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EAN : 9782743646387
280 pages
Payot et Rivages (06/03/2019)
3.84/5   105 notes
Résumé :
En 2058, le monde est entré dans l'ère de la transparence. Les données personnelles de chacun sont accessibles en ligne publiquement. Pour préserver leur intimité, certaines personnes choisissent un pseudonyme dans la vie réelle. Camille, 30 ans, se fait appeler Dany Rogne dans la réalité. Chris Karmer, un policier qui traque les opposants à Internet, est assassiné. Camille se pose des questions.
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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Nous sommes en 2058..Internet n'existe plus, remplacé par le « Réseau », qui a inauguré l'ère de la transparence de toutes les données, y compris les plus intimes.

Dans cette « nouvelle ère », le mot clé, mis à toutes les sauces, est la transparence qui sous couvert de bienveillance va ouvrir le feu à toutes les disgressions et trangressions .

Entre harcèlement en ligne, attentats « masculinistes » et réseaux sociaux devenus des escadrons de l'ombre, Benjamin Fogel développe une enquête policière à la fois dystopique et impressionnante, sous fond de rock et de recherche d'anonymat à tout prix .

Benjamin Fogel est le cofondateur et directeur des éditions Playlist Society où il publie des essais sur le cinéma et la musique, deux de ses passions.

On ignorait qu'il écrivait également des romans noirs, sa présence cette année à quais du Polar permet de nous le faire découvrir et c'est une belle découverte .

Dans ce roman mêlant anticipation sociale, thriller et roman psychologique, il pointe du doigt les dérives d'Internet et des nouvelles technologies et dépeint avec force et intelligence notre monde de demain, qui ressemble étrangement à celui d'aujourd'hui , avec le développement des réseaux et l'intelligence artificielle. A noter que dans son dernier roman le silence selon Manon », il met égaalement en garde ses lecteurs contre les effets néfastes du monde virtuel avec une intrigue situé ce coup ci dans un futur bien plus proche soit en 2025. Un fil conducteur dans une oeuvre assurément prometteuse et remarquable :
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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En 2058, le Réseau est omniprésent et régente la vie des citoyens. Aboutissement de l'Internet tel qu'on l'a commun à partir de l'émergence des réseaux sociaux, ce Réseau promeut et entretien la transparence. Chacun est fiché, sa vie accessible à tous par le biais des données qu'il transmet avec plus ou moins de bonne volonté, et noté. Vendue comme une manière d'entretenir la paix sociale, puisque les comportements déviants sont amenés à s'effacer grâce à elle, cette transparence presque totale n'est pas encore acceptée par tous. Il y a ceux, comme Camille Lavigne, qui vit dans la réalité sous le pseudonyme de Dyna Rogne, qui désirent conserver un certain anonymat au risque de devenir suspects au regard des autres. Ces « Nonymes » entretiennent le secret dans la vie réelle, celle où dorénavant on peut se dissimuler derrière un pseudonyme et même un masque. Camille entretient encore l'ambiguïté à travers bisexualité et apparence androgyne. Et il y a les plus radicaux, ces « Obscuranets » qui dénoncent la dictature de la transparence et luttent contre elle. Enfin, il y a Irina Loubovsky, mystérieuse essayiste et polémiste qui dénonce le Réseau en promouvant son oeuvre à travers lui et dont Camille Lavigne, sans l'avoir jamais rencontrée, est devenue une sorte d'assistant(e).
Des événements violents qui touchent son entourage, à commencer par son ami Chris Karmer, policier chargé de la traque des « Obscuranets », mais aussi une histoire d'amour vont amener Camille à pousser plus avant sa réflexion sur l'identité et sur la manière dont la transparence peut tordre la réalité.
Que devient-on quand on n'a plus rien à cacher ? À quoi peut ressembler un monde dans lequel, entièrement mis à nus, on ne peut plus jouer d'ambigüité, plus mentir, et dont la promotion de la totale transparence pousse à l'uniformisation ? Ce monde de 2058 - c'est la loi du genre lorsque l'on aborde un récit d'anticipation comme ce polar de Benjamin Fogel – ressemble beaucoup au notre et, en fin de compte, tous les systèmes de surveillance, d'évaluation et même les débats qui agitent les personnages selon le camp qu'ils ont choisi, existent aujourd'hui. C'est la manière dont l'auteur les fait tous entrer dans la même histoire, dont ils structurent le monde qu'il présente, qui les rend si visibles ici et écrasants. La Transparence selon Irina, apparaît dès lors comme une quête d'identité à un moment où celle-ci, en s'abandonnant à la transparence, finit par s'effacer derrière les données et à créer des humains façonnés dans un même moule, bien pratique pour s'assurer qu'ils ne se révolteront pas. Ce totalitarisme mou et sournois fait ici l'effet d'un rouleau compresseur et apparaît comme l'aboutissement d'un abandon progressif du politique qui tient autant à l'individualisme qu'à la peur du conflit. le Réseau, on le voit à travers la personnalité trouble d'Irina dont on ne sait plus très vite si elle le dénonce où le sert d'une manière détournée, est certes un lieu où le conflit existe, mais où il se limite à un harcèlement en meute et où l'on renonce à toute véritable confrontation d'idées.
Si l'on pourra sans doute regretter que Benjamin Fogel, parfois, semble hésiter à suivre le fil de l'intrigue policière ou la quête plus existentielle de Camille, il n'en demeure pas moins qu'il propose là un roman souvent vertigineux sur la déshumanisation progressive d'une société entièrement tournée vers la performance et son corollaire, le contrôle. Tout cela peut-il finir par éradiquer les sentiments ? Jusqu'où cette machinerie peut-elle arriver à fonctionner, à éviter les grains de sable susceptibles de la gripper ? Benjamin Fogel apporte plus de questions que de réponses et, en l'occurrence, c'est bien là ce qui est important.
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Deuxième livre reçu dans le cadre des Explorateurs du polar, ce roman noir d'anticipation est glaçant, tant par son réalisme que par sa possible proximité. A l'heure du succès grandissant des réseaux sociaux qui régissent notre quotidien, ce livre sonne souvent comme une mise en garde contre les dérives d'Internet et des nouvelles technologies.

