plume de haut niveau couplée d'humour et d'analyses socio-politiques d'un pays où la violence fait partie de sa culture , «La violence est culturelle et ne progresse pas, elle reste statique . Seules progressent les idées qui la nourrissent , c'est pourquoi le crime nous impressionne . Certaines choses paraissant inconcevables .Le temps ne coure pas toujours en avant. Pas pour tous, ni de la même manière »
A travers l'histoire de la violence qui sévit son pays, l'auteur croque avec humour tout une galerie de portraits d'hommes et de femmes . Les hommes machos interpellent leurs conjointes, « ma reine », « ma princesse ». Les femmes ont presque toutes des c….. donc ne se laissent pas faire, et les rôles sont interchangeables à tout moment, sans parler des personnages à multiples ressorts dont le
Colombian Psycho 😵💫, Marlon Jairo Mantilla, féminicide, narco, paramilitaire, psychopathe et victime, « un compatriote exemplaire », fruit vénéneux de l'environnement social profondément malade. Les manières de tuer utilisées sont pire que celles dans les abattoirs ; il parait qu'elles sont culturelles et tiennent à d'anciennes pratiques héritées, eh ben !
Gamboa après une entrée corsée en charcuteries, souvent aux détails scabreux limites qui passent super bien chez lui, nous sert son plat de résistance , une mise en abyme , autopsie d'un écrivain , que je vous laisse découvrir…. Et le livre devient encore plus passionnant ! Là aussi dommage que la quatrième de couverture soit trop bavarde…. « Ce qu'on écrit, si réel que ce soit, finit par se transformer en fiction. »,
Merci Bison, « j'ai besoin de boire un coup pour me nettoyer, le désinfecter l'esprit et revenir à la réalité . Ça te dit ? »
Santé 😁!
« …cette sensation permanente qu'en Colombie il pouvait arriver quelque chose d'invraisemblable, de définitif, d'irrévocable….Cette sensation de vivre au bord de l'abîme . »