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Marina Heide (Traducteur)Françoise Heide (Traducteur)
EAN : 9782351783092
416 pages
Gallmeister (02/05/2024)
4.1/5   5 notes
Résumé :
1985, Filip est au lycée et rêve de devenir artiste. Il vit avec sa famille excentrique et son grand-père Arnstein, dit «le Vieux». De l’autre côté de la clôture habite Truls, le jeune frère d’Arnstein. Mais les deux hommes ne se parlent plus depuis une éternité. A l’approche de la mort, «le Vieux» décide de raconter à Filip son enfance : la Grande Guerre n’est pas loin et leur père veut endurcir ses fils. Chaque été, il va les envoyer dans la forêt d’Oslo, équipés ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« Les princes de l'étang aux Finnois » est une ode à la nature où les paysages défilent sous vos yeux semblable à un long métrage dont les plans soignés vous plongent dans une intense rêverie. Son auteur, Lars Elling dont c'est le premier roman, est également artiste peintre. Pas de hasard de retrouver dans ses mots des descriptions poétiques de la nature et des êtres vivants qui la peuplent. La langue est magnifique, les scènes de « nature writing » d'une remarquable précision et d'une formidable intensité. Tout est fait pour que le lecteur plonge dans ce récit avec la certitude de vivre un moment hors du temps, dans un autre espace où les personnages et les lieux vont prendre possession de lui.

Nous sommes en 1985, Filip vit près d'un pommier qui marque une séparation nette entre deux maisons. La sienne, où il vit avec son père surnommé Chef, sa mère, sa soeur et son grand-père Arnstein, dit le Vieux. de l'autre côté du pommier, habite Truls, le petit frère du Vieux et sa femme. Ces deux frères ne se parlent plus depuis de nombreuses années bien qu'enfants, ils aient partagé une tendre complicité et des liens indéfectibles. Arnstein, souffre des poumons et n'en finit pas de mourir… Au gré de ses aller-retour à l'hôpital et de ses étouffements intempestifs, et parce que la mort rôde sans cesse près de lui, il bénéficie des visites régulières de Filip. Une connivence naît progressivement entre eux, qui va amener Arnstein à se confier à lui et lui raconter ses jeunes années passées avec Truls, sous l'égide d'un père à l'éducation sévère, surnommé le Kaiser qui n'aura de cesse que d'endurcir ses petits garçons à l'aube de la Grande Guerre qui pointe son nez. le récit bascule alors en 1914, à Nordmarka. Les deux frères ont 9 et 13 ans et vont devoir apprendre à se débrouiller seuls en pleine nature. « Les princes de l'étang aux Finnois » joue sur ces deux temporalités tout en mettant en lumière les relations père- fils, celle d'Arnstein et de Truls avec le Kaiser, mais aussi celle de Filip avec le Chef et le Vieux.

Jadis, la demeure où vit Filip était une seule et même entité. Au moment du partage des terres, un pommier Starholm a délimité deux habitations distinctes : le 8A et le 8B. Autour de lui se joue une guerre des pommes qui donne le ton et envoie des messages subliminaux à coup de pelletées de fruits pourris envoyés d'un côté ou de l'autre. Les femmes qui alimentent ce petit jeu suivent les directives de leurs hommes respectifs, car dans ces deux familles, elles n'ont que peu de place et assez peu d'importance. La « Maison » est un lieu où les hommes font la loi et chacun se plie à leurs desiderata. Dans le passé ou dans le présent, les hommes de la famille gèrent l'éducation des enfants et principalement celle des fils. La figure paternelle est omnisciente, il ne viendrait à l'esprit de personne de contredire le moindre mot. L'alternance dans le temps des perspectives narratives oblige le lecteur à une certaine concentration, car les passages dans le passé (l'enfance d'Arnstein et de Truls) sont insérés dans le présent (la vie quotidienne de Filip). Mais « Les princes de l'étang aux Finnois » concerne avant tout les aventures des deux frères en 1914 et la révélation du secret de leur brouille dans le présent.