Nous sommes en 2058 et les vies des citoyens sont régies par le Réseau, omniprésent dans leur quotidien. Les données personnelles de chacun sont désormais accessibles par tous en ligne. La transparence est devenue la norme. Pourtant, certains veulent mener une résistance contre cette toute-puissance, présentée comme une manière d'accéder à paix sociale.

C'est notamment le cas de Camille Lavigne, connue dans la réalité sous le pseudonyme de Dyna Rogne (devinez l'anagramme) et qui vit sous l'emprise d'Irina Loubowsky, une essayiste aussi intrigante que dérangeante et entourée de mystères dont la transparence est le thème de prédilection. En plus de ces « Nonymes » qui souhaitent maintenir une forme de secret entre vie réelle et vie virtuelle, un groupe de radicaux, les « Obscuranets », ont décidé de venir à bout de cette dictature de la transparence par n'importe quel moyen.

A la fois roman d'anticipation et roman noir, Benjamin Fogel y intronise une société où l'individualisme sera devenu la norme (déjà grandissant à l'heure actuelle) et où les relations sociales ont disparu pour une quête vers la performance. Centrés sur une relation assez « malsaine » entre Camille/Irina, les parallèles avec les réseaux sociaux sont évidents tout au long du récit (comment ne pas déplaire au plus grand nombre, afficher des photos parfaites pour faire envie les autres).

C'est souvent incisif par la volonté de l'auteur de nous confronter à nos peurs de la divulgation de nos secrets enfouis le plus profondément possible. Quand je vous disais que cela en est effrayant, c'est parce qu'on n'en est pas si loin dans notre société actuelle. En effet, nous nous exposons aux yeux du monde via nos profils Instagram, Facebook et tous les autres, oubliant souvent les risques encourus et le fait qu'Internet garde nos traces pour de nombreuses années, abandonnant tout anonymat possible.

Encore un tout grand merci au site lecteurs.com et aux éditions Rivages/Noir pour l'envoi de ce livre. Agréablement surprise, je ne peux que conseiller ce livre aux lecteurs qui aiment aller plus loin que la simple lecture d'une histoire, notamment en se questionnant sur eux-mêmes.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Imaginez un monde où existence réelle et existence virtuelle se confondraient, un monde où tout ce que vous faites, ce que vous pensez, les données inhérentes à votre santé, votre sexualité, votre alimentation, votre compte bancaire, votre casier judiciaire seraient publics… C'est ce que Benjamin Fogel imagine dans « La transparence selon Irina ». Nous sommes en 2058, Internet s'est effondré et a été remplacé par le « Réseau ». Lors de ce crash, de nouveaux modes de fonctionnement ont été mis en place. La transparence est l'un d'entre eux. La vie privée n'existe plus, l'anonymat est caduc. Chacun possède désormais un métadicateur, un indice qui valorise ou sanctionne votre comportement en société. Votre vie est désormais dirigée par le « Réseau » qui vous invite à rencontrer des gens pouvant vous correspondre, vous encourage à poster en ligne vos activités, vos opinions politiques, vos avis divers et variés sur tout et n'importe quoi. Vous vivez dans un logement connecté et optimisé (10 m2), vous touchez un revenu universel (égalité salariale globale), vous n'avez plus de collègues puisque vous télétravaillez.

