Avec sa politique de suivi des auteurs et de valorisation de la parole féminine, je regarde toujours d'un oeil curieux les licences d'Akata. Je dois dire qu'ici, bien que la série s'annonce fort courte, j'ai été ravie de retrouver
Hiromi Ebira dans une histoire à décor historique sur fond de racisme assez réussie.
Hiromi Ebira nous l'avions découverte en 2019 avec le oneshot
Sous la lune de Taisho qui avait été un coup de coeur pour moi grâce à ce quelque chose d'à part qu'il dégageait. J'y avais retrouvé le plaisir de lire un bon drame romantique dans une ambiance historique à l'ancienne. Les dessins de la mangaka y étaient sublimes et les thèmes abordés m'avaient parlé. Je suis donc ravie de la retrouver à nouveau même si je regrette que ce soit sur un titre aussi court car je sens qu'elle a bien plus à raconter.
Avec un trait très proche de celui de
Saki Hiwatari (Please save my earth) à une certaine époque et une ambiance qui m'a rappelé la collection d'Akata, à l'époque de Delcourt, où ils publiaient des récits historiques d'inspiration chinoise sous la plume de
Natsuki Sumeragi (
La voix des fleurs,
Romance d'outre tombe…), elle nous propose un magnifique récit, assez rude, qui nous plonge dans un cour impériale d'inspiration chinoise où la différence est bien mal vue. La jeune Sarannah y entre comme concubine secondaire, car venant d'un peuple ostracisé, mais se fait remarquer pour le futur empereur, lui-même, mis à l'écart à cause d'un handicap physique. Alors quand des morts se produisent autour d'elle, tous les regards se tournent vers elle.
Même si c'est assez rapide, l'autrice nous plonge habilement dans le décor de cette cour impériale où selon le peuple d'origine de la concubine celle-ci se voit attribuer un certain rang, une certaine place, un cour où les rivalités sont partout, mais aussi où on n'est pas là parce qu'on le veut. Elle montre combien ces femmes sont avant tout des trophées, pour leur famille, pour leur peuple opprimé. C'est glaçant derrière ces beaux atours et ces belles coiffures. Pour autant, elles ne s'en laissent pas compter et nous avons des femmes qui ont décidé d'utiliser leurs atouts ou du moins de se battre pour ce qu'elles désirent.
C'était classique mais j'ai trouvé touchant le rapprochement entre Sarannah et le prince, futur Empereur, autour de leur différence, l'une : son peuple, l'autre : un pied avec une malformation. On voit combien un handicap peut être source d'exclusion, de railleries et plus. Mais ce sont deux beaux personnages qui n'en restent pas là et luttent pour obtenir ce qu'ils souhaitent. Nous avons ainsi une belle dynamique positive pour lutter contre le complot qui se met en place et nous occupe la moitié du tome.
Confidence sur l'oreiller, chasse de tous les dangers, empoisonnements imprévisibles vont ainsi nous occuper. J'ai juste trouvé regrettable que le tome semble se scinder en deux, avec une première partie dynamique et attrayante où les questions des différences et des complots politique animaient bien la lecture, tandis que la seconde partie m'a plus fait lever les yeux au ciel avec sa plongée dans les coulisses d'une maison close qui étaient très édulcorée et caricaturale à la fois, sans réel personnage fort pour nous conduire. Je n'ai pas aimé cette partie malgré son lien, qu'on découvre tardivement, avec le reste. Je suis restée sur ma faim. Heureusement, il reste un tome pour explorer le lien des deux héros et voir quelle politique ils vont conduire.
Si vous êtes d'anciens amateurs comme moi des titres de
Natsuki Sumeragi, vous serez ravie de retrouver un peu ici leur ambiance dans cette histoire de complot à la cour impériale avec un Prince et une Concubine que leur différence rapproche. C'est un peu rapide, un peu facile et prévisible, mais il y a une jolie aura, de beaux messages et un coup de crayon fin et poétique comme j'aime. J'espère que ça donnera l'idée à l'éditeur de se pencher sur d'autres titres historiques peut-être un peu plus long pour mieux développer leur cadre et propos.
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