Dans ces temps révolus, le lecteur navigue entre « Et au milieu coule une rivière » et les romans de Marc Twain, entre Tom Saywer et Huckleberry Finn. On se croirait vraiment dans les grands espaces américains, mais nous sommes bien en Norvège. Grâce aux confidences du Vieux, Arnstein et Truls retrouvent leur jeunesse. le lecteur assiste alors à leurs échappées belles : de grandes ballades dans la nature, des baignades dans le lac, leurs innombrables pêches à la mouche, l'observation des lucioles et autres insectes qui peuplent les lieux. Jusqu'à ce fameux été où leur père, le Kaiser les envoie en « stage de survie » seuls, en pleine forêt d'Oslo avec pour seuls bagages, sac de couchage, cannes à pêche et couteau. C'est pour « Les princes de l'étang aux Finnois » l'occasion de renforcer encore leurs liens. Les lieux sont enchanteurs, la narration exquise, la vie aventureuse conditionne les deux garçons à devenir des hommes.

Parallèlement, pendant que le Vieux raconte ces temps-là, une relation singulière naît entre lui et Filip. Ils partagent un moment hors du temps, apprennent à se connaître et à s'apprécier, et s'ouvrent progressivement l'un à l'autre. Fort des descriptions précises du grand-père et des détails qu'il donne, Filip qui veut devenir peintre, fixe des images dans son esprit, les emmagasine et essaie de les retranscrire sur du papier. Les confidences aident à faire émerger la créativité du jeune garçon, son esprit foisonne de scènes et de lieux, le processus créatif se met en marche. En sus, lentement, les secrets familiaux se dévoilent ainsi que les origines de la brouille, ce qui donne au lecteur un point d'ancrage dans la réalité.

« Les princes de l'étang aux Finnois » est un véritable voyage littéraire et pictural, une immersion profonde dans un univers où la nature est aussi le personnage principal, et où les paysages, les saisons et les éléments naturels sont décrits avec un vrai talent. Je me suis sentie privilégiée d'entrer dans ces mondes enchantés qui m'ont offert une évasion bienvenue et précieuse. Se perdre dans ces lieux sauvages et intacts ont généré une véritable source de détente et de calme. Lars Elling place le lecteur dans ce décor fourmillant de vie pour être le témoin privilégié de relations humaines qui se tissent. Les expériences de vie et les souvenirs d'enfance de Arnstein et Truls renforcent la connexion émotionnelle du lecteur avec eux. La naissance de la relation entre Filip et son grand-père, la transmission de l'histoire familiale à la génération suivante nous connecte à leurs racines communes, comme ce pommier situé au coeur de deux terrains distincts qui n'en sont finalement qu'un seul. Et au milieu de cette banque d'images et de mots, l'art prend toute sa place, qu'il soit pictural ou scriptural. Et si « Les princes de l'étang aux Finnois » n'était finalement qu'une mise en abîme de l'art dans sa globalité ?