Comme dans toute société recalibrée, le système mis en place rencontre des résistances. Quelques individus refusent de se plier à ces nouvelles normes et luttent pour préserver une frontière entre IRL (in real life) et IVL (in virtual life). Ces Nonymes (anonymes) veulent disparaître des radars et protéger leur vie privée. Pour cela, ils utilisent des pseudonymes dans la vraie vie. A contrario, les Rienacalistes (rien à cacher), « royalistes de la transparence » bataillent pour interdire l'anonymat et standardiser IRL et IVL. Une autre catégorie officie sur ce gigantesque jeu d'échecs, les Vifistes, personnes qui croient dur comme fer à leur vie virtuelle et sont très soucieux d'exister sur le Réseau (toute ressemblance avec des personnes existantes serait purement fortuite…). C'est dans ce monde « idyllique » que navigue Camille Lavigne, une nonyme qui utilise un pseudo sur le Réseau. Chaque jour, elle débat en ligne avec Irina Loubovsky, encyclopédie vivante qui exprime ses opinions, rédige des essais et commente chaque post. Cette société lisse, même si basée sur la surveillance, a aussi créé des Obscuranets, « organisation qui s'oppose au Réseau et à la prolifération du monde virtuel ». Ces cyberterroristes ont le dessein de libérer le peuple de ce contrôle et entrent progressivement dans « La transparence selon Irina » pour organiser des actions musclées qui viennent faire tanguer une tranquillité toute relative.

Benjamin Fogel prend son temps dans ce premier opus d'une trilogie pour installer cette société futuriste, ses règles, son fonctionnement et ses personnages. Camille Lavigne et Irina en sont les points d'orgue. Il développe petit à petit la nature d'Irina qui a fait du Réseau sa force de frappe. Elle a un avis sur tout et n'hésite pas à le faire savoir. Brillante, polémique, elle dézingue à loisir des argumentations parfois très construites. Elle bénéficie d'une influence conséquente, prend un plaisir fou à détruire les réputations, et utilise même le Réseau pour se venger. Elle inspire la peur autant que l'admiration et à ce titre engendre des émules qui voudraient bien être aussi « populaires » et intelligentes qu'elle. Comme Camille par exemple. Pourtant, personne ne sait réellement qui elle est vraiment, quels sont ses buts ou ses aspirations. Énigmatique, elle demeure… jusqu'à penser qu'elle fait peut-être partie des Obscuranets… Une autre petite dissonance dans le merveilleux monde de « La transparence selon Irina »…

Ce ne sera pas la seule, mais cela, je vous laisse le découvrir. La tension monte crescendo dans la douce transparence où tout le monde ne semble pas être du même avis sur les objectifs futurs. L'écrivain ne s'interdit rien, ni d'utiliser les codes du thriller, ni de toucher au roman noir, encore moins de faire appel à nos capacités de raisonnement philosophique (si toutefois il nous en reste…) Les personnages prennent de l'épaisseur, les problématiques se densifient, les rébellions s'amplifient et les secrets révélés au compte-gouttes pulvérisent la notion même d'ennui. Il est impossible de placer Benjamin Fogel dans un genre littéraire, il papillonne allègrement dans les diverses cases où l'on voudrait le ranger.

Voilà pour l'univers de « La transparence selon Irina » qui vous donnera peut-être envie de découvrir ce premier tome… Place aux thématiques abordées ! On se demande bien pourquoi Benjamin Fogel a choisi un tel sujet : la vie virtuelle qui supplante la vie réelle … le besoin de s'afficher, la nécessité d'exister sur les réseaux, l'obligation de créer du buzz pour briller. Laissez-moi réfléchir… peut-être parce que cela existe déjà ? Sagace observateur de notre époque, il fait simplement le constat de la direction prise par notre société en poussant un peu les curseurs. Interrogeons-nous deux secondes sur ce que nous faisons actuellement sur les réseaux et prenons un exemple au hasard : le monde du livre et de sa promotion. (coïncidence totale !) Si vous suivez des chroniqueurs, des « influenceurs » et autres nouveaux métiers en -eurs, vous avez certainement remarqué comme il est de bon ton de créer des polémiques pour faire le buzz et de dézinguer des romans pour tirer la couverture à soi. En matière de chroniques littéraires, mieux vaut désormais une belle photo, si possible avec l'auteur et son bouquin, dix lignes de résumé, cinq d'un « avis » truffé de fautes. Mais attention, la police du Bescherelle ou d'Instagram veille pour vous renvoyer dans vos buts. Quatre cent cinquante-six messages d'opinions diverses et variées sur « un chroniqueur littéraire doit-il maîtriser la grammaire et l'orthographe ? » On a oublié le roman, mais on a créé le buzz. Opération réussie. Comment briller en société, niveau 1 atteint !

Autre thématique abordée brillamment dans « La transparence selon Irina » : la notion de vie privée qui perd du terrain. Certains auteurs se sont déjà frottés à l'exercice de démontrer à quel point cette exposition permanente de « Ma vie, mon oeuvre » attaque notre intimité, et à terme notre santé mentale à cause de tous les commentaires auxquels nous devons faire face. En 2024, on montre déjà ses enfants, son conjoint, les plats que l'on mange, les endroits que l'on visite, les vacances. On navigue entre Instagram, ex-Twitter, Tik Tok, les sites de news, les groupes What's app. Nous passons notre temps à donner des informations confidentielles sans même nous en rendre compte… Sauf que… les vampires des réseaux, fouineurs pathologiques, eux les collectent et viennent lentement s'immiscer dans nos vies pour pouvoir mieux les contrôler et les diriger. Il y a de quoi s'interroger sur notre capacité d'analyse (s'il en reste !).

Une petite dernière pour la route afin d'exciter vos papilles : la notation. Comme expliqué plus haut, chaque individu bénéficie d'un métadicateur censé révéler si vous êtes ou non un bon citoyen. La note comprend à la fois ce que vous faites sur le réseau, et l'ensemble des différentes notations que les autres usagés vous ont données. Ainsi, si nous analysons notre société actuelle, nous notons déjà notre Uber, le restaurant dans lequel nous avons mangé, le service client dans différents magasins (où nous répondons à des « enquêtes qualités » sans imaginer les répercussions qu'elles auront sur les salariés en question), où nous nous armons de notre plus belle plume pour écrire des commentaires sur Google, chaque fois que nous sommes insatisfaits, force est de constater qu'il n'y a qu'un pas entre noter et être noté. Dans « La transparence selon Irina », il existe un système de débit et un crédit comportemental, social, intellectuel qui se rapproche très dangereusement de nous…

Alors, Benjamin Fogel est-il manichéen ? Paranoïaque ? Boomer ? (je vous arrête tout de suite, il est né en 1981, va falloir trouver un autre argument !) ou visionnaire ? le moins que je puisse dire, c'est qu'il est créatif, ingénieux, et que son imagination est sacrément fertile ! J'ai une admiration sans bornes pour les auteurs qui créent un univers de toutes pièces, en inventant une terminologie qui leur est propre, des problématiques puisées dans notre monde actuel pour mieux les dilater. Cela change de ces romans où l'on se regarde le nombril, écrits par des auteurs germanopratins qui nous barbent avec leurs problèmes existentiels et font preuve de zéro imagination.

Riche en rebondissements, en réflexions sociales et politiques, de liens entre aujourd'hui et demain, et d'émotions, « La transparence selon Irina » est unroman noir d'anticipation romanesque et intelligent qui donne sacrément envie de lire les deux suivants « Le silence selon Manon » et « L'absence selon Camille ». Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce premier tome tant il est dense et foisonnant, mais je risque de perdre quelques points de mon métadicateur pour cause de chronique trop longue… Je vous laisse prendre l'initiative de vous ruer chez votre libraire.
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Cela faisait un petit bout de temps que j'avais classé ce livre dans mon "pense-bête", ayant lu ici ou là quelques critiques. Et le résumé en quatrième de couverture m'alléchait également au plus haut point.