Un moment de grâce…

Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Filip vit avec ses parents et ses grands-parents dans une maison près d'Oslo. de l'autre côté du grillage,vit son grand-oncle et sa femme. Les deux frères ne se parlent plus depuis des années sans que leurs descendants en connaissent la raison. Filip rêve d'être artiste et est passionné par la nature. Son grand-père qui a une connaissance encyclopédique de la nature raconte à son petit-fils son enfance durant laquelle il passait beaucoup de temps à pêcher, chasser et cueillir des champignons avec son frère et son père. Il raconte les évènements de l'été 1914 qui a été dramatique pour l'Europe mais également pour la famille. Un beau roman où la nature norvégienne est magnifiquement décrite.
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Filip est lycéen, et vit dans une famille un peu excentrique, auprès de sa soeur, son père surnommé le Chef, sa mère au comportement d'oiseau, son grand-père Arnstein qu'il surnomme le Vieux : ce grand-père aux poumons malades qui n'en finit pas de mourir a quelque chose d'un peu effrayant.
Dans la maison voisine vit le grand-oncle de Filip, Truls. Les deux frères, Truls et Arnstein, ne se parlent plus depuis des années. Filip se demande bien pourquoi. Or justement, le Chef demande à Filip de passer un peu de temps auprès de son grand-père. le jeune garçon se met à rendre visite au vieil homme quotidiennement, avec de plus en plus d'enthousiasme ; lors de ces visites Arnstein partage avec son petit-fils ses souvenirs d'enfance : son père, le Kaiser (tiens-donc !) voulant endurcir ses fils alors que la guerre de 14 approche, les envoie passer l'été munis d'un sac de couchage, d'une canne à pêche et d'un couteau au bord d'un étang. Les deux frères sont alors âgés de 9 et 13 ans et malgré le froid et la faim, vivent des moments joyeux en totale liberté, apprenant à se débrouiller dans la nature comme de vrais Robinson. Mais c'est aussi un été où tout bascule, marqué par un drame familial... Je reste sous le charme de ce roman enchanteur d'une finesse exceptionnelle. Rien n'y est laissé au hasard, tout est lié et fait sens, à commencer par le prologue qui évoque le cycle de vie des éphémères, petit insecte dont l'importance sera capitale. Les résonances entre passé et présent sont évoquées au fil du roman, l'air de rien, il faut chercher les signes. La drôle de démarche de Filip qui ressemble étrangement à celle de Totem, le surnom des pères, le Chef ou le Kaiser...
J'ai beaucoup aimé la description des liens qui se tissent entre petit-fils et grand-père : une belle relation qui permettra à l'un de s'épanouir et à l'autre de partir en paix.
L'écriture poétique rend hommage à la nature, surtout dans les passages où les deux petits princes s'y épanouissent. le Lac au nom caviardé est un personnage à part entière, c'est lui qui ouvre et clôt le roman.
Ce fut une très belle découverte ; je ne manquerai pas de suivre l'oeuvre de Lars Elling.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Un nuage passe devant le soleil, et c'est comme si un feu de plein air s'éteignait. Il a soudain la chair de poule, il sent ses poils gris germer à travers les mailles de son tricot de corps.
L'air est humide. L'hiver a perdu la partie, mais hésite encore longuement à retirer ses doigts de glace de la terre.
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Le Vieux est constamment transi. Le froid d'il y a quarante ans, sur les chantiers, lui est rentré dans la moelle, et son corps n'a jamais plus réussi à dégeler à cœur. Son squelette est de glace. Si la chaleur le pénétrait, il fondrait et s'écroulerait.
Quand la température de la pièce grimpe au-dessus de vingt-deux degrés, la toux commence. Mais s'il fait moins de vingt-deux, c'est la sensation de froid. Les poumons veulent de la fraîcheur, les os de la chaleur, c'est le pro-blème. Le poêle de fonte rougeoie.
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Certains ont apprécié qu'on n'y voie pas constamment défiler du monde. Ils ont veillé à ne pas ouvrir de sentier par leurs piétinements, s'appliquant à aborder l'endroit par un chemin différent à chaque visite. Les générations qui y ont pêché l'ont ménagé comme un trésor rare, toute indiscrétion donnait lieu à une sévère réprimande. Il n'y a pas grand-chose à voir, une vague mare qui ne paie pas de mine, cernée de broussailles et de marécages que même les étés les plus chauds ne dessèchent jamais. Il n'y a pas d'autres pièces d'eau poissonneuses à proximité, ni de marais où foisonneraient les délicieuses baies arctiques, ni de coins à champi-gnons, ni d'emplacements ensoleillés appelant un feu de camp. Aucun sentier aisément praticable ne passe par là.
Les bois alentour ne comptent que les sapins de la forêt ori-ginelle, rendus souffreteux par l'excès d'humidité: des arbres rabougris, informes, perpétuellement pourrissants et étouffés par les lichens.
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Je me réveille toujours entre deux langages. Et je suis obligé de choisir. Choisir entre des montages d'images échevelées, soumis à la logique de la nuit, et les mots, qui me placent impitoyablement en sécurité dans le lit où je grandis, au point qu'il devient trop petit pour moi, dans ma chambre d'adolescent, au 8A de la rue Kvartsveien.
Je n'ai pas envie de choisir. Je voudrais planer dans un troisième état. Ne me lier ni aux mots ni aux images, mais flotter entre les deux.(…) De ne pas passer par le stade des mots, où tant de choses sont négociées d'avance, mais de partir directement de la source (à condition qu'elle existe)?
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Je suis peut-être une espèce de boulimique. Je voudrais vomir mes pensées. Je m'empêtre dans les problèmes du monde, et ensuite, je voudrais m'enfoncer les doigts dans le cerveau jusqu'à faire remonter ce qu'il y a dedans et tout rendre.
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