Une société où le virtuel l'emporte sur le réel, ça vous parle, non? D'aucun pourrait avancer que nous y sommes presque, voire déjà. Benjamin Fogel n'a en réalité poussé le bouchon qu'un peu plus loin qu'il ne l'est déjà.
Nous nous trouvons dans un futur proche, sans date précise ou déterminée. Les humains sont devenus tributaires des intelligences artificielles, ces dernières les guidant et leur permettant d'accèder à un certain type de classe ou de confort selon la note que l'on parvient à avoir sur le grand réseau internet (cela m'a clairement rappelé le synopsis d'un épisode de la série Black Mirror). Si on souhaite faire un parallèle avec Babelio, c'est comme si les livres ayant une note globale entre quatre et cinq pemettaient d'avoir beaucoup plus de visibilité qu'un autre ayant une note moyenne comprise entre 2,5 et 3,5. Dans cet univers, contrairement à aujourd'hui, c'est dans la vraie vie qu'on peut décider de recourir au pseudonyme car, virtuellement, pas le choix, on "vit" sous son vrai patronyme. Mais quand on disparaît dans la vraie vie, qu'est-ce qui devient alors le plus important?

J'ai passé un agréable moment de lecture avec ce roman même si je suis restée sur ma faim. Si j'ai adoré l'idée de départ, j'ai trouvé qu'elle n'était finalement pas aboutie - en tout cas pas comme je l'attendais. J'ai trouvé le mélange dystopie - thriller - policier quelque peu brouillon et mon intérêt fluctuait au fur et à mesure des pages. J'ai dû, à plusieurs reprises, relire des passages, n'étant pas certaine d'avoir réellement saisi le propos de l'auteur. Je dois avouer, au final, plus d'un mois après ma lecture, qu'il ne m'en reste pas grand chose. Certes, je ne l'oublierai pas de sitôt car je ne lirai certainement pas deux fois la même histoire, l'intrigue demeurant originale. Mais je ne pense pas non plus que ce roman saura se rappeler à moi à l'occasion de mes futures lectures comme certains livres savent tellement bien le faire.

En résumé, une lecture divertissante et plaisante sans pour autant être indispensable dans le genre.

Lu en février 2021

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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Je sens mon mobile vibrer dans ma poche. Les notifications affluent. Irina cherche à me noyer sous les messages. Je choisis de l’ignorer. Je dois décompresser, m’extraire du flux de nos conversations. Elle m’en voudra demain, mais j’ai besoin d’une pause.
Maxime et moi venons de pénétrer dans le sous-sol du Parallax, une boîte de nuit que je fréquente occasionnellement pour m’éloigner du Réseau et me vider la tête. Tout est fait pour empêcher les clients de s’observer. Il est impossible de reconnaître quelqu’un à moins d’un mètre. La faible luminosité et la fumée produite par de larges générateurs encastrés dans le plafond rendent les perceptions incertaines. Je danse sans crainte, avec juste ce qu’il faut comme repères pour ne pas entrer en collision avec les autres corps. Maxime ne me quitte pas des yeux ; il sait qu’il ne me retrouverait jamais si je disparaissais dans la foule. C’est la première fois qu’il met les pieds dans un club de ce genre. Les gens comme lui n’ont en théorie rien à y faire, il m’a fallu des mois pour le convaincre de m’y accompagner. Le résultat n’est pas probant. Je voulais qu’il découvre mon monde et la liberté que procure l’anonymat. Mais la proximité d’inconnus qu’on ne peut relier à leur identité sur le Réseau l’angoisse. Je ne lui en veux pas. Je ne m’attendais pas à une épiphanie. Je fais partie des exceptions au sein de la génération, la majorité qui est née après 2027 ayant embrassé la transparence comme une valeur constitutive du bon fonctionnement de nos sociétés.
Je ne sais pas comment font les rienacas – ceux qui n’ont rien à cacher – pour accepter que l’on sache tout d’eux, tout le temps. Quand Maxime rencontre une fille à une soirée, il se présente sous son vrai nom, lui ouvrant ainsi les portes sur ses qualités et ses défauts, mais aussi sur toutes les informations collectées sur lui au fil des ans – de ses revenus financiers à son dossier médical, de ses opinions politiques à sa consommation énergétique. Il trouverait malsain d’agir autrement. Si la fille lui offre également son sésame patronymique, ils sauront tout l’un de l’autre avant même d’avoir fait connaissance.
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Extrait du droit à la vie privée ( samuel d.warren et louis d.brandeis).
Le commérage n'est plus réservé aux désoeuvrés et aux vicieux, c'est devenu une industrie effrontément exercée. Pour satisfaire un appétit lascif, les détails des relations sexuelles s'étalent dans les colonnes des quotidiens. Pour distraire l'oisif,de vains ragots qui ne peuvent reposer que sur l'intrusion dans l'intimité sont colportés à longueur de colonnes. L'intensité et la complexité de la vie, liées au progrès de la civilisation, ont rendu indispensable un certain retrait du monde et l'homme, raffiné par la culture, est devenu plus sensible à la publicité de sorte qu'il est maintenant essentiel pour l'individu de pouvoir s'isoler et d'avoir une vie privée; cependant l'activité et l'inventivité modernes, en s'immiscant dans sa vie privée,lui ont infligé une souffrance et une détresse morales beaucoup plus grandes que n'aurait pu le faire la blessure physique à elle seule... Même le commérage apparemment innocent, lorsqu'il est largement et constamment répandu, est potentiellement maléfique. Il avilit et pervertit. Il avilit en inversant l'importance des choses, réduisant par là les pensées et les aspirations d'un peuple. Quand le commérage entre les personnes se hisse à la dignité de l'imprimé et occupe l'espace ouvert aux sujets d'intérêt réel pour la communauté, comment s'étonner que l'ignorant et le non critique se méprennent sur la relativité de son importance. D'un accès facile et présentant un attrait pour le côté faible de la nature humaine que n'abattent jamais totalement les malheurs et les fragilités du prochain, il n'est pas étonnant qu'il capte à son profit l'attention de cerveaux aptes à autre chose. La trivialité détruit sur le champ la vigueur de la pensée et la délicatesse des sentiments. Nul enthousiasme ne peut s'épanouir , aucun instinct généreux ne peut survivre sous sa force d'aveuglement.
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Pour les riencacalistes, ceux qui comme moi ne jouent pas le jeu de la transparence constituent le dernier rempart à abattre avant que la société n’entre dans l’ère de la bienveillance. Ils veulent ouvrir les vannes. Que l’humanité soit non seulement fichée, mais que n’importe qui en extraire les regroupements souhaités. Que la liste exhaustive des employés d’une entreprise, des habitants d’un quartier, ou de n’importe quelle cible relative à une recherche multicritères soit disponible d’un clic. Ils veulent faire sortir du bois les planqués, que le système de notation soit au cœur de toute chose. Que nous subissions sans répit le jugement d’autrui.
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J’attrape la main de Maxime et le tire vers la sortie. C’était stupide de l’emmener. Il n’est que 22 h 30. Je ne veux pas me résigner à rentrer. « Le son est trop fort, lui dis-je. On ne s’entend pas, je préfère qu’on aille boire un verre au calme. » On atterrit au Winchester, un ancien bar du quartier, dépossédé de sa clientèle d’antan. Les gens sont comme moi : fréquenter le monde réel leur coûte. Ils préfèrent rester chez eux en famille, traîner sur le Réseau pour faire monter leur métadicateur, qui permet de classer la population mondiale selon des critères rationalisés et éprouvés, en espérant se rapprocher le plus possible de 5, la note maximale. On a beau s’éloigner les uns des autres, nous n’avons jamais été si proches de l’éradication de la solitude : soit les gens sont en couple et profitent de l’être aimé, soit ils font monter leur niveau pour accroître leur désirabilité, attendant que le Réseau identifie pour eux des âmes sœurs potentielles. On ne peut qu’être heureux ou en route vers le bonheur.
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Il accusait le gouvernement français de nous avoir trahis, tout en sachant qu’il n’y avait personne à blâmer. Internet était devenu une zone de non-droit où les conditions générales d’utilisation de Google, Apple, Amazon et autres sociétés privées jouaient le rôle de nouvelles Déclarations des droits de l’homme. Quand les États se sont réunis pour reprendre le contrôle des données et ficher l’intégralité de la population mondiale, il y a eu des débats, des pour et des contre, mais aucune réelle opposition. La rupture n’a pas été brutale. Le monde a changé par étapes ; en bien selon certains, en mal selon d’autres.
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Videos de Benjamin Fogel (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Benjamin Fogel
A l'occasion du Quai du Polar 2021, Benjamin Fogel vous présente son ouvrage "Le silence selon Manon" aux éditions Rivages.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2505120/benjamin-fogel-le-silence-selon-manon
